Attentat meurtrier à Strasbourg
Les autorités ont annoncé avoir ouvert une enquête antiterroriste et haussé le niveau d’alerte
Étals vides, rues désertes et restaurants vite barricadés… En quelques minutes, la fusillade qui fait l’objet d’une enquête antiterroriste et a fait au moins trois morts et douze blessés mardi soir au Marché de Noël de Strasbourg, dans le nord-est de la France, a plongé le centre-ville dans la stupeur et le silence.
«On était place Kléber, il était environ 20 h [heure locale]. J’ai entendu des coups de feu et il y a eu un affolement, on a couru dans tous les sens », explique Fatih. Dans sa fuite, il a aperçu trois blessés au sol dans une rue commerçante, à quelques mètres de l’imposant sapin illuminé, érigé en plein centre-ville pour le célèbre Marché de Noël.
Un homme «fiché S»
Entré par le pont du Corbeau, l’un des ponts qui mènent au centre historique de Strasbourg, où une trentaine de chalets de bois, proposant vin chaud et produits locaux, attirent des touristes venus du monde entier, un individu fiché S (abréviation de « sûreté de l’État »), âgé de 29 ans, vient d’ouvrir le feu, rue des Orfèvres.
Le suspect, connu pour des faits de droit commun, a pris la fuite, blessé par des soldats engagés dans l’opération Sentinelle, qui patrouillent en permanence dans le centre historique. Il était toujours recherché au moment où ces lignes étaient écrites.
En l’espace de quelques minutes, la foule présente dans les allées illuminées de la métropole alsacienne est évacuée par les forces de l’ordre, le centre-ville est bouclé et évacué. De rares badauds, ignorant la situation,
La fusillade a plongé le centre-ville dans la stupeur et le silence
continuaient à déambuler, stupéfaits par l’arrêt soudain des festivités.
Des militaires en armes, des policiers et des véhicules de secours arrivent en renfort, les forces de l’ordre demandent aux rares passants présents et aux habitants du centre-ville de « se mettre à l’abri ».
Confinement
« On a commencé à voir les policiers avec les boucliers, ils s’éparpillaient, ils criaient “Dégagez, dégagez”, ils cherchaient l’auteur en fuite », explique Fatih, venu avec des amis.
«On a été confinés dans un restaurant. Le restaurateur a eu des consignes. Il nous a tous emmenés dans le fond de la salle. On a éteint toutes les lumières », dit Michèle, une fonctionnaire qui dînait dans une rue à proximité du lieu des coups de feu.
«Fusillade dans le centre-ville de Strasbourg. Merci à tous de rester chez vous en attendant une clarification de la situation», a tweeté peu après les faits Alain Fontanel, premier adjoint au maire de la ville.
La place Kléber, habituellement effervescente à cette heure à deux semaines des fêtes de Noël, est vite désertée et silencieuse. «On a descendu tout le monde à l’intérieur, à la cave. Ils sont tous enfermés dedans», a raconté à l’AFP Mouad, 33 ans, restaurateur d’une rue adjacente, une heure après les faits. Quand il est sorti de son établissement, il a vu « un monsieur par terre, du sang et des douilles de balles ».
Des clients lui ont dit avoir «vu quelqu’un avec une arme » courir. Devant le café Les Savons d’Hélène, à une dizaine de mètres de là, un homme allongé sur le sol, recouvert d’une couverture de survie, est secouru par des agents et entouré par des proches, a constaté un journaliste de l’AFP.
Rapidement évacué dans une ambulance des pompiers, il saigne abondamment à hauteur du visage. Un ballet incessant de voitures de police et d’ambulances perdure au centre-ville, les sirènes rompant le silence.
Ce n’est que vers 1 h 30 (heure locale), mercredi, que les personnes confinées dans les restaurants et bâtiments du centre-ville ont commencé à être évacuées. « Le confinement a été levé », a confirmé le ministre Castaner.
Le parquet de Paris a ouvert une enquête pour « assassinat, tentative d’assassinat en relation avec une entreprise terroriste et association de malfaiteurs terroriste criminelle ».
Le gouvernement a porté le niveau du plan Vigipirate à « urgence attentat » après l’attaque, a annoncé le ministre de l’Intérieur Christophe Castaner lors d’une conférence de presse dans la nuit de mardi à mercredi.