Le Devoir

Un territoire­e taillé taillé pour l’aventure

Trois jours de canot-camping dans l’arrière-pays du Témiscamin­gue, à la découverte du tout nouveau parc national Opémican

- REPORTAGE NATHALIE SCHNEIDER COLLABORAT­RICE LE DEVOIR AU TÉMISCAMIN­GUE

On ne prévoit pas la meilleure météo, à la veille de mon départ pour une tite expédition de trois jours dans le dernier-né des parcs nationaux. Rien pour altérer mon désir de découvrir ses vastes étendues d’eau, qu’on dit extraordin­aires, ses îles où l’on peut dresser sa tente en toute quiétude et ses grands pins rouges ou blancs qui percent entre les feuillus. Qu’importe l’averse annoncée, les vêtements de pluie sont faits pour ça.

Vers le lac Kipawa

Pour atteindre le lac White (ou lac Marsac), il faut enchaîner un dédale de petits lacs jusqu’à un portage d’environ 200 mètres qui ondule sur une passerelle de bois. Canots, barils et sacs hermétique­s seront ainsi transporté­s à dos de canoteur quatre fois en tout dans la même journée. Le portage, il faut le voir du bon côté : c’est aussi l’occasion de pénétrer à l’intérieur des terres et de se dégourdir les jambes après quelques heures à répéter les manoeuvres à bord.

En ce début d’août, les insectes piqueurs ont fini par abandonner la partie au profit des estivants. Le tout premier campement, nous le dressons sur un emplacemen­t dit « sans trace » parce qu’il se fait sur un site rustique sans services et qu’il revient aux campeurs de le laisser tel quel à leur départ. Ce campement est aussi l’étape de transition entre deux territoire­s lacustres : le lac White et le tentaculai­re lac Kipawa, qui borde une partie du parc. Gigantesqu­e lac Kipawa, qui possède pas moins de 2000 kilomètres de rives et qui s’étend sur 330 km2. La pluie a cessé. Sur le ponton de bois, en face de la surface apaisée du Kipawa, notre équipage assiste, en groupe, au ballet frénétique des patineuses, tandis qu’un couple de huards laisse trer au loin son chant magnétique.

Sur l’île aux Fraises

La pluie a cessé, mais le vent s’en mêle. Dans l’étroite baie de Russel, nos canots peinent à avancer sous la force du vent qui fait rage contre nous. Nous savons qu’une fois cet entonnoir chi, notre progressio­n sera moins difficile, même s’il faut, au barreur, une bonne dose d’adresse pour orienter la frêle embarcatio­n dans des vagues de deux pieds de haut. D’autant que ques grains viennent compliquer l’affaire. À chaque détour, nous révisons notre routage en fonction de l’évolution de la météo. Vive l’aventure !

Le long de l’île McKenzie, une des plus grandes îles du lac, nous traçons la route entre le territoire du parc et celui de la zec Kipawa, tandis que se rencontren­t forêt laurentien­ne et forêt boréale. Avant de terminer notre expédition dans la baie de Dorval, précisémen­t à l’accueil de Laniel, nous fixons nos tentes sur l’île aux Fraises entre les pins et sur des promontoir­es naturels au-dessus de l’eau claire. Une question me taraude : comment se fait-il que ce paradis du canot-camping soit si peu connu au Québec ? Les canoteurs tariens, eux, ont depuis longtemps découvert ses circuits de calibre mondial. Gageons que ce tout nouveau parc en sera une belle porte d’entrée.

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NATHALIE SCHNEIDER Pour atteindre le lac White, il faut enchaîner un dédale de petits lacs jusqu’à un portage d’environ 200 mètres qui ondule sur une passerelle de bois.

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