Une trentaine de nouvelles cruelles
Un animal carbonisé au fond d’un champ, un raton-laveur dont une patte est prise dans un piège qui ne lui était pas destiné, une tortue dont on a percé la carapace (« C’est pas pire qu’un piercing», dira le père), un chat menacé, un cheval têtu battu à coups de deux par quatre.
Des instantanés choisis de la vie à la campagne, entre les effluves de John Deere et de foin frais, un univers dépourvu de sensiblerie où l’on peut encore se faire encorner ou piétiner par un taureau.
Originaire des Îles-de-la-Madeleine, Geneviève Boudreau, née en 1984, fait une première incursion en fiction avec La vie au-dehors, un recueil d’une trentaine de courtes nouvelles impressionnistes et naturalistes, souvent cruelles, où la vie d’un homme ou celle d’une bête semblent peser d’un autre poids qu’ailleurs.
Poète qui a récemment produit Comme on tue son chien et Si crue que tu pourrais y mordre (Éditions du Noroît, 2017 et 2019), elle collectionne ici des instants de malaise, comme un enfant qui répète naïvement les gestes de la violence qu’il subit ou cherche à imiter ses grands frères.
Derrière le décor bucolique, la vie palpite dans toute sa cruauté, sans beaucoup d’états d’âme. « Ici, si loin de tout, si loin du fracas du monde, des violences radicalement étrangères qui se perpétuent pardelà les frontières connues, comment croire que l’horreur puisse tracer son chemin, trouver dans le quotidien d’une vie réglée sur le rythme des bêtes le moyen de frapper, d’imposer sa détresse ? »
À la longue, la dynamique de ces nouvelles devient un peu prévisible : drame, mutilation, accident. Des histoires portées par un regard sensible, mais très détaché, qui ne parvient pas à compenser la faiblesse du récit. Un récit nourri de situations parfois trop confuses et de personnages tout juste esquissés, faibles silhouettes dont les drames intérieurs peinent à nous rejoindre.