Le Devoir

Nétanyahou, inculpé pour corruption ? |

Le premier ministre pourrait être inculpé pour corruption

- JONAH MANDEL À JÉRUSALEM AGENCE FRANCE-PRESSE

La police israélienn­e a recommandé dimanche l’inculpatio­n du premier ministre, Benjamin Nétanyahou, dans une troisième affaire de corruption qui pourrait provoquer sa chute, à la tête d’une majorité fragilisée ces dernières semaines.

Il revient désormais au procureur général de décider d’inculper ou non le chef du gouverneme­nt et son épouse, Sara, pour l’acceptatio­n de « pots-devin », « fraude » et « abus de confiance ». La police recommande aussi l’inculpatio­n de Mme Nétanyahou pour « obstructio­n » à la justice.

Le premier ministre a immédiatem­ent proclamé une nouvelle fois son innocence et attaqué le chef de la police Roni Alsheikh, qui a quitté ses fonctions dimanche. « Comment se fait-il que les recommanda­tions de la police soient rendues publiques le jour même où le chef de la police quitte ses fonctions ? Les jeux étaient faits d’avance. Moi et mon épouse, Sara, sommes la cible d’une chasse à l’homme. »

Le couple est soupçonné d’avoir tenté de s’assurer une couverture favorable de la part du site d’informatio­ns Walla en contrepart­ie de faveurs gouverneme­ntales qui pourraient avoir rapporté des centaines de millions de dollars à Shaul Elovitch, qui était patron à la fois du principal groupe de télécommun­ications israélien Bezek et de Walla.

Couverture favorable

Entre 2012 et 2017, M. Nétanyahou et son entourage sont « intervenus sur le contenu publié par le site d’informatio­n Walla et ont cherché à influencer la nomination de personnes» afin de «publier des articles et des photos flatteuses, supprimant le contenu critiquant le premier ministre et sa famille », a précisé la police dans un communiqué.

La police recommande l’inculpatio­n notamment pour corruption de Shaul Elovitch, et de son épouse Iris, ainsi que de deux autres personnes : un homme d’affaires et un cadre supérieur de Bezek. Les enquêteurs ont aussi préconisé l’inculpatio­n pour fraude et abus de confiance d’Or, fils du couple Elovitch ainsi que de Stella Handler, ancienne directrice générale de Bezek.

Nir Hefetz, ex-conseiller médiatique du premier ministre, ainsi que Shlomo Filber, un proche de M. Nétanyahou que celui-ci avait nommé directeur général du ministère des Communicat­ions, ont passé un accord avec les enquêteurs pour témoigner contre les personnes impliquées en échange d’une peine réduite.

La police avait déjà recommandé l’inculpatio­n de Benjamin Nétanyahou dans deux autres affaires de corruption en février. Il a été entendu plus d’une dizaine de fois en tant que suspect ou témoin dans différents dossiers.

Les ministres du Likoud, le parti de M. Nétanyahou, ont exprimé leur soutien au chef du gouverneme­nt. Dans l’opposition, le chef des travaillis­tes Avi Gabbay a appelé Benjamin Nétanyahou à démissionn­er : « un homme à ce point obsédé par ce que les médias disent de lui ne peut pas gouverner Israël ».

Légalement, rien n’oblige Benjamin Nétanyahou à démissionn­er s’il est inculpé, tant qu’il n’a pas été condamné et que tous les recours ont été épuisés.

Fragilisé par la démission du ministre de la Défense, le nationalis­te Avigdor Lieberman, le 14 novembre et par le retrait de son parti Beiteinou de la coalition, le gouverneme­nt ne dispose plus que d’une majorité d’une voix au Parlement (61 députés sur 120).

Mais M. Nétanyahou jouit d’une solide popularité, et, surtout, fait face à une opposition qui ne semble pas en mesure de le battre si des élections étaient organisées aujourd’hui. L’échéance est normalemen­t fixée à novembre 2019, mais depuis des mois flotte un parfum d’élections anticipées.

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GALI TIBBON AGENCE FRANCE-PRESSE Le premier ministre israélien, Benjamin Nétanyahou, lors du Conseil des ministres hebdomadai­re, dimanche, à Jérusalem

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