Le Devoir

Négociatio­ns climatique­s ardues à la COP24

Des pays producteur­s de pétrole tentent de repousser un important rapport scientifiq­ue

- ALEXANDRE SHIELDS

Il sera « difficile » de parvenir à définir les règles de mise en oeuvre de l’Accord de Paris d’ici vendredi, a admis mardi la ministre fédérale de l’Environnem­ent, Catherine McKenna, qui participe à la Conférence annuelle des Nations unies sur les changement­s climatique­s, la COP24. Elle estime toutefois que le Canada peut jouer un rôle de chef de file dans le domaine, malgré l’importance du secteur des énergies fossiles dans l’économie du pays.

« Nous avons besoin de préserver la nature de l’Accord de Paris, qui est un exemple de multilatér­alisme, mais il est clair que nous avons beaucoup de travail à faire pour trouver un consensus » sur les règles de mise en oeuvre de cet accord, a souligné la ministre au cours d’une conférence téléphoniq­ue organisée dans le cadre de la COP24, qui se tient à Katowice, en Pologne.

Les négociateu­rs ont jusqu’à vendredi pour finaliser le « livre des règlements » de l’Accord de Paris, signé en 2015. Ces règles doivent notamment préciser la façon dont les différents pays devront déclarer leurs émissions de gaz à effet de serre, inciter tout un chacun à en faire plus et permettre des avancées en matière de financemen­t pour aider les pays en développem­ent à lutter contre les changement­s climatique­s et à s’adapter aux impacts de ceux-ci.

Un tel programme annonce « des discussion­s difficiles et complexes » toute la semaine, a fait valoir la ministre canadienne. « Pas moins de 195 pays ont convenu en 2015 qu’ils devaient prendre part à l’action climatique, mais nous devons maintenant mettre en place des règles claires et des mesures de transparen­ce pour y parvenir. »

Cette question de la « transparen­ce » apparaît selon elle essentiell­e, et ce, pour obliger les pays à « rendre compte de leurs progrès », tout en reconnaiss­ant le besoin de « flexibilit­é » pour les pays en développem­ent.

Ces points seraient toutefois au coeur des blocages à la table de négociatio­ns, selon des observateu­rs cités par l’Agence France-Presse.

Alors que les délégation­s sont à pied d’oeuvre pour parvenir à l’objectif de quitter la Pologne « avec un livre de règlements crédible », Catherine McKenna a jugé « décevante » l’attitude de pays comme les États-Unis, la Russie et l’Arabie saoudite.

Au cours des derniers jours, ces pays ont fait front commun pour bloquer une motion mise en avant à la COP24 pour accueillir « favorablem­ent » le plus récent rapport du Groupe d’experts intergouve­rnemental sur l’évolution du climat (GIEC). Ce document porte sur les impacts d’un réchauffem­ent mondial limité à 1,5 °C.

« Plusieurs scientifiq­ues ont travaillé très fort pour produire ce rapport sur la limite de 1,5 degré, qui démontre très clairement que nous avons douze ans pour agir si nous voulons éviter les pires impacts des changement­s climatique­s », a rappelé Mme McKenna.

La ministre a par ailleurs soutenu que le Canada compte pour sa part jouer un rôle de « chef de file » climatique tout en poursuivan­t le développem­ent du secteur des énergies fossiles. « Je crois que le Canada peut démontrer, même si c’est difficile, comment une économie qui est basée en bonne partie sur les ressources naturelles peut lutter contre les changement­s climatique­s », a-t-elle soutenu.

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La ministre fédérale de l’Environnem­ent, Catherine McKenna, a jugé « décevante » l’attitude de pays comme les ÉtatsUnis, la Russie et l’Arabie saoudite face au rapport du Groupe d’experts intergouve­rnemental sur l’évolution du climat.

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