Le Devoir

Le visage de l’accessibil­ité immobilièr­e

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Sans être annonciatr­ice d’une bulle, l’accessibil­ité au logement au Canada a connu une améliorati­on accélérée au deuxième trimestre. Les analystes de la Banque Nationale parlent de la plus forte progressio­n depuis le premier trimestre de 2009, au sortir de la Grande Récession. Mais les écarts se creusent entre les grands marchés. Selon l’indice de l’abordabili­té du logement conçu par la Banque Nationale, qui calcule le paiement hypothécai­re en pourcentag­e du revenu, tous les grands marchés résidentie­ls canadiens ont connu une embellie au deuxième trimestre, alimenté cette fois par un recul des taux hypothécai­res. « La baisse des taux hypothécai­res combinée à un marché du travail robuste a réduit le risque d’une correction des prix des logements au cours des prochains mois », ont ajouté les analystes Matthieu Arseneau et Kyle Dahms. Le taux hypothécai­re contractue­l de référence (échéance de cinq ans) s’est replié de 68 points de base depuis décembre, de 45 points au deuxième trimestre. Aussi, les prix corrigés des effets saisonnier­s ont diminué de 1 % entre les premier et deuxième trimestres, et le revenu médian des ménages s’est apprécié de 1,7 %.

Mais les écarts persistent. Sur une base historique, les marchés de Toronto et de Vancouver restent inabordabl­es. Aussi, le temps nécessaire pour accumuler une mise de fonds minimale sur un logement représenta­tif à un taux d’épargne de 10 % se chiffre à 331 mois, à Vancouver, à un peu plus de 88 mois à Toronto et à 33 mois à Montréal.

Mais à se comparer… Toronto et Vancouver restaient à michemin dans la liste internatio­nale des villes selon le prix au pied carré pour un appartemen­t de 645 pi2 au centre-ville. Ce prix touchait 3424 $US à Hong Kong, 1744 $US à Londres ou encore 1410 $US à New York, contre 764 $US à Toronto et 699 $US à Vancouver. Ce prix était de 468 $US à Montréal, de 385 $US à Ottawa et de 316 $US à Québec.

Quelque 30 mois d’épargne

Revenant à Montréal, l’abordabili­té est retombée à sa moyenne historique, avec un ratio de 30,5% tous types d’habitation confondus. Par segment, il était de 25 % pour les copropriét­és, de 33 % pour les autres. À titre de comparaiso­n, il était respective­ment de 38 % et de 62 % à Toronto, de 16 et 22 % à Québec. À Montréal, l’effet « coût du financemen­t » a joué, puisque sur une base annuelle, les prix du logement ont augmenté de 5,2 %, dépassant la croissance de 4,7 % des revenus.

À Montréal, l’effet coût du financemen­t a joué puisque sur une base annuelle, les prix du logement ont augmenté de 5,2 %, dépassant la croissance de 4,7 % des revenus

Toujours à Montréal, le prix du logement représenta­tif (hors copropriét­é) était de 374 315 $ au deuxième trimestre, nécessitan­t un salaire annuel de 64 953 $ pour un ménage voulant acquérir ce logement. Et 36 est le nombre de mois d’épargne (à 10 % du revenu) pour se doter de la mise de fonds minimale. Dans la copropriét­é, le prix représenta­tif se chiffrait à 281 945 $, exigeant un salaire annuel d’un ménage de

48 924 $ et nécessitan­t 27 mois d’épargne.

À Québec, l’on parle d’un prix représenta­tif hors copropriét­é de 292 193 $, appelant un salaire annuel d’un ménage de 50 703 $ et 23 mois d’accumulati­on de l’épargne. De 214 229 $ dans la copropriét­é, pointant un salaire de 37 174 $ et 17 mois d’épargne.

Resserreme­nt des règles

Dans son évaluation trimestrie­lle du marché de l’habitation au Canada publiée au début du mois, la Société canadienne d’hypothèque­s et de logement (SCHL) concluait pour Montréal que le degré de vulnérabil­ité globale demeure faible depuis près de deux ans. « Les prix des habitation­s sont restés en phase avec les facteurs économique­s et démographi­ques fondamenta­ux, comme le revenu personnel disponible et la population des jeunes adultes », écrivait l’agence fédérale. Il n’y a pas de signe de constructi­on excessive, mais en revanche, la surchauffe persiste sur le marché de la revente en raison du resserreme­nt « important » de l’écart entre l’offre et la demande.

À Québec, les données « ne soulèvent pas de préoccupat­ions quant à une surchauffe sur le marché de la revente ou à une accélérati­on de la croissance des prix. Comme les prix des habitation­s demeurent en phase avec les facteurs économique­s et démographi­ques, les signes de surévaluat­ion sont aussi toujours faibles », ajoutait la SCHL.

L’on conclut toujours que le resserreme­nt des règles hypothécai­res amène cet atterrissa­ge en douceur souhaité du marché de l’immobilier. Les analystes de la Banque Nationale le croient également. « Alors que le taux hypothécai­re contractue­l a diminué de 68 points de base depuis décembre dernier, le fait que le seuil d’admissibil­ité n’a diminué que de 15 points de base implique que la plupart des nouveaux acheteurs potentiels évincés [par ces règles] le restent. »

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