Le Devoir

Une réponse réglementa­ire musclée pour sauver les insectes

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Alors que les scientifiq­ues sonnent l’alarme concernant le déclin mondial des population­s d’insectes, on est en droit de s’inquiéter du retard de l’Agence de réglementa­tion de la lutte antiparasi­taire (ARLA) du Canada à mettre fin à l’utilisatio­n généralisé­e des insecticid­es néonicotin­oïdes, et cela, plus de deux ans après qu’une évaluation réalisée par les scientifiq­ues fédéraux a mis au jour des risques inacceptab­les pour les insectes.

Comme le rapporte Pauline Gravel dans l’article « L’avenir des papillons, coccinelle­s et libellules est menacé » paru le 8 février, le déclin des espèces d’insectes terrestres et aquatiques est attribué à plusieurs facteurs, dont l’usage récurrent de pesticides.

L’ARLA propose l’éliminatio­n progressiv­e des principale­s applicatio­ns des trois grands néonicotin­oïdes (l’imidaclopr­ide, la clothianid­ine et le thiaméthox­ame) mais tarde à confirmer des décisions finales. Dans le cas de l’imidaclopr­ide, l’ARLA a publié le projet de décision en novembre 2016. Une décision finale était attendue en décembre 2018, mais n’a pas encore été annoncée. En outre, le calendrier d’éliminatio­n progressiv­e proposé par l’ARLA permettrai­t l’usage de ces pesticides pour encore trois à cinq après la décision finale.

Le déclin mondial des insectes a de graves conséquenc­es pour la biodiversi­té et le fonctionne­ment des écosystème­s, et nécessite une réponse réglementa­ire rapide et musclée pour limiter les dégâts. En Europe, une nouvelle réglementa­tion interdisan­t les trois principaux néonicotin­oïdes est entrée en vigueur en décembre dernier. La France avait déjà adopté une loi interdisan­t ces produits. Au Québec, les nouvelles restrictio­ns sur l’utilisatio­n des néonicotin­oïdes qui découlent de la réglementa­tion provincial­e représente­nt un pas dans la bonne direction, mais ne vont pas assez loin.

Des décisions urgentes devront être prises dans le dossier des pesticides, et cela, loin de toute pression indue de l’industrie, en écoutant — d’abord et avant tout — la science. Diego Creimer, Fondation David Suzuki Le 8 février 2019

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