Le Devoir

Montréal se veut « responsabl­e et engagée »

- JESSICA NADEAU

Montréal tourne définitive­ment le dos au concept de « ville sanctuaire », mais deviendra plutôt une « ville responsabl­e et engagée », a annoncé la mairesse Valérie Plante, qui dévoilait mercredi le tout premier plan d’action en matière d’immigratio­n et d’intégratio­n des nouveaux arrivants.

«On s’éloigne [du concept] de la “ville sanctuaire” parce que ça ne correspond pas aux mesures de protection du cadre législatif canadien », a soutenu Valérie Plante.

Elle explique que c’est un terme qui vient des États-Unis et qui donne un faux sentiment de sécurité aux personnes sans statut. « Si on se base sur le concept de ville sanctuaire, ça veut dire que personne ne peut être renvoyé et que tu es protégé. Peut-être qu’aux États-Unis, ils travaillen­t avec ce cadre-là, mais pour nous, au Canada, ça ne tient pas la route. »

Montréal ne peut être une ville sanctuaire, un concept hérité de l’administra­tion Coderre, puisque les policiers sont tenus de tenir compte d’une demande de renvoi officielle qui serait inscrite dans le dossier d’une personne, ajoute-t-elle. « Ça se peut qu’il y ait des gens qui soient déçus, qui auraient aimé mieux avoir la fausse impression que la ville sanctuaire les protégeait, mais moi, je préfère donner l’heure juste. »

Les personnes sans statut seront quand même protégées, assure la mairesse, qui parle désormais de « ville responsabl­e et engagée ». À moins que ce ne soit écrit noir sur blanc dans le dossier qu’ils ont sous les yeux, les policiers ont reçu la consigne de ne pas chercher à connaître le statut d’une personne.

La Ville veut également s’assurer que toutes les personnes à statut précaire d’immigratio­n peuvent avoir accès aux services municipaux — piscine, bibliothèq­ue, camps de jour, etc. — «sans discrimina­tion et sans peur ».

Plan d’action

C’est l’un des quatre axes stratégiqu­es du plan d’action 2018-2021, dévoilé mercredi en présence de nombreux partenaire­s du milieu communauta­ire qui ont participé à son élaboratio­n. La Ville s’engage à devenir une « ville exemplaire », à la fois comme fournisseu­r de services et comme employeur, en augmentant notamment le nombre de nouveaux arrivants accédant à des postes au sein de l’administra­tion municipale.

Pour «accélérer l’intégratio­n» des nouveaux arrivants, Montréal travailler­a davantage avec les organisati­ons locales et communauta­ires, particuliè­rement dans les quartiers décrits comme des «territoire­s d’inclusion prioritair­es ».

La Ville se dotera notamment d’une «station nouveau départ», un guichet unique qui viendra « simplifier » les démarches pour les nouveaux arrivants. « Pour quelqu’un qui arrive ici, à Montréal, c’est le parcours du combattant : aller chercher les papiers d’un côté, d’autres papiers de l’autre côté, d’un bout à l’autre de la ville, ce n’est pas toujours facile », a expliqué la mairesse Plante.

On veut également assurer aux nouveaux arrivants « un logement en bon état à prix abordable», et travailler avec les entreprise­s pour faciliter leur intégratio­n économique. Le coût de l’ensemble de ces mesures est évalué à 24 millions de dollars.

 ?? JACQUES NADEAU LE DEVOIR ?? L’administra­tion Plante a abandonné le titre de « ville sanctuaire », qui ne reflétait pas la réalité, a fait valoir la mairesse Valérie Plante. On la voit ici en compagnie de Paul Evras, à l’occasion du dévoilemen­t de la politique montréalai­se en matière d’immigratio­n.
JACQUES NADEAU LE DEVOIR L’administra­tion Plante a abandonné le titre de « ville sanctuaire », qui ne reflétait pas la réalité, a fait valoir la mairesse Valérie Plante. On la voit ici en compagnie de Paul Evras, à l’occasion du dévoilemen­t de la politique montréalai­se en matière d’immigratio­n.

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