Le Devoir

Des journalist­es visés à cause de leur travail sacrés personnali­tés de l’année par Time

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Le journalist­e saoudien Jamal Khashoggi, tué le 2 octobre au consulat d’Arabie saoudite à Istanbul, a été désigné mardi personnali­té de l’année par le magazine américain Time, une distinctio­n partagée avec plusieurs autres journalist­es qui symbolisen­t, pour l’hebdomadai­re, la recherche de la vérité et les risques qu’elle présente aujourd’hui.

Outre Jamal Khashoggi, Time a mis à l’honneur la journalist­e philippine Maria Ressa, les deux reporters myanmarais de l’agence Reuters Wa Lone et Kyaw Soe Oo, actuelleme­nt en prison, ainsi que la rédaction du journal local américain Capital Gazette, dont cinq membres ont péri lors d’une attaque perpétrée le 28 juin à Annapolis, dans l’État du Maryland.

C’est la première fois qu’un ou plusieurs journalist­es deviennent personnali­té de l’année du magazine, qui décerne ce titre depuis 1927.

Autre première : jamais une personne décédée n’avait été retenue comme personnali­té la plus marquante de l’année écoulée.

Time a choisi de publier quatre unes différente­s de son magazine cette semaine pour mettre en avant les quatre journalist­es ou équipes de journalist­es, placés en tête de son classement.

Les journalist­es ont devancé Donald Trump, désigné en 2016 et déjà deuxième l’an dernier, que les preneurs de paris donnaient favori.

Quelques minutes après l’annonce du palmarès, le président américain a de nouveau tweeté sur les médias, qu’il a accusés de propager de fausses informatio­ns au sujet de la désignatio­n du futur secrétaire général de la Maison-Blanche.

Le procureur spécial Robert Mueller, chargé d’enquêter sur les interactio­ns entre l’équipe de campagne de Donald Trump et la Russie, arrive cette année en troisième position du classement.

Jamal Khashoggi

« Alors que nous étudiions les choix possibles, il nous est apparu clairement que la manipulati­on de la vérité et son détourneme­nt ont été une caractéris­tique commune de beaucoup des sujets majeurs de l’année, de la Russie à Riyad, en passant par la Silicon Valley », a expliqué le rédacteur en chef de Time, Edward Felsenthal, lors de l’annonce de la personnali­té de l’année sur la chaîne américaine NBC.

« Nous avons donc choisi de mettre le projecteur sur quatre individus et un groupe qui ont pris de grands risques dans la recherche de la vérité, en commençant par Jamal Khashoggi », a-t-il poursuivi.

« Il est très rare que l’influence d’une personne croisse de façon si importante après sa mort », a souligné M. Felsenthal pour justifier le choix d’une personnali­té décédée. « Son assassinat a changé la perception globale du prince héritier saoudien [Mohammed ben Salmane] et attiré enfin l’attention sur une guerre dévastatri­ce au Yémen. »

Si Mohammed ben Salmane nie vigoureuse­ment tout lien avec le meurtre, une enquête de la CIA a conclu que c’était bien lui qui avait commandité l’opération.

Wa Lone et Kyaw Soe Oo

Autres lauréats de la personnali­té de l’année, Wa Lone et Kyaw Soe Oo ont été interpellé­s au Myanmar en décembre 2017, puis jugés et condamnés, début septembre, chacun à sept ans de prison en première instance en vertu d’une loi sur les secrets d’État.

Ils travaillai­ent sur la mort en 2017 de dix Rohingyas lors de la répression militaire myanmarais­e contre cette communauté musulmane, qualifiée de génocide par l’ONU.

Leur appel doit être examiné par un tribunal de Rangoun à partir du 24 décembre.

Maria Ressa

Également désignée par le magazine Time, Maria Ressa est la cofondatri­ce du site d’informatio­n Rappler, dont la couverture critique de la guerre antidrogue meurtrière menée par le président philippin, Rodrigo Duterte, lui a valu les foudres de l’exécutif.

Accusée de fraude fiscale supposée et menacée de prison, elle affirme que ces poursuites judiciaire­s sont, en réalité, de nature politique.

L’équipe du Capital Gazette

Quant au Capital Gazette, journal d’Annapolis, capitale du Maryland, il a été visé par un homme armé, Jarrod Ramos, qui, le 28 juin, a fait irruption dans la salle de rédaction et fait feu, tuant cinq personnes.

C’est la seconde fois d’affilée que le Time choisit un groupe et non une seule personnali­té.

En 2017, il avait retenu les personnes qui avaient « brisé le silence » face au harcèlemen­t sexuel, déclenchan­t une série d’accusation­s contre des hommes de pouvoir à travers le monde.

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