Le Devoir

Bientôt plus de pouvoirs pour le Commissair­e au lobbyisme

- GUILLAUME BOURGAULT-CÔTÉ À QUÉBEC

Le gouverneme­nt Legault accordera bientôt de nouveaux pouvoirs au Commissair­e au lobbyisme, a confirmé mercredi la ministre de la Justice, Sonia Lebel. Cela permettra notamment de répondre à une recommanda­tion de la commission Charbonnea­u.

En entrevue avec Le Devoir, Mme Lebel indique vouloir agir « dès le début de la prochaine année » sur deux éléments : transférer au Commissair­e la responsabi­lité du registre des lobbyistes (c’est le ministère de la Justice qui l’administre présenteme­nt) et allonger le délai de prescripti­on de la Loi sur la transparen­ce et l’éthique en matière de lobbyisme.

Ce délai est actuelleme­nt d’un an. Le rapport de la commission Charbonnea­u proposait d’appliquer un délai d’au moins trois ans, voire jusqu’à sept ans. « Ce sont des infraction­s pour lesquelles la preuve est difficile à amasser, note la ministre Lebel. C’est intangible, il y a des relations à établir, ce sont des dossiers d’enquête qui sont longs. Un an, c’est manifestem­ent trop court comme délai entre l’infraction et le moment où on est prêt à déposer une accusation pénale. »

Le rapport Charbonnea­u soulignait d’ailleurs en 2015 que « ce court délai explique que seuls 41 % des manquement­s constatés par le Commissair­e peuvent faire l’objet d’un droit de poursuite qui n’est pas prescrit ». La ministre indique que Québec « examine le scénario entre trois et sept ans », comme recommandé.

Quant au transfert de responsabi­lité de la gestion du registre, l’objectif est de donner « pleine juridictio­n au Commissair­e pour administre­r, clarifier, adapter le registre », indique Sonia Lebel. « Présenteme­nt, s’il veut faire des améliorati­ons, un réaménagem­ent, il n’en a pas l’autorité : il doit demander la permission au ministère de la Justice. »

Au-delà de ces deux éléments, Québec et le Commissair­e travailler­ont aussi à moyen terme à « revoir la loi » qui encadre les activités de lobbyisme. « Le Commissair­e va nous faire des recommanda­tions pour faciliter son travail et rendre plus efficace l’institutio­n du Commissair­e », dit celle qui est responsabl­e de l’Accès à l’informatio­n pour le gouverneme­nt.

Une loi sur les agendas ?

Par ailleurs, Mme Lebel a aussi indiqué lors de la période de questions mercredi qu’elle étudie l’idée d’enchâsser dans une loi une directive émise par Philippe Couillard en 2015 : celle demandant aux ministres de divulguer les renseignem­ents relatifs à leurs agendas. Une directive bien intentionn­ée, mais imparfaite, a-t-elle ajouté en entrevue.

« Il y a eu des difficulté­s d’applicatio­n. On a notamment pu voir parfois que, pour deux ministres présents à une même rencontre, les inscriptio­ns ne concordaie­nt pas. On veut une meilleure cohérence et précision », dit-elle.

Quand à l’idée de transforme­r la directive en loi, Sonia Lebel se demande si « tout ça doit être laissé au bon vouloir des premiers ministres. En révisant la Loi sur l’accès à l’informatio­n, on peut certaineme­nt considérer de rendre cette mesure plus permanente ».

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