Les coffrets incontournables de musique pop de l’année 2018
Les coffrets pop incontournables de l’année 2018
Bientôt, on célébrera les 50 ans de « 69, année érotique », comme faisait chanter le beau Serge à sa chère Jane. Chez les multinationales du disque (Sony Legacy, Universal) autant que les spécialistes patentés de la réédition augmentée (Bear Family, Proper), la folie des coffrets s’est déjà emparée des multinationales. Mazette ! Ce fut une année «d’albums classiques de l’histoire du rock», l’année de Let It Bleed, In the Court of the Crimson King, Blind Faith, Tommy (The Who), Hot Rats (Zappa), Green River (CCR), Led Zep II, Abbey Road !
On sort tout juste des célébrations de la cuvée 1968, pas précisément piquée des hannetons. Si on avait reçu en promo tous les chics boîtiers sortis en diverses configurations (retour du vinyle oblige), il aurait fallu bâtir une annexe à la maison. D’autant que se sont ajoutés en effarante quantité des coffrets non-anniversaires qui rassemblent de grands pans de carrières illustres : mentionnons seulement An American Treasure, qui rassemble quatre disques d’inédits de Tom Petty, et le Loving the Alien (1983-1988) de David Bowie.
Alors voilà ci-dessous le meilleur de ce que j’ai pu obtenir ou me procurer. Il manque très cruellement l’extraordinaire coffret consacré à The Village Green Preservation Society, des Kinks, qui place une fois pour toutes l’album au sommet d’une oeuvre tellement riche que certains disques font de l’ombre à d’autres. Il manque aussi les coffrets des albums Wild Life et Red Rose Speedway de Wings, sans doute mes albums préférés de Paul McCartney après les Beatles (avec Ram): je les attends incessamment, je vous en reparle.
The Beatles, The Beatles « White Album» 50th Anniversary Super Deluxe Edition
Aveu : j’écoute que ça depuis un mois. Les démos enregistrés chez George Harrison, les 50 prises alternatives et pièces inédites, et le fa-bu-leux remixage des 30 titres de l’album par Giles Martin, digne fil de feu sir George. Oui, ça coûte un bras, deux bras et tout une garde-robe de chemises, mais quand j’entends toutes ces chansons dont je croyais tout connaître, je me dis que j’en ai jusqu’à la fin de ma vie à les redécouvrir, et ça, c’est sans prix.
Bob Dylan, More Blood, More Tracks : The Bootleg Series Vol. 14
Six jours de sessions, à New York et à Minneapolis, entre septembre et décembre 1974, donnèrent au monde ce qui est probablement le plus personnel album de notre Zimmy 1er, les traces sanglantes d’une rupture amoureuse en chansons d’une extrême beauté. Six disques incluent presque tout, ébauches, refontes, versions presque parfaites en solo, versions définitives avec musiciens, révélant la méthode Dylan, à la fois très simple — allez, on joue! — et très compliquée : jusqu’où aller ?
Gilles Vigneault, Le temps qu’il fait sur mon pays
Pas de prises de travail, pas de chansons inédites : pas besoin. D’un coffret de notre poète-chansonnier, pour souligner ses 90 ans, on veut un bel objet, et les paroles des chansons, et des rematriçages de qualité. C’est ce qu’on a ici: huit albums, parus entre 1971 et 1983, présentés sous forme de livre. C’est bel et bon, mais j’avoue que j’aurais bien apprécié des annotations, des commentaires, de l’éclairage sur les enregistrements, une revue de presse. Un peu de contexte historique, un essai ? Les chansons parlent haut et fort, c’est ça de pris.
The Band, Music From Big Pink 50 th Anniversary Super Deluxe Edition
Difficile d’imaginer disque plus influent. De George Harrison à Fred Fortin, l’idée même d’enregistrer chez soi, dans un studio plus ou moins bricolé, prend son sens à partir de ces chansons gossées au sous-sol de Big Pink, bungalow plus qu’ordinaire situé sur une route pas du tout panoramique aux alentours de West Saugerties, NY. Sonnant le glas du psychédélisme, cultivé entre septembre 1967 et janvier 1968 à même les racines de la musique américaine. Les remixages nous ramènent dans la pièce avec Levon, Garth et les autres, et les lithos des photos d’Elliott Landy sont magnifiques.
John Lennon, Imagine : The Ultimate Collection
Du mono à la quadraphonie et tout ce qui peut être mixé entre les deux, l’immersion dans les sessions d’enregistrement du deuxième véritable album solo de Lennon — paru en 1971 — permet de comprendre à quel point cet album de perfectionniste se voulait le contraire du très brut Plastic Ono Band de l’année d’avant. Les prises alternatives avec Phil Spector qui chante et George Harrison à la guitare slide, et le plein disque intitulé The Evolution Documentary valent largement le transfert de fonds.