Négociations climatiques ardues à la COP24
Des pays producteurs de pétrole tentent de repousser un important rapport scientifique
Il sera « difficile » de parvenir à définir les règles de mise en oeuvre de l’Accord de Paris d’ici vendredi, a admis mardi la ministre fédérale de l’Environnement, Catherine McKenna, qui participe à la Conférence annuelle des Nations unies sur les changements climatiques, la COP24. Elle estime toutefois que le Canada peut jouer un rôle de chef de file dans le domaine, malgré l’importance du secteur des énergies fossiles dans l’économie du pays.
« Nous avons besoin de préserver la nature de l’Accord de Paris, qui est un exemple de multilatéralisme, mais il est clair que nous avons beaucoup de travail à faire pour trouver un consensus » sur les règles de mise en oeuvre de cet accord, a souligné la ministre au cours d’une conférence téléphonique organisée dans le cadre de la COP24, qui se tient à Katowice, en Pologne.
Les négociateurs ont jusqu’à vendredi pour finaliser le « livre des règlements » de l’Accord de Paris, signé en 2015. Ces règles doivent notamment préciser la façon dont les différents pays devront déclarer leurs émissions de gaz à effet de serre, inciter tout un chacun à en faire plus et permettre des avancées en matière de financement pour aider les pays en développement à lutter contre les changements climatiques et à s’adapter aux impacts de ceux-ci.
Un tel programme annonce « des discussions difficiles et complexes » toute la semaine, a fait valoir la ministre canadienne. « Pas moins de 195 pays ont convenu en 2015 qu’ils devaient prendre part à l’action climatique, mais nous devons maintenant mettre en place des règles claires et des mesures de transparence pour y parvenir. »
Cette question de la « transparence » apparaît selon elle essentielle, et ce, pour obliger les pays à « rendre compte de leurs progrès », tout en reconnaissant le besoin de « flexibilité » pour les pays en développement.
Ces points seraient toutefois au coeur des blocages à la table de négociations, selon des observateurs cités par l’Agence France-Presse.
Alors que les délégations sont à pied d’oeuvre pour parvenir à l’objectif de quitter la Pologne « avec un livre de règlements crédible », Catherine McKenna a jugé « décevante » l’attitude de pays comme les États-Unis, la Russie et l’Arabie saoudite.
Au cours des derniers jours, ces pays ont fait front commun pour bloquer une motion mise en avant à la COP24 pour accueillir « favorablement » le plus récent rapport du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC). Ce document porte sur les impacts d’un réchauffement mondial limité à 1,5 °C.
« Plusieurs scientifiques ont travaillé très fort pour produire ce rapport sur la limite de 1,5 degré, qui démontre très clairement que nous avons douze ans pour agir si nous voulons éviter les pires impacts des changements climatiques », a rappelé Mme McKenna.
La ministre a par ailleurs soutenu que le Canada compte pour sa part jouer un rôle de « chef de file » climatique tout en poursuivant le développement du secteur des énergies fossiles. « Je crois que le Canada peut démontrer, même si c’est difficile, comment une économie qui est basée en bonne partie sur les ressources naturelles peut lutter contre les changements climatiques », a-t-elle soutenu.