Le Devoir

Trump veut que l’ALENA disparaiss­e rapidement

- AGENCE FRANCE-PRESSE À WASHINGTON

Le président des États-Unis, Donald Trump, a annoncé son intention de faire savoir au Congrès qu’il envisageai­t d’abroger l’Accord de libre-échange nord-américain (ALENA) dans le but de faire pression sur les législateu­rs pour qu’ils approuvent la nouvelle entente entre les États-Unis, le Canada et le Mexique.

M. Trump, le premier ministre Justin Trudeau et l’ancien président mexicain Enrique Peña Nieto ont signé le nouvel accord entre les trois pays au début des réunions du G20, vendredi en Argentine.

M. Trump était à bord d’Air Force One, de retour de Buenos Aires, lorsqu’il a déclaré qu’il mettrait fin à l’ALENA, ce qui donnerait six mois aux membres du Congrès américain pour approuver l’Accord Canada–États-Unis–Mexique (ACEUM).

Changement­s dans l’ACEUM

Une première analyse du libellé définitif du nouvel accord de libre-échange signé vendredi par le Canada permet de découvrir deux changement­s par rapport au texte initial : le premier pourrait être avantageux pour le secteur automobile ; le second pourrait causer des problèmes en regard du droit du travail.

Le Canada a signé avec les États-Unis une lettre d’accompagne­ment sur le secteur automobile. En vertu de cet accord, le Canada pourra exporter sur une base annuelle jusqu’à 2,6 millions de véhicules pour le transport de personnes sans être assujetti aux droits douaniers imposés par les États-Unis. Cette limite se situe bien au-dessus du plafond de 1,8 million de véhicules qui existait jusqu’à maintenant. Toutefois, on ne prévoit pas que le pays puisse atteindre ce quota d’ici au moins 10 ans, puisque la production canadienne est en déclin, tout comme la demande des consommate­urs.

Véhicules et pièces automobile­s. Orientatio­n sexuelle, identité des genres et droits des travailleu­rs.

Dans une version initiale, les trois pays s’engageaien­t à mettre en oeuvre des politiques afin de protéger les travailleu­rs contre la discrimina­tion en matière d’emploi fondée sur le sexe, y compris en ce qui concerne le harcèlemen­t sexuel, la grossesse, l’orientatio­n sexuelle, l’identité de genre. La note d’informatio­n sommaire parlait même de « nouvelle obligation contraigna­nte et exécutoire ».

Le texte final en atténue un peu la portée selon divers analystes. La mention «que [chaque pays] considère appropriée­s » a été ajoutée. Une note de bas de page reconnaît aussi que « les politiques existantes des agences fédérales des États-Unis concernant l’embauche de travailleu­rs fédéraux sont suffisante­s afin de remplir les obligation­s prévues au présent article ». Celui-ci « ne requiert par conséquent aucune action additionne­lle de la part des États-Unis ».

Un texte toujours controvers­é

Un certain nombre de démocrates au Congrès ont indiqué qu’ils avaient des problèmes avec l’ACEUM dans sa forme actuelle et affirmé qu’il faudrait des mécanismes d’applicatio­n plus stricts pour les nouvelles règles du travail et des mesures de protection de l’environnem­ent afin de gagner leur soutien.

Certains républicai­ns y voient aussi des problèmes : le sénateur de Floride, Marco Rubio, soutient que cet accord procure aux producteur­s agri- coles mexicains un avantage injuste qui pourrait mettre les entreprise­s saisonnièr­es en faillite.

Des experts du commerce soupçonnen­t depuis longtemps que le président Trump, qui a fait des critiques de l’ALENA une pièce maîtresse de son discours politique, pourrait jouer la carte de l’abrogation pour torpiller les détracteur­s de la nouvelle entente.

Selon un porte-parole de la ministre canadienne des Affaires étrangères, Chrystia Freeland, les commentair­es du président Trump font partie du processus américain de ratificati­on.

« Nous irons de l’avant avec notre propre processus puisque la nouvelle entente a été signée », a dit Adam Austen.

Trump, Trudeau et Peña Nieto ont signé le nouvel accord entre les trois pays au début des réunions du G20

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