Le Devoir

Prendre le transport en commun

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Les médias nous informent de temps à autre que les sociétés de transport en commun sont déficitair­es et que les usagers virtuels les boudent.

Eh bien, j’ai fait l’expérience de laisser ma voiture de côté pour voir de quoi cela a l’air, en 2018, de prendre l’autobus…

Je demeure dans l’Ouest-del’Île et l’autobus 208 Brunswick passe pas très loin de chez moi.

Voici l’enseigneme­nt que j’ai tiré de cette expérience :

La STM nous imprime des horaires. Mais j’ai beau me rendre à l’arrêt à l’avance, je ne sais jamais si l’autobus est déjà passé (en avance) ou s’il n’est pas encore passé (en retard). Je fais quoi, là ? Je retourne prendre ma voiture ! Les 208 passent toutes les demi-heures.

Toujours au sujet des horaires… C’est un secret de polichinel­le que la STM « saute » un 208 de temps à autre. Comme les autobus passent toutes les demi-heures, l’attente est longue. Je me suis fait attraper quatre ou cinq fois en revenant de l’épicerie… Ma crème glacée était molle au retour à la maison ! Ma viande hachée à mettre à la poubelle. Cinquante minutes à 32 degrés Celsius… Pas de chance à prendre.

L’hiver, attendre l’autobus 50 minutes n’est pas stimulant. Les gens appellent leurs proches pour venir les chercher à l’arrêt, car il fait un froid infernal. Les autobus ont les vitres sales. C’est un environnem­ent déprimant. Que dire de monter à bord d’un 208 que j’ai attendu 50 minutes et qui est bondé de gens en colère ? On ne peut rien dire au chauffeur, il n’est pas « responsabl­e ».

Les usagers du 208 n’ont pas le choix. Ce sont des jeunes, des personnes âgées, des gens à faible revenu, des immigrants.

Un autre désagrémen­t de l’autobus 208 : même assis, il faut bien se tenir. Si les arrêts sont toujours aux mêmes endroits depuis des décennies, on dirait que les conducteur­s les découvrent chaque fois avec étonnement et s’arrêtent d’urgence. La ligne 208 serpente à travers les rues (rien à voir avec la ligne 45 sur Papineau à Montréal !). Les personnes âgées qui entrent doivent se trouver un siège rapidement, car le chauffeur repart en vitesse et tourne le coin de rue, les mettant en danger de tomber.

Bon alors, moi, j’ai essayé, et cela m’a convaincue que le temps n’est pas venu de vendre ma voiture et d’adhérer au transport en commun. Il n’y a pas grand-chose de positif pour l’usager. On en reparlera quand l’essence sera à 10 $ le litre. Coralie Dufresne

Le 21 novembre 2018

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