La mort leur va si bien
Visite guidée du cimetière du Père-Lachaise par sa faune et sa flore exultantes
Sous la riche canopée que dessinent ses quelque 5000 arbres, plusieurs cimetières du Père-Lachaise se cachent. Celui des touristes, avec ses sentiers balisés et ses escales obligées pour les Morrison, Signoret, Piaf, Desproges et autres Chopin. Mais aussi celui des biologistes, des jardiniers, des graveurs, et même celui des nécrosophes, autant de facettes méconnues qui sont joliment dévoilées dans le charmant documentaire Éternel jardin: le cimetière du Père-Lachaise.
Replié au coeur de Paris, cet éden végétal de 44 hectares, escarpé, voire torturé, est un vrai labyrinthe parsemé de brèches d’où exulte la vie. Depuis l’abandon des traitements phytosanitaires, il y a une décennie, les herbes folles y prolifèrent, permettant à la vie sauvage de reprendre quelques droits bafoués. Fouine, chouette, chat, renard, pipistrelle, faucon, corneille, scutigère véloce, et même le hérisson, aux abonnés absents pendant nombre d’années, y prospèrent et s’ébattent ainsi sous nos yeux conquis par la beauté des plans épurés.
Si les saisons glissent sur le bitume presque indiscernables les unes des autres dans le tumulte quotidien, ici, dans la nécropole, elles explosent, offrant des tableaux splendides où le vert, le brun et le gris dominent. Certes, le fil narratif n’est pas très audacieux et la caméra demeure sage, si ce n’est le jeu de caméra fantomatique un peu trop appuyé avec la chienne malinoise indomptée qui hante les sentiers. Reste qu’il est vraiment touchant d’entrer dans cette intimité par la petite porte, de jour comme de nuit. Et en bonne compagnie, par surcroît.
Éternel jardin : le cimetière du Père-Lachaise
TV5, mercredi, 22h; en reprise vendredi, 9 h