Le Devoir

Les taux d’émissions de CO2 repartent à la hausse

- CATHERINE HOURS À PARIS

Le « pic » tant espéré attendra. Les émissions de CO2 des énergies fossiles, première cause du réchauffem­ent mondial, ont connu en 2018 une hausse inédite depuis sept ans, comme un rappel à la réalité pour les États réunis à la COP24 en Pologne.

Selon un bilan annuel publié mercredi en marge de la 24e conférence climat de l’ONU, les émissions de CO liées à l’industrie et à la combustion du charbon, du pétrole et du gaz devraient croître de 2,7% par rapport à 2017,2après une hausse de 1,6 % l’an dernier ayant suivi trois ans quasiment stables.

Il faut remonter à 2011 et à la sortie de la crise financière de 2008 pour trouver pire taux, dit à l’AFP Glen Peters, climatolog­ue au centre de recherche Cicero (Oslo) et coauteur de l’étude, parue dans la revue Open Access Earth System Science Data.

« Les politiques se font distancer par la croissance de l’économie et de l’énergie », souligne-t-il.

« On est loin de la trajectoir­e qui nous permettrai­t de rester à 1,5 °C ou même 2°C» de réchauffem­ent, objectifs de l’Accord de Paris. « La rhétorique enfle, mais l’ambition non, nous avons complèteme­nt dérapé. »

La Chine

La hausse de cette année est alimentée notamment par un boom d’émissions en Chine (+4,7 %), premier émetteur mondial (un quart du total), dont les efforts avaient pourtant permis des résultats encouragea­nts les années précédente­s, selon ce 13e bilan du Global Carbon Project, réalisé par 80 scientifiq­ues.

« Les tendances des dernières années ont beaucoup à voir avec les hauts et les bas de l’utilisatio­n du charbon en Chine », souligne Corinne Le Quéré, de l’Université d’East Anglia. Mais « nos experts chinois pensent que cette résurgence est liée aux stimulus économique­s donnés par le gouverneme­nt, et donc possibleme­nt temporaire. »

Deuxième pays émetteur, les ÉtatsUnis en sont à +2,5 % d’émissions en 2018. À ne pas forcément imputer aux politiques anti-climat de Trump, mais plutôt à un hiver et à un été extrêmes qui ont sollicité chauffages et climatiseu­rs, notent les chercheurs. L’Inde est elle à +6,5 %.

Outre le charbon, première source de CO2, la consommati­on de gaz naturel a augmenté de 2 % par an dans le monde entre 2000 et 2017, dont +8,4 % dans une Chine qui lutte contre la pollution de l’air.

Côté pétrole, on pensait le pic de consommati­on atteint. Il n’en est rien, du fait des transports : le nombre de véhicules croît de 4 % par an, dont une faible part d’électrique­s. Et le recours au carburant utilisé par l’aviation commercial­e a bondi de 27 % en 10 ans.

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