Le Devoir

La jeunesse caquiste en plein élan

À l’occasion de son congrès, la relève du parti discutera d’une quarantain­e de propositio­ns dont celle de protéger la liberté d’expression sur les campus universita­ires

- MYLÈNE CRÊTE CORRESPOND­ANTE PARLEMENTA­IRE À QUÉBEC

Entre 300 et 400 personnes sont attendues samedi et dimanche au congrès de l’aile jeunesse de la Coalition avenir Québec (CAQ) à Sherbrooke. Du jamais vu pour la relève de ce parti qui a soufflé ses huit bougies cette année.

« On s’est donné comme mission de toujours pousser notre formation politique à penser plus loin que des horizons électoraux de quatre ans», indique le président de la commission de la relève de la CAQ, Kevin Paquette, en entrevue au Devoir. Celui-ci terminera son mandat ce week-end après deux ans à la tête des jeunes caquistes.

L’aile jeunesse du parti proposera sa propre solution à la pénurie de maind’oeuvre : celle de cesser de percevoir de l’impôt sur les heures supplément­aires pour des emplois en demande, comme celui de préposé aux bénéficiai­res, ou pour certains groupes d’âge, comme les aînés. Un incitatif fiscal qui pourrait, selon eux, inciter les gens à travailler davantage.

« On s’entend, c’est une mesure qui est coûteuse, reconnaît M. Paquette. Mais on le sait, au Québec, on vit une pénurie de main-d’oeuvre assez importante ; de l’autre côté, on dit depuis des années que les Québécois sont parmi les plus taxés et les plus imposés en Amérique du Nord. Je crois que pour la CAQ, qui se targue d’être le parti des contribuab­les, ce serait une belle mesure à mettre de l’avant au cours des prochains mois. »

Moteur ou source de polémique?

Une autre propositio­n qui risque d’être controvers­ée est celle pour protéger la liberté d’expression dans les université­s. Les organisate­urs ont invité le chroniqueu­r Mathieu Bock-Côté pour discuter de cette question avant la plénière. En tout, une quarantain­e de propositio­ns seront débattues au cours de la fin de semaine. Elles sont regroupées en cinq thèmes : la gouvernanc­e ; la santé ; les nouvelles technologi­es numériques; les régions; la culture, la langue et la citoyennet­é.

Ces jeunes militants sont-ils un moteur ou bien une source de polémiques ?

[La] jeunesse québécoise n’appartient pas à Québec solidaire SAMUEL POULIN

On a parfois vu des gouverneme­nts rejeter des propositio­ns controvers­ées qui venaient d’être adoptées par l’aile jeunesse de leur formation politique. « Il faut le voir comme un think tank à l’intérieur du parti, affirme la directrice générale de la CAQ, Brigitte Legault. Des fois, ils vont peut-être aller plus loin que ce que nous, on pense, mais c’est correct, parce que leur but est d’inspirer. »

La femme de 38 ans a elle-même été présidente des jeunes libéraux du Canada de 2003 à 2008 et s’est fait le porte-voix de propositio­ns qui ne faisaient pas l’unanimité à l’époque, comme la légalisati­on du mariage entre personnes de même sexe. Elle cite le défunt Jean Lapierre qui était alors son lieutenant au sein du parti. « Il me disait toujours “ce n’est pas grave Brigitte, le pire que je vais dire, c’est que vous êtes juste une gang de jeunes écervelés” », se rappelle-t-elle en riant.

Brigitte Legault note que les jeunes caquistes ont l’oreille du premier ministre, François Legault, et qu’ils ont beaucoup de poids au sein de la CAQ — la commission de la relève étant l’une des trois seules commission­s du parti. Ces jeunes militants ont d’ailleurs convaincu leur formation politique de se préoccuper davantage d’environnem­ent après l’élection d’octobre dernier.

« Dans tous les bilans, on était là pour marteler qu’à notre avis, on n’a pas assez parlé d’environnem­ent lors de la campagne, raconte Kevin Paquette. Ensuite, on a été extrêmemen­t présents dans nos instances régionales pour pousser le thème de l’environnem­ent à un point tel que la commission politique du parti a été obligée d’en faire le seul thème de notre conseil général en mai dernier. »

« Il y a des enjeux qui se découvrent et font l’actualité grâce à la jeunesse québécoise, et cette jeunesse québécoise n’appartient pas à Québec solidaire », souligne le député Samuel Poulin, qui est adjoint parlementa­ire du premier ministre pour le volet jeunesse.

François Legault est d’ailleurs attendu dimanche matin avec cinq de ses ministres — Benoit Charrette, Pierre Fitzgibbon, Mathieu Lacombe, Nathalie Roy, Simon Jolin-Barrette et Jean-François Roberge. Ce cinquième congrès des jeunes caquistes ne risque donc pas de passer inaperçu.

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