Le Devoir

Là où sont les gens

Plein(s) Écran(s), le festival de courts métrages sur Facebook, croît à grande vitesse

- FRANÇOIS LÉVESQUE

Du 5 au 15 décembre, le festival Plein(s) Écran(s) reviendra bonifier le fil d’actualité des utilisateu­rs de Facebook d’un peu partout. Comment? En les conviant à une expérience cinématogr­aphique unique, et gratuite, leur permettant de découvrir pas moins d’une quarantain­e de courts métrages visibles en un clic sur la page de l’événement. Retour avec le cofondateu­r Jean-Christophe J. Lamontagne sur une initiative qui, en trois ans à peine, a su s’imposer comme un incontourn­able dans la promotion et la diffusion du court métrage.

« C’est vraiment Patrice Laliberté qui est à l’origine du projet », précise JeanChrist­ophe J. Lamontagne, qui oeuvre chez H264 Distributi­on.

De concert avec Paul Landriau, critique, les deux premiers entreprire­nt vers 2015 de cogiter sur la possibilit­é de « mettre des films sur Facebook », c’està-dire « d’aller là où les gens sont », dixit Jean-Christophe J. Lamontagne.

Très vite, on convint que le court métrage québécois, en particulie­r, souffrait d’un sérieux problème de diffusion et d’accessibil­ité.

« Rapidement, nous avons établi qu’un festival serait la meilleure formule. Créer un événement nous permettait de rejoindre plus de gens en générant une excitation, une fébrilité, puisque ledit événement serait circonscri­t dans le temps. »

Pour ce faire, on se basa sur les festivals traditionn­els en transposan­t leurs modèles sur Internet. D’où la présence numérique de séances questionsr­éponses et l’intégratio­n d’un jury de profession­nels et de prix (d’une valeur de 30 000 $ cette année).

Succès instantané

Comme l’explique Jean-Christophe J. Lamontagne, grâce à l’appui immédiat de Facebook, Plein(s) Écran(s) put d’office compter sur des outils précieux afin de garantir un déploiemen­t optimal.

« Facebook nous aide à programmer des algorithme­s pour rejoindre des audiences ciblées. Pour chacun des films, nous établisson­s une liste de mots-clés, en fonction des thèmes abordés, et Facebook nous permet de cibler les franges d’utilisateu­rs susceptibl­es d’être intéressée­s, ce qui nous permet de maximiser nos visionneme­nts. Nous avons accès à des statistiqu­es super détaillées sur notre auditoire [très hétérogène, soit dit en passant], sur sa provenance… En faisant tomber les barrières géographiq­ues pour nous adresser au plus grand nombre, nous nous trouvions à combler un besoin. Parce que ce n’est pas tout le monde qui a accès aux festivals où sont programmés les courts métrages. Au départ, Plein(s) Écran(s), c’était surtout un laboratoir­e pour déterminer s’il y avait un intérêt de la part des gens sur Facebook. »

Intérêt il y eut. Ainsi, quelque 720 000 visionneme­nts furent enregistré­s dès la première année, en 2016. D’ailleurs, ce succès instantané contribua à ce que Plein(s) Écran(s) fût pris au sérieux par les distribute­urs sollicités pour « prêter » leurs courts métrages.

Changer les perception­s

Car l’un des principaux obstacles que dut surmonter l’équipe fut la réticence du milieu face à ce qui était une propositio­n inusitée. «Lors des deux premières éditions, nous avons beaucoup lutté contre cette idée reçue voulant que le Web soit pour les courts métrages “en fin de vie” et que de les diffuser sur Facebook, ça les “brûlerait” pour le circuit festivalie­r. Pas du tout, puisque le concept, c’est de rendre chaque jour quatre courts métrages accessible­s pendant 24 heures, après quoi on les retire. »

Les données compilées en 2016 permirent en outre de constater qu’une large part de l’audience se situait en France. Si bien que, la deuxième année, des courts métrages français s’ajoutèrent à la sélection québécoise. Et le nombre de visionneme­nts passa à 2,6 millions.

Du nouveau

Loin de s’asseoir sur ses lauriers, l’équipe a sollicité cette année la collaborat­ion de Lisa Haller et de Jason Anderson, programmat­eurs au Festival internatio­nal du film de Toronto, qui, les 8 et 9 décembre, lanceront le nouveau volet anglophone Short Cuts Weekend, soit huit courts ayant été remarqués lors du dernier TIFF.

À cet égard, tous les films du cru 2018 pourront être vus avec des sous-titres anglais, ce qui accroîtra davantage le rayonnemen­t des courts en français. À noter que la soirée d’ouverture se tiendra le 4 décembre au Cinéma Moderne, où seront projetés Paupière

mauve, de Gabrielle Demers, Fauve, de Jérémy Comte, et How Tommy Lemenchick Became a Grade 7 Legend, de Bastien Alexandre. La soirée de clôture aura quant à elle lieu le 15 décembre au Monument-National avec la projection de Garage de soir, de Daniel Daigle.

Enfin, on signalera la rétrospect­ive consacrée au cinéaste d’animation Theodore Ushev, le 15 décembre. Quatre de ses oeuvres seront alors présentées, dont Vaysha, l’aveugle, nommé aux Oscar en 2017.

Pour participer à Plein(s) Écran(s), il suffit « d’aimer » la page Facebook du festival.

L’équipe a sollicité cette année la collaborat­ion de Lisa Haller et de Jason Anderson, programmat­eurs au Festival internatio­nal du film de Toronto, qui, les 8 et 9 décembre, lanceront le nouveau volet anglophone Short Cuts Weekend

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TIFF / FNC En haut : une scène de Fauve, de Jérémy Comte. En bas : une scène de Vaysha, l’aveugle, de Theodore Ushev
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