Le milieu de l’éducation attend les « bonnes nouvelles »
Les attentes ont rarement été aussi élevées. Le milieu de l’enseignement retient son souffle à quelques heures du dépôt du premier budget du gouvernement Legault, qui a fait de l’éducation sa priorité absolue.
Le premier ministre lui-même et son ministre de l’Éducation et de l’Enseignement supérieur (MEES), JeanFrançois Roberge, alimentent depuis leur arrivée en poste les espoirs d’investissements majeurs dans un réseau qui en a cruellement besoin. Ils ont promis des centaines de millions pour élargir l’accès aux maternelles 4 ans, construire et rénover des écoles, puis embaucher des enseignants et d’autres professionnels.
« C’est comme si j’arrivais dans un milieu de l’éducation qui a vécu une tempête parfaite. Et là, c’est le temps de changer, de passer d’une séquence de mauvaises nouvelles à une séquence de bonnes nouvelles », a résumé le ministre lors d’une entrevue récente avec Le Devoir.
« Sur cinq ans, on va en faire venir, des gens, dans le réseau de l’éducation. On va rendre le réseau plus attrayant, on va agrandir des écoles, on va bâtir des écoles, puis on est confiants d’avoir les locaux, les enseignants et les professionnels pour donner un service A1 à tous les enfants », a-t-il ajouté.
Une portion importante des investissements en éducation servira sans doute à rénover des écoles et à faire reculer le déficit d’entretien des bâtiments scolaires
Rénovations et embauches
Une portion importante des investissements en éducation servira sans doute à rénover des écoles et à faire reculer le déficit d’entretien des bâtiments scolaires. Ces édifices ont été tellement négligés dans le passé que la moitié des 2700 écoles primaires et secondaires du Québec sont dans un état préoccupant, selon les données du MEES. Sur une échelle de A à E, la cote moyenne des écoles québécoises est désormais de D (bâtiment en mauvais état).
Le budget précisera l’ampleur des investissements nécessaires pour offrir la maternelle 4 ans à tous les enfants, et non seulement à ceux des milieux défavorisés, comme à l’heure actuelle. La création promise de 5000 places en maternelle 4 ans durant le mandat du gouvernement augmente la pression sur les commissions scolaires de plusieurs régions, dont Montréal, qui manquent déjà d’enseignants et de locaux.
« On espère que le budget comportera des mesures contre la pénurie de personnel qui touche toutes les professions en éducation, pas seulement les enseignants », rappelle Catherine Harel Bourdon, présidente de la Commission scolaire de Montréal (CSDM).
Malgré des efforts de recrutement sans précédent, il arrive encore que des classes se retrouvent sans titulaire en cas d’absence d’un enseignant. Le phénomène des remplacements à répétition continue : Le Devoir a rapporté récemment le cas de deux classes du primaire où une dizaine de suppléants se sont succédé au cours des derniers mois. C’est traumatisant pour les enfants.
Le ministre Roberge a affirmé cette semaine qu’il compte sur le renfort d’enseignants à la retraite pour pourvoir des postes de suppléants et de directions d’école. Le gouvernement veut permettre aux retraités de toucher un salaire en plus de leurs revenus de pension, sans subir de pénalité fiscale.
Écoles défavorisées
La présidente de la plus grande commission scolaire du Québec se réjouit aussi de l’ouverture du gouvernement à dédommager les milieux défavorisés qui perdraient de précieux fonds à cause de l’uniformisation de la taxe scolaire — qui ferait baisser les revenus de l’État d’environ 800 millions de dollars. Le ministre des Finances, Eric Girard, a indiqué mercredi qu’il allouera entre 5 et 10 millions aux commissions scolaires pour maintenir les services aux élèves défavorisés malgré la baisse de la taxe scolaire.
Autre dossier chaud, Catherine Harel Bourdon surveillera comment le ministre compte dédommager les écoles qui seraient privées de dizaines de milliers de dollars à cause des nouveaux indices de défavorisation établis d’après le recensement de 2016. Les écoles les plus défavorisées reçoivent des fonds pour embaucher des professionnels (orthopédagogues, psychoéducateurs, etc.) qui soutiennent les élèves en difficulté. Mais à cause de l’embourgeoisement de certains quartiers, des écoles autrefois «défavorisées» sont désormais « favorisées » et perdront du financement — même si les élèves en difficulté sont toujours dans les classes.