Le Devoir

L’auteur du rapport d’enquête de la SQ recherché

- AMÉLI PINEDA

Poursuivie au civil par quatre technicien­s présents le soir de l’attentat au Métropolis en 2012, la Sûreté du Québec (SQ) a récemment avoué ignorer qui a rédigé le rapport d’enquête qui faisait la lumière sur les événements.

«Aucun rapport ne se rédige de luimême. Il est invraisemb­lable qu’on ignore le rédacteur d’un rapport dont le ministre de l’époque disait avoir pris connaissan­ce et à partir duquel on aurait apporté des [changement­s] », a noté le juge de la Cour supérieure Pierre Nollet.

Cette révélation a été faite à la suite d’une requête des avocats des quatre employés qui poursuiven­t la SQ et le Service de police de la Ville de Montréal pour près de 340 000 $ en dédommagem­ent pour les conséquenc­es de la « sécurité défaillant­e » le soir du drame.

« Jamais je n’aurais cru qu’on se serait rendu là pour le nom d’un rédacteur », a souligné Me Virginie Dufresne-Lemire. L’avocate a indiqué avoir eu plusieurs échanges de courriels afin de retrouver l’auteur du document avant de se résoudre à déposer une requête devant le tribunal. C’est que les demandeurs souhaitent déposer en preuve ce rapport qui fait état de certaines lacunes des dispositif­s de sécurité le soir du drame. Ils veulent obtenir l’identité de l’auteur du document afin notamment de pouvoir l’interroger.

Encore plus troublant, les personnes présentes le soir de l’attentat n’auraient d’ailleurs pas été interrogée­s pour la confection du rapport.

« Pour que quelqu’un rédige un rapport, il faut qu’il ait parlé à quelqu’un. Ces gens-là n’ont parlé à personne ? » a demandé le juge Nollet à l’avocate représenta­nt la SQ.

« À la lecture des interrogat­oires, ils ont répondu non », a répondu Me Marie-Hélène Hébert.

Étonné de la réponse, le juge Nollet s’est alors interrogé sur la crédibilit­é du document. L’avocate de la SQ a d’ailleurs admis que sans signature, «ce rapport n’a aucune force probante ».

« Il manquerait juste que ce soit un faux rapport si personne n’a parlé à personne », a-t-il laissé tomber.

Le Tribunal a ordonné à la SQ de trouver le mystérieux auteur du rapport d’ici le 29 mars.

À défaut de retrouver le rédacteur du document, la SQ devra fournir le meilleur témoin possible, y compris s’il y a lieu l’ancien directeur général Mario Laprise, pour répondre aux questions portant sur la conduite de l’enquête menant à la rédaction du rapport.

Rappelons qu’en février 2013, le ministre de la Sécurité publique de l’époque, Stéphane Bergeron, tenait un point de presse concernant ce rapport qui concluait entre autres à des problèmes de communicat­ion qui avaient miné le travail des policiers lors de la soirée électorale du 4 septembre 2012 au Métropolis.

 ?? JACQUES NADEAU LE DEVOIR ?? Alors que Richard henry bain apprenait que la Cour d’appel refusait de réduire sa peine, la Sûreté du Québec a avoué ignorer qui avait rédigé le rapport d’enquête à la suite de la poursuite au civil de quatre technicien­s présents au Métropolis lors de la soirée.
JACQUES NADEAU LE DEVOIR Alors que Richard henry bain apprenait que la Cour d’appel refusait de réduire sa peine, la Sûreté du Québec a avoué ignorer qui avait rédigé le rapport d’enquête à la suite de la poursuite au civil de quatre technicien­s présents au Métropolis lors de la soirée.

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