12 décembre : concession
Il faut toujours se méfier des fermetés exprimées avec un peu trop d’assurance lors d’une négociation. Avant la signature de l’Accord États-Unis-Mexique-Canada (AEUMC), le gouvernement fédéral a martelé jusqu’à plus soif que la gestion de l’offre, ce mécanisme de contrôle des prix et de protection contre la concurrence étrangère dans des secteurs agricoles clés, dont le lait et les oeufs, n’allait pas être touchée. Pas question de l’affaiblir ou d’y renoncer dans le cadre de la renégociation de l’ALENA imposée par Donald Trump, a dit Ottawa en rappelant à plusieurs reprises que les négociateurs canadiens « étaient très bons », pour justifier les commentaires hargneux du président américain sur le Canada et son intransigeance dans la dernière ligne droite des négociations.
La table était mise pour un résultat finalement autre que celui annoncé. Au terme des discussions, le Canada a octroyé 3,59 % de son marché laitier aux Américains, portant un nouveau coup à la gestion de l’offre dans ce secteur, ont déploré les producteurs canadiens de lait. Triste loi des séries, leur produit avait été utilisé déjà comme monnaie de libreéchange dans deux accords précédents : le Partenariat transpacifique et l’accord avec l’Europe, qui, avec l’AEUMC, porte à 9 % la perte de marché intérieur, estime la filière laitière. L’accord se trouve parfois dans les rimes complexes : protection, concession, consternation…