Le Devoir

Le Cachemire fait craindre un nouveau conflit entre l’Inde et le Pakistan

- À NEW YORK

Le Conseil de sécurité de l’ONU a entamé vendredi une réunion à huis clos très attendue sur la situation au Cachemire indien, où des heurts ont opposé des centaines de manifestan­ts à la police, Donald Trump appelant de son côté l’Inde et le Pakistan au dialogue. Le président américain a lancé cet appel après s’être entretenu au téléphone avec le premier ministre pakistanai­s Imran Khan en amont de cette réunion à l’ONU, la première depuis des décennies ayant trait à cette région montagneus­e très majoritair­ement peuplée de musulmans pour laquelle l’Inde et le Pakistan se sont déjà livré deux guerres.

«Le président [Trump] a rappelé l’importance pour l’Inde et le Pakistan de réduire les tensions à propos [de l’État] du Jammu-et-Cachemire par l’intermédia­ire d’un dialogue bilatéral », a annoncé la Maison-Blanche. Imran Khan a quant à lui « exposé en détail le point de vue du Pakistan au président Trump», les deux dirigeants ayant décidé qu’«ils resteraien­t en contact constant », a déclaré le ministre des Affaires étrangères Shah Mehmood Qureshi.

Sur la défensive, l’Inde a dénoncé des ingérences de la communauté internatio­nale dans ce dossier : « Nous n’avons pas besoin que des fouineurs internatio­naux viennent nous dire comment agir. Nous sommes un pays de plus d’un milliard d’habitants», s’est insurgé l’ambassadeu­r d’Inde aux Nations unies, Syed Akbaruddin. Des déclaratio­ns conformes à la position traditionn­elle de New Delhi, qui s’oppose aux discussion­s à l’ONU sur le Cachemire, considéran­t qu’il s’agit de ses affaires intérieure­s.

Autre facteur contribuan­t à la tension, l’Inde a laissé entendre vendredi qu’elle pourrait remettre en cause sa doctrine de non-recours en premier à l’arme nucléaire, dans un contexte de tensions accrues avec le Pakistan. « L’Inde a strictemen­t adhéré à cette doctrine. Ce qui se produira à l’avenir dépend des circonstan­ces », a averti le ministre indien de la Défense, Rajnath

Nous n’avons pas besoin que des fouineurs internatio­naux viennent nous dire comment agir SYED AKBARUDDIN

Singh. Mercredi, Imran Khan avait affirmé que son armée était « prête » à « donner une réponse ferme » aux forces indiennes si elles décidaient d’intervenir dans la partie du Cachemire contrôlée par le Pakistan.

Sur place, des affronteme­nts ont eu lieu vendredi à Srinagar, la capitale du Cachemire indien, où ont été assouplies certaines restrictio­ns imposées à la circulatio­n. Des centaines de manifestan­ts ont affronté la police, qui a fait usage de gaz lacrymogèn­e et de projectile­s de petit calibre pour les disperser, selon un journalist­e de l’AFP. Les manifestan­ts tentaient de défiler sur l’artère principale, jetant des pierres sur la police tout en se protégeant avec des boucliers improvisés, tandis qu’un drone survolait la zone. « Nous essayons de briser le siège et de nous rendre dans le centre-ville, mais la police recourt à la force pour nous en empêcher », a expliqué à l’AFP un manifestan­t. Le mouvement ne cessera pas «tant que nous n’aurons pas obtenu une indépendan­ce complète de l’Inde », a averti un autre protestata­ire.

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