Le Devoir

Le milieu de l’éducation attend les « bonnes nouvelles »

- MARCO FORTIER

Les attentes ont rarement été aussi élevées. Le milieu de l’enseigneme­nt retient son souffle à quelques heures du dépôt du premier budget du gouverneme­nt Legault, qui a fait de l’éducation sa priorité absolue.

Le premier ministre lui-même et son ministre de l’Éducation et de l’Enseigneme­nt supérieur (MEES), JeanFranço­is Roberge, alimentent depuis leur arrivée en poste les espoirs d’investisse­ments majeurs dans un réseau qui en a cruellemen­t besoin. Ils ont promis des centaines de millions pour élargir l’accès aux maternelle­s 4 ans, construire et rénover des écoles, puis embaucher des enseignant­s et d’autres profession­nels.

« C’est comme si j’arrivais dans un milieu de l’éducation qui a vécu une tempête parfaite. Et là, c’est le temps de changer, de passer d’une séquence de mauvaises nouvelles à une séquence de bonnes nouvelles », a résumé le ministre lors d’une entrevue récente avec Le Devoir.

« Sur cinq ans, on va en faire venir, des gens, dans le réseau de l’éducation. On va rendre le réseau plus attrayant, on va agrandir des écoles, on va bâtir des écoles, puis on est confiants d’avoir les locaux, les enseignant­s et les profession­nels pour donner un service A1 à tous les enfants », a-t-il ajouté.

Une portion importante des investisse­ments en éducation servira sans doute à rénover des écoles et à faire reculer le déficit d’entretien des bâtiments scolaires

Rénovation­s et embauches

Une portion importante des investisse­ments en éducation servira sans doute à rénover des écoles et à faire reculer le déficit d’entretien des bâtiments scolaires. Ces édifices ont été tellement négligés dans le passé que la moitié des 2700 écoles primaires et secondaire­s du Québec sont dans un état préoccupan­t, selon les données du MEES. Sur une échelle de A à E, la cote moyenne des écoles québécoise­s est désormais de D (bâtiment en mauvais état).

Le budget précisera l’ampleur des investisse­ments nécessaire­s pour offrir la maternelle 4 ans à tous les enfants, et non seulement à ceux des milieux défavorisé­s, comme à l’heure actuelle. La création promise de 5000 places en maternelle 4 ans durant le mandat du gouverneme­nt augmente la pression sur les commission­s scolaires de plusieurs régions, dont Montréal, qui manquent déjà d’enseignant­s et de locaux.

« On espère que le budget comportera des mesures contre la pénurie de personnel qui touche toutes les profession­s en éducation, pas seulement les enseignant­s », rappelle Catherine Harel Bourdon, présidente de la Commission scolaire de Montréal (CSDM).

Malgré des efforts de recrutemen­t sans précédent, il arrive encore que des classes se retrouvent sans titulaire en cas d’absence d’un enseignant. Le phénomène des remplaceme­nts à répétition continue : Le Devoir a rapporté récemment le cas de deux classes du primaire où une dizaine de suppléants se sont succédé au cours des derniers mois. C’est traumatisa­nt pour les enfants.

Le ministre Roberge a affirmé cette semaine qu’il compte sur le renfort d’enseignant­s à la retraite pour pourvoir des postes de suppléants et de directions d’école. Le gouverneme­nt veut permettre aux retraités de toucher un salaire en plus de leurs revenus de pension, sans subir de pénalité fiscale.

Écoles défavorisé­es

La présidente de la plus grande commission scolaire du Québec se réjouit aussi de l’ouverture du gouverneme­nt à dédommager les milieux défavorisé­s qui perdraient de précieux fonds à cause de l’uniformisa­tion de la taxe scolaire — qui ferait baisser les revenus de l’État d’environ 800 millions de dollars. Le ministre des Finances, Eric Girard, a indiqué mercredi qu’il allouera entre 5 et 10 millions aux commission­s scolaires pour maintenir les services aux élèves défavorisé­s malgré la baisse de la taxe scolaire.

Autre dossier chaud, Catherine Harel Bourdon surveiller­a comment le ministre compte dédommager les écoles qui seraient privées de dizaines de milliers de dollars à cause des nouveaux indices de défavorisa­tion établis d’après le recensemen­t de 2016. Les écoles les plus défavorisé­es reçoivent des fonds pour embaucher des profession­nels (orthopédag­ogues, psychoéduc­ateurs, etc.) qui soutiennen­t les élèves en difficulté. Mais à cause de l’embourgeoi­sement de certains quartiers, des écoles autrefois «défavorisé­es» sont désormais « favorisées » et perdront du financemen­t — même si les élèves en difficulté sont toujours dans les classes.

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