Un bref face-à-face
Les partis font le bilan d’une session de deux semaines
La mini-session parlementaire aura duré deux semaines et six périodes de questions, avec un menu de trois projets de loi, un plan en immigration et une mise à jour économique. Une brièveté qui n’a pas empêché les partis d’opposition de voir poindre les débuts d’un gouvernement « idéologique ». Bilans de session croisés.
Coalition avenir Québec
Sans grande surprise, le gouvernement a dressé un bilan positif de son action. «Ce fut bref mais très intense, en termes de climat et de contenu», a lancé la vice-première ministre, Geneviève Guilbeault, en point de presse.
Selon elle, l’équipe caquiste a déjà pu prouver qu’elle est «solide, enthousiaste et travaillante ». Son collègue Simon Jolin-Barrette (leader parlementaire) en a rajouté une couche: un « caucus compétent, pragmatique, dédié », a-t-il soutenu.
M. Jolin-Barrette s’est défendu d’être au service d’un gouvernement idéologue. « On a pris des engagements en campagne et on a eu un mandat. On dépose le plus vite possible des projets de loi liés à ça. Ce sont des engagements qui faisaient partie intégrante de la campagne électorale. Je ne vois pas pourquoi on nous reproche de déposer des projets de loi qui répondent à ces engagements. »
Parti libéral
Le Parti libéral estime de son côté avoir « trouvé le bon ton » face à la Coalition avenir Québec (CAQ). Et ce, en dépit du fait que le gouvernement Legault répond à plusieurs de ses attaques en disant que c’est de la faute… de l’ancien gouvernement. «Au cours de la prochaine session, je pense que le gouvernement va devoir trouver un autre argument que [celui disant que] nous avons été 15 ans au pouvoir », a prévenu le chef du parti, Pierre Arcand. «C’est lui, le premier ministre », a-t-il dit de François Legault. « Les Québécois s’attendent à ce qu’il gouverne. »
Sans traiter le gouvernement caquiste «d’idéologue» comme l’ont fait les solidaires, les libéraux ont néanmoins cogné sur le même clou en relevant que ses décisions ne s’appuyaient pas assez sur « la logique » et « les faits réels ». « La réduction des seuils d’immigration, ça va à l’encontre de toute logique économique », a lancé M. Arcand, avant d’ajouter que le relèvement de l’âge légal pour consommer du cannabis à 21 ans allait à l’encontre de l’avis « d’une panoplie d’experts ».
Parti québécois
Le chef intérimaire du PQ, Pascal Bérubé, a longuement parlé de la vision politique de son parti dans son bilan, se montrant plutôt avare de critiques à l’égard du gouvernement. « Le fil conducteur [de l’action du PQ], c’est un humanisme qui fait en sorte de s’occuper des gens qui en ont le plus besoin », a-t-il dit.
Il a par la suite avancé le mot « idéologique » pour définir les premiers pas du gouvernement Legault. « Sur plusieurs points, a-t-il expliqué. Le troisième lien ne repose sur aucune étude. C’est la même chose pour le cannabis à 21 ans et pour les maternelles 4 ans. »
M. Bérubé a par contre aussi salué le premier projet de loi du gouvernement. «[Le commissaire de l’Unité permanente anticorruption nommé aux deux tiers de l’Assemblée], c’est notre proposition depuis 2015, a-t-il rappelé. Quand je vous dis que les bonnes idées peuvent être reprises, on est heureux. […] On va voir comment ça va se faire, mais ça, c’est une bonne nouvelle. »
Québec solidaire
S’il n’y avait qu’un seul mot pour définir le gouvernement Legault, ce serait «idéologique», a pour sa part soutenu Manon Massé vendredi. « Dans les dossiers de l’immigration, du cannabis, du troisième lien, de l’environnement, M. Legault préfère être à l’écoute de son idéologie conservatrice plutôt que d’écouter la science et les experts », pense la chef parlementaire de QS.
« M. Legault, en terme d’idéologie, c’est l’équivalent de Stephen Harper ou d’Andrew Scheer. »
Son co-porte-parole, Gabriel Nadeau-Dubois, s’est félicité d’avoir obtenu des appuis sur certaines motions (clauses de disparité de traitement, pensions alimentaires), tout en saluant le dépôt du projet de loi du gouvernement sur le mode de nomination de certains dirigeants d’instances policières.
La question du code vestimentaire des députés a placé Québec solidaire à l’avant-plan de cette mini-session (Catherine Dorion a accordé une entrevue à Québecor sur le sujet, avant de participer à une séance photo). Tout ce tapage a-t-il servi le parti ? « On lui a posé des questions, a répondu Mme Massé. Catherine Dorion a été elle-même. On la connaît, et probablement que le Québec la connaît plus que jamais, que ce soit pour son char, que ce soit pour sa tuque, que ce soit pour peu importe. »