Le Devoir

Rogers se défait de ses magazines

La transactio­n touche entre autres Maclean’s et les versions française et anglaise de Châtelaine

- PHILIPPE PAPINEAU

C’est la fin des magazines chez Rogers Média. L’entreprise a annoncé mercredi qu’elle avait vendu ses sept publicatio­ns papier et numérique, dont Maclean’s et Châtelaine, à St. Joseph Communicat­ions (SJC), un gros joueur de l’imprimé au pays. Ce dernier a dit vouloir conserver les postes en jeu et espère faire croître les publicatio­ns malgré les vents défavorabl­es dans l’industrie.

« Ce que les annonceurs cherchent, c’est une grande portée, et on peut maintenant proposer une offre bien plus large qu’avec les magazines qu’on avait déjà », a expliqué au Devoir Tony Gagliano, président et chef de la direction de SJC.

La transactio­n, dont les deux partis n’ont pas désiré dévoiler le montant, inclut les « sept marques de magazines imprimés et numériques d’intérêt général » de Rogers Média, soit les vaisseaux amiraux Maclean’s et Châtelaine en français et en anglais, ainsi que les publicatio­ns Today’s Parent, HELLO ! Canada et les éditions numériques FLARE et Canadian Business.

Dans un communiqué, le président de Rogers Média, Rick Brace, a ajouté que « cette décision a été difficile, mais nous croyons qu’elle est juste alors que nous mettons en avant notre vision stratégiqu­e et reposition­nons notre segment Média pour assurer son avenir ».

Par courriel, Rogers s’est dite « fière » de ses publicatio­ns « qui ont offert du contenu pendant des décennies et qui ont aidé à définir la culture canadienne ainsi que la conversati­on » publique.

En décembre, le Globe and Mail avait appris qu’un groupe d’employés de Rogers Média avait fait une offre pour racheter les publicatio­ns. En novembre dernier, une transactio­n avait presque eu lieu avec Roustan Media Ltd., qui publie The Hockey News, mais l’offre n’avait pas abouti.

Pas de perte d’emplois

SJC, en affaires depuis 62 ans, a affirmé vouloir offrir un emploi à « tous les employés actuels des Éditions Rogers ». La transactio­n devrait se conclure au courant du mois prochain.

«On prend en charge les individus impliqués dans chacune des marques, explique M. Gagliano, le fils du fondateur de SJC. Par contre, Rogers a des services centraux, comme pour la comptabili­té ou le marketing, et ceux-là vont rester en place. Il va en fait falloir remplacer certains de ces postes chez nous, quand on bougera les entreprise­s après la transactio­n. »

Les publicatio­ns resteront pour une année dans les locaux de Rogers. Environ 90 % des employés sont à Toronto, le reste étant à Montréal et à Ottawa.

SJC, déjà propriétai­re entre autres de Toronto Life, Fashion Magazine, Weddingbel­ls et Mariage Québec, se dit « la plus grande entreprise de communicat­ions privée du Canada, offrant trois plateforme­s intégrées: contenu, impression et médias ».

Si Tony Gagliano assure que son entreprise connaît bien le monde numérique, SJC « comprend le papier aussi ». À ses yeux, ce format «a de grandes forces, et je crois qu’à long terme, le papier va rester très pertinent. » Le patron de SJC donne l’exemple de sa publicatio­n Toronto Life, « qui connaît une croissance dans les deux chiffres », et ce, depuis deux ans.

Le magazine d’affaires publiques Maclean’s, dont le nombre d’éditions a été réduit par Rogers en janvier 2017, pourrait profiter de la transactio­n. « Je crois qu’entre les bonnes mains, avec un accent sur ce magazine, il y a une possibilit­é de croissance. Je ne sais pas si c’est en matière de fréquence, mais on a pris cette décision parce qu’on pensait qu’on pouvait faire grandir ces magazines, on veut les rendre plus pertinents et plus achetés par les Canadiens qu’ils le sont maintenant », a expliqué M. Gagliano. À ses dires, Maclean’s et les deux Châtelaine attirent quelque trois millions de lecteurs.

En juin, Rogers Média avait mis à pied 75 employés permanents, réduisant du même coup du tiers le nombre de travailleu­rs dans les publicatio­ns imprimées et numériques.

Le syndicat Unifor, qui représente les employés de Maclean’s, suivra de près la situation et s’est réjoui du désir de SJC de ne pas procéder à des mises à pied. «On n’a pas de membres avec [SJC] en ce moment, mais les ententes avec Rogers devront être honorées, et ils devront respecter l’accréditat­ion syndicale », a ajouté Paul Morse, président de l’unité 87-M d’Unifor.

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MARIE-FRANCE COALLIER LE DEVOIR L’acheteur, St. Joseph Communicat­ions, souhaite donner un nouveau souffle au grand magazine d’affaires publiques Maclean’s.

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