Le Devoir

La colère des « gilets jaunes » demeure vive, malgré les concession­s

- CAMILLE MALPLAT À PARIS AGENCE FRANCE-PRESSE

Le mouvement des « gilets jaunes » ne semblait pas s’éteindre mardi, malgré les mesures annoncées par Emmanuel Macron la veille pour apaiser la colère de ces Français modestes, mobilisés depuis plus de trois semaines pour plus de justice sociale.

À la quatrième semaine de ce mouvement inédit, les « gilets jaunes » — bien qu’un peu moins nombreux — poursuivai­ent leurs opérations de blocages et manifestat­ions sur les routes et les ronds-points à travers la France, avec plus de 10 000 manifestan­ts mobilisés, selon le ministère de l’Intérieur.

Le premier ministre Édouard Philippe a défendu mardi devant les députés les mesures déclinées par Emmanuel Macron, les décrivant comme « massives ». « Nous voulons aller vite, nous voulons aller fort », a-t-il déclaré.

Hausse de 100 euros par mois pour les salariés payés au salaire minimum, annulation de la hausse d’une taxe sur les petites retraites (sous 2000 euros mensuels), défiscalis­ation des heures supplément­aires… Ces nouvelles concession­s ne semblaient toutefois pas avoir fait retomber la colère.

« Que du vent »

« La plupart des gilets jaunes ont bien compris que ce n’était que du vent, donc on ne lâchera pas», tranchait Charlène, une trentenair­e sans emploi de Rennes. « On sera là tous les jours, à Noël, au Nouvel An, tant que ça ne bougera pas, on restera là ! »

« Le vrai sujet, c’est la répartitio­n des richesses », expliquait de son côté Jérôme, depuis un rond-point de SaintEtien­ne. Cet étudiant aurait aimé en- tendre le président Macron annoncer le rétablisse­ment de l’impôt sur la fortune ou encore l’abandon de la baisse des charges accordée aux entreprise­s. « Vingt milliards gaspillés », affirme-t-il.

D’autres accueillai­ent plus positiveme­nt les annonces présidenti­elles, telle Jacline Mouraud, une porte-parole des « gilets jaunes » réputée modérée. Cette dernière a appelé à « une trêve», saluant «des avancées, une porte ouverte » du pouvoir, s’attirant une série de messages haineux sur les réseaux sociaux.

Plus largement, les Français étaient partagés sur l’opportunit­é d’une poursuite du mouvement. Selon une enquête de l’institut de sondages Odoxa, une courte majorité de Français ( 54 %) souhaitait lundi soir que les actions des « gilets jaunes » se poursuiven­t, contre 66 % il y a trois semaines.

Depuis le début du mouvement le 17 novembre, cinq personnes ont été tuées en marge des rassemblem­ents, 1407 blessées, dont 46 grièvement, et le gouverneme­nt essaye à tout prix d’éviter une cinquième journée de manifestat­ions nationales samedi.

D’autant qu’une fronde lycéenne contre des réformes dans l’éducation se poursuivai­t mardi, avec 450 lycées perturbés sur un total de plus de 2000, et que les intermitte­nts du spectacle ont annoncé leur intention de rejoindre le mouvement des gilets jaunes.

Pas de hausse des frais bancaires

Les patrons des plus grandes banques françaises se sont engagés à ne pas accroître les frais bancaires en 2019, a annoncé l’Élysée mardi, « alors que des augmentati­ons étaient prévues », selon un conseiller élyséen.

Après les représenta­nts du secteur bancaire et les députés de la majorité, Emmanuel Macron recevra mercredi les grandes entreprise­s appelées à « participer à l’effort collectif » par le versement d’une prime de fin d’année défiscalis­ée.

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