Le Devoir

Âge légal pour consommer du cannabis : la consultati­on tourne court

- MARCO BÉLAIR-CIRINO CORRESPOND­ANT PARLEMENTA­IRE À QUÉBEC

« Bidon », « frime », « bâillonnem­ent » : l’élu libéral André Fortin a tiré à boulets rouges mardi soir sur la consultati­on portant sur le projet de loi resserrant l’encadremen­t du cannabis mis en branle par le gouverneme­nt caquiste.

Il ne s’agit « pas [d’]un processus démocratiq­ue », a fait valoir l’ex-ministre après le désistemen­t de plus de la moitié des groupes invités, parfois à la dernière minute, par la Commission de la santé et des services sociaux de l’Assemblée nationale (douze sur vingt-trois).

Les élus passant au crible le projet de loi 2 s’attendaien­t à échanger avec cinq groupes, parmi lesquels figuraient l’Associatio­n des policières et policiers provinciau­x du Québec et le Conseil québécois sur le tabac et la santé. Tous ont annulé.

Des représenta­nts de Portage et de la Fédération étudiante collégiale du Québec (FECQ) se sont présentés en commission parlementa­ire, moins de vingtquatr­e heures après y avoir été invités.

« Ce n’est pas une vraie consultati­on », a poursuivi M. Fortin, déplorant du même souffle le «bâillonnem­ent des groupes qui veulent s’exprimer », notamment sur le projet de loi 2. En plus d’établir à 21 ans l’âge minimal requis pour « acheter » ou « posséder » du cannabis, le projet de loi du gouverneme­nt caquiste interdit de fumer du cannabis dans tous les lieux publics.

Plusieurs associatio­ns avaient manifesté leur souhait d’être entendues par l’Assemblée nationale, selon les partis politiques d’opposition. Faute de temps, un grand nombre d’entre elles se sont ravisées. L’Associatio­n médicale canadienne est du lot. « On voulait être là. Il est important d’avoir, nous croyons, la perspectiv­e de l’[AMC sur ces enjeux…] Mais on n’avait pas le temps », a indiqué l’un de ses dirigeants au Devoir.

L’auteur du projet de loi 2, Lionel Carmant, s’est dit « déçu » de la faible participat­ion à la consultati­on de l’Assemblée nationale. Il accuse le Parti libéral du Québec d’y avoir été pour quelque chose en retardant l’envoi des invitation­s. « J’ai perdu des joueurs qui étaient en ma faveur », a-t-il mentionné.

Le ministre délégué à la Santé et aux Services sociaux s’est dit disposé à « en-

Ce n’est pas » une vraie consultati­on ANDRÉ FORTIN

tendre tout le monde » sur son projet de loi, tout en avertissan­t que le coeur de celui-ci, qui consiste àa ave tirer vers le haut l’âge légal de 18 à 21 ans, demeurera inchangé.

« Ça, ça ne changera pas », a-t-il insisté, réitérant sa volonté de « retarder le plus possible l’âge d’initiation au cannabis ».

En accord, les porte-parole de Portage, un OBNL voué à « aider les personnes aux prises avec des problèmes de toxicomani­e à vaincre leur dépendance et à vivre une vie sobre, heureuse et productive », ont invité les législateu­rs à renforcer la prévention, mais également la réadaptati­on des personnes toxicomane­s.

Adoptant une perspectiv­e de santé publique, la FECQ a quant à elle exprimé son « opposition assez ferme à ce que l’âge de consommati­on et d’achat de cannabis passe de 18 à 21 ans ». Le regroupeme­nt d’étudiants s’interroge sur l’effet dissuasif d’une « prohibitio­n inutile » touchant les personnes de 18 à 20 ans. « Si aller en prison n’a pas eu d’effets dissuasifs, je doute qu’une simple amende [en ait un] », a affirmé le président de la FECQ, Fred-William Mireault.

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JACQUES NADEAU LE DEVOIR Le ministre délégué à la Santé et aux Services sociaux, Lionel Carmant, a averti que son intention de hausser l’âge légal pour consommer du cannabis restera inchangée.

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