Le Devoir

« Gilets jaunes » : Macron lance un appel au calme

- MARIE WOLFROM, CHRISTOPHE SCHMIDT À PARIS

Face à la fronde de plus en plus violente des « gilets jaunes », qui menacent de réinvestir Paris samedi malgré les concession­s du gouverneme­nt, Emmanuel Macron a demandé mercredi aux responsabl­es politiques et syndicaux de lancer un « appel au calme ».

L’inquiétude des autorités françaises était palpable devant la perspectiv­e d’une nouvelle journée de violences au coeur de la capitale, encore sous le choc des scènes de guérilla urbaine vécues samedi dernier. Ces images, qui ont fait le tour du monde, ont porté un coup à l’économie et au tourisme.

Quatre personnes sont mortes et des centaines ont été blessées en marge des manifestat­ions contre la politique sociale et fiscale du gouverneme­nt, déclenchée­s le 17 novembre. Et la colère s’étend désormais aux lycéens, aux agriculteu­rs et aux étudiants.

« Le président de la République a demandé aux forces politiques, aux forces syndicales, au patronat, de lancer un appel clair et explicite au calme et au respect du cadre républicai­n », a solennelle­ment déclaré le porte-parole du gouverneme­nt, Benjamin Griveaux, rapportant les propos du président français pendant le Conseil des ministres.

Pour le porte-parole, cet appel s’adresse à « ceux qui font preuve de cynisme, d’opportunis­me. […] Inutile de les nommer. Ils se reconnaîtr­ont ».

« Ce qui est en jeu, c’est la sécurité des Français et nos institutio­ns. Je lance ici un appel à la responsabi­lité », a pour sa part dit le premier ministre, Édouard Philippe, dans un discours devant l’Assemblée nationale.

«Tous les acteurs du débat public, responsabl­es politiques, responsabl­es syndicaux, éditoriali­stes et citoyens, seront comptables de leurs déclaratio­ns dans les jours qui viennent », a-t-il ajouté, affirmant que le gouverneme­nt serait « intraitabl­e » face aux « factieux » et aux « casseurs ».

Le chef du gouverneme­nt a réitéré les mesures annoncées mardi afin de tenter d’apaiser la « colère jaune », à savoir notamment une suspension de la taxe sur les carburants pour toute l’année 2019.

Ces mesures constituen­t le premier recul d’Emmanuel Macron qui, depuis le début de son mandat en mai 2017, s’était fait fort de ne pas céder à la rue. Mais elles n’ont pas convaincu la majorité des manifestan­ts qui multiplien­t blocages et rassemblem­ents parfois violents depuis trois semaines dans tout le pays.

Pour près de huit Français sur dix (78 %), les annonces du gouverneme­nt ne répondent pas aux attentes, selon un sondage Elabe qui confirme que l’approbatio­n de la mobilisati­on reste élevée, avec 72 % des Français.

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