Le Devoir

L’UE met encore Google à l’amende

- CÉLINE LE PRIOUX À BRUXELLES AGENCE FRANCE-PRESSE

La Commission européenne a infligé mercredi, pour la troisième fois en moins de deux ans, une forte amende au géant américain de l’Internet Google, l’accusant de nouveau de pratiques anticoncur­rentielles dans l’UE.

Cette fois-ci, la sanction financière s’élève à 1,49 milliard d’euros, un chiffre moindre par rapport aux deux précédente­s amendes, qui étaient de 4,34 milliards d’euros en 2018 et de 2,42 milliards d’euros en 2017.

Le géant américain de l’Internet fait partie des firmes les plus lourdement sanctionné­es par la commissair­e européenne à la Concurrenc­e, Margrethe Vestager, depuis son entrée en fonction en novembre 2014 : au total, Google a été sommée de payer à l’UE 8,25 milliards d’euros, si l’on additionne toutes les amendes.

Cette annonce survient la veille du lancement officiel par les libéraux européens (ALDE) de la candidatur­e de la commissair­e danoise dans la course pour la succession de Jean-Claude Juncker à la présidence de la Commission européenne.

Mme Vestager, surnommée « The Tax Lady » par le président américain, Donald Trump, après avoir sommé Apple de rembourser 14,3 milliards d’euros d’arriérés fiscaux à l’Irlande, fait partie des membres actuels de la commission Juncker les plus en vue.

«Je vais être active ces prochains mois pour persuader davantage d’électeurs d’aller voter» au scrutin européen de mai, a déclaré Mme Vestager lors de la conférence de presse sur Google mercredi, s’abstenant d’en dire davantage sur ses ambitions.

Une fois de plus, elle s’est défendue de viser plus spécifique­ment les compagnies américaine­s. «Si vous ne suivez pas les règles, alors vous avez une amende », a-t-elle répondu à un journalist­e, soulignant qu’elle avait aussi sanctionné financière­ment plusieurs fabricants européens de camions qui s’étaient entendus illégaleme­nt sur leurs prix.

Blocage de transactio­n

Elle a aussi récemment interdit la fusion des géants européens du rail Siemens et Alstom, provoquant la fureur de Berlin et Paris.

Dans le cas précis de mercredi qui concerne la régie publicitai­re AdSense de Google, Vestager reproche à l’américain d’avoir imposé un certain nombre de clauses restrictiv­es dans les contrats passés avec des sites Web tiers (tels des détaillant­s en ligne ou des journaux), empêchant ainsi ses concurrent­s de placer leurs publicités contextuel­les sur ces sites.

« Du fait de ce comporteme­nt qui a perduré pendant plus de 10 ans, les autres sociétés se sont vu refuser la possibilit­é d’affronter la concurrenc­e sur la base de leurs mérites […] et les consommate­urs ont été privés des avantages de la concurrenc­e», a-telle expliqué.

Google a réagi de façon mesurée à cette nouvelle sanction : « Nous avons toujours convenu que des marchés sains et prospères sont dans l’intérêt de tous », a déclaré Kent Walker, responsabl­e des affaires internatio­nales du groupe.

M. Walker a également affirmé que Google avait «déjà apporté un large éventail de changement­s à [ses] produits pour répondre aux préoccupat­ions de la Commission ».

« Au cours des prochains mois, nous ferons d’autres mises à jour pour donner plus de visibilité à nos rivaux en Europe », a-t-il ajouté.

Lors de sa conférence de presse, Mme Vestager a convenu qu’il y avait des « développem­ents positifs » sur les deux affaires précédente­s où elle avait condamné Google (Android et Shopping).

En juillet 2018, le groupe de Mountain View avait été sommé de payer 4,34 milliards d’euros — un record dans l’histoire de la concurrenc­e européenne — pour avoir abusé de la position dominante d’Android, son système gratuit d’exploitati­on pour téléphone intelligen­t, afin d’asseoir la suprématie de son service de recherche en ligne.

Et un an auparavant, le 27 juin 2017, c’était une amende de 2,42 milliards d’euros pour avoir abusé de sa position dominante dans la recherche en ligne en favorisant son comparateu­r de prix « Google Shopping » au détriment de services concurrent­s.

Dans ces deux cas, Google a apporté une série de modificati­ons aux résultats de son moteur de recherche européen pour amadouer l’UE et éviter de nouvelles sanctions financière­s.

Toutefois, il a fait appel de ces deux décisions devant la Cour européenne de justice à Luxembourg.

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JOHN THYS AGENCE FRANCE-PRESSE Google fait partie des firmes les plus lourdement sanctionné­es par la commissair­e européenne à la Concurrenc­e, Margrethe Vestager, depuis son entrée en fonction en novembre 2014.

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