Rogers se défait de ses magazines
La transaction touche entre autres Maclean’s et les versions française et anglaise de Châtelaine
C’est la fin des magazines chez Rogers Média. L’entreprise a annoncé mercredi qu’elle avait vendu ses sept publications papier et numérique, dont Maclean’s et Châtelaine, à St. Joseph Communications (SJC), un gros joueur de l’imprimé au pays. Ce dernier a dit vouloir conserver les postes en jeu et espère faire croître les publications malgré les vents défavorables dans l’industrie.
« Ce que les annonceurs cherchent, c’est une grande portée, et on peut maintenant proposer une offre bien plus large qu’avec les magazines qu’on avait déjà », a expliqué au Devoir Tony Gagliano, président et chef de la direction de SJC.
La transaction, dont les deux partis n’ont pas désiré dévoiler le montant, inclut les « sept marques de magazines imprimés et numériques d’intérêt général » de Rogers Média, soit les vaisseaux amiraux Maclean’s et Châtelaine en français et en anglais, ainsi que les publications Today’s Parent, HELLO ! Canada et les éditions numériques FLARE et Canadian Business.
Dans un communiqué, le président de Rogers Média, Rick Brace, a ajouté que « cette décision a été difficile, mais nous croyons qu’elle est juste alors que nous mettons en avant notre vision stratégique et repositionnons notre segment Média pour assurer son avenir ».
Par courriel, Rogers s’est dite « fière » de ses publications « qui ont offert du contenu pendant des décennies et qui ont aidé à définir la culture canadienne ainsi que la conversation » publique.
En décembre, le Globe and Mail avait appris qu’un groupe d’employés de Rogers Média avait fait une offre pour racheter les publications. En novembre dernier, une transaction avait presque eu lieu avec Roustan Media Ltd., qui publie The Hockey News, mais l’offre n’avait pas abouti.
Pas de perte d’emplois
SJC, en affaires depuis 62 ans, a affirmé vouloir offrir un emploi à « tous les employés actuels des Éditions Rogers ». La transaction devrait se conclure au courant du mois prochain.
«On prend en charge les individus impliqués dans chacune des marques, explique M. Gagliano, le fils du fondateur de SJC. Par contre, Rogers a des services centraux, comme pour la comptabilité ou le marketing, et ceux-là vont rester en place. Il va en fait falloir remplacer certains de ces postes chez nous, quand on bougera les entreprises après la transaction. »
Les publications resteront pour une année dans les locaux de Rogers. Environ 90 % des employés sont à Toronto, le reste étant à Montréal et à Ottawa.
SJC, déjà propriétaire entre autres de Toronto Life, Fashion Magazine, Weddingbells et Mariage Québec, se dit « la plus grande entreprise de communications privée du Canada, offrant trois plateformes intégrées: contenu, impression et médias ».
Si Tony Gagliano assure que son entreprise connaît bien le monde numérique, SJC « comprend le papier aussi ». À ses yeux, ce format «a de grandes forces, et je crois qu’à long terme, le papier va rester très pertinent. » Le patron de SJC donne l’exemple de sa publication Toronto Life, « qui connaît une croissance dans les deux chiffres », et ce, depuis deux ans.
Le magazine d’affaires publiques Maclean’s, dont le nombre d’éditions a été réduit par Rogers en janvier 2017, pourrait profiter de la transaction. « Je crois qu’entre les bonnes mains, avec un accent sur ce magazine, il y a une possibilité de croissance. Je ne sais pas si c’est en matière de fréquence, mais on a pris cette décision parce qu’on pensait qu’on pouvait faire grandir ces magazines, on veut les rendre plus pertinents et plus achetés par les Canadiens qu’ils le sont maintenant », a expliqué M. Gagliano. À ses dires, Maclean’s et les deux Châtelaine attirent quelque trois millions de lecteurs.
En juin, Rogers Média avait mis à pied 75 employés permanents, réduisant du même coup du tiers le nombre de travailleurs dans les publications imprimées et numériques.
Le syndicat Unifor, qui représente les employés de Maclean’s, suivra de près la situation et s’est réjoui du désir de SJC de ne pas procéder à des mises à pied. «On n’a pas de membres avec [SJC] en ce moment, mais les ententes avec Rogers devront être honorées, et ils devront respecter l’accréditation syndicale », a ajouté Paul Morse, président de l’unité 87-M d’Unifor.