La canoéiste Laurence Vincent-Lapointe suspendue pour dopage
La suspension de la canoéiste Laurence Vincent-Lapointe pour un contrôle antidopage positif ne peut survenir à un pire moment. À moins d’un an des Jeux olympiques de Tokyo, où le canoë féminin fera ses débuts, la Trifluvienne voulait se servir des Championnats du monde de canoë-sprint cette semaine à Szeged, en Hongrie, pour confirmer son statut de grande favorite de la discipline.
Elle a appris, le 13 août, les résultats d’un contrôle antidopage inopiné effectué à la fin du mois de juillet.
Conformément aux règlements de la Fédération internationale de canoë, elle demeurera provisoirement suspendue jusqu’à la fin de la procédure officielle.
« Je suis encore sous le choc et complètement dévastée par la situation, parce que je n’ai absolument rien fait de mal et parce que je n’ai rien à cacher. Je suis une personne intègre. La tricherie me répugne», a affirmé VincentLapointe dans un communiqué.
« Je crois en un sport propre et c’est ce que j’applique comme principe dans ma vie d’athlète. Je n’aurais jamais risqué mon nom, ma réputation, ma carrière pour améliorer mes performances et creuser l’écart avec mes adversaires. »
Vincent-Lapointe, qui rencontrera les médias mardi pour s’expliquer davantage, a remporté six titres mondiaux C1200 mètres et quatre médailles d’or C2500 mètres. Elle a également remporté l’an dernier la finale en C1-5000 mètres.
Ni la Fédération internationale ni Canoë Kayak Canada (CKC) n’a dévoilé la substance à l’origine du contrôle positif. Mais l’agence qui représente Vincent-Lapointe a confirmé lundi qu’il s’agit de traces de Ligandrol, un agent anabolisant selon l’Agence mondiale antidopage (AMA).
Cette substance ferait l’objet de récents cas de suppléments contaminés. Selon le communiqué de CKC, les informations préliminaires indiquent que ce résultat anormal « pourrait être causé par l’utilisation involontaire d’une substance interdite ».
« Dans le sport, les substances comme le Ligandrol sont reliées aux stéroïdes, c’est-à-dire que ce ne sont pas des stéroïdes anabolisants, mais ce serait des substances qui en [contiendraient], et je le dis bien au conditionnel, parce qu’il n’y a aucune étude clinique là-dessus », a expliqué Christiane Ayotte, professeure et directrice du Laboratoire de contrôle du dopage sportif à l’INRS-Institut Armand-Frappier.
« Sur la base des publications scientifiques, elles sont classées comme un agent anabolisant au même titre que la testostérone. Et par conséquent, elles se retrouvent sur la liste des produits interdits de l’AMA. »
Si Mme Ayotte n’a pas voulu se prononcer sur le cas précis de Vincent-Lapointe — «puisqu’on entre dans un processus administratif et qu’un athlète a droit à une défense pleine et entière » —, elle reconnaît qu’il pourrait s’agir d’une utilisation involontaire d’une substance interdite. « Si vous achetez sur Internet des suppléments d’une compagnie dont le propriétaire est un culturiste qui vend également du Ligandrol, importé de Chine, il existe une possibilité de contamination. Les athlètes sont toutefois très bien informés sur cette question, il y a beaucoup d’éducation et ils font attention à ce qu’ils prennent », a-t-elle conclu.
Soutien
Canoë Kayak Canada a dit pleinement
Je suis encore sous le choc et complètement dévastée par la situation, parce que je n’ai absolument rien fait » de mal LAURENCE VINCENT-LAPOINTE
soutenir l’athlète dans cette situation extrêmement difficile et malheureuse.
«Nous ferons tout en notre pouvoir pour l’aider à prouver son innocence, a déclaré Casey Wade, chef de la direction de l’organisme. Nous avons de fortes raisons de croire que Laurence a pris toutes les précautions nécessaires à l’égard des règles et des procédures liées à l’antidopage et qu’elle n’a pas intentionnellement pris de substance interdite. »
Laisser sa marque
Les Championnats du monde représentaient une étape importante pour Vincent-Lapointe dans le processus de qualification olympique.
Ce printemps, à l’entraînement au bassin olympique de l’île Notre-Dame, elle avait parlé de ses objectifs ambitieux, dont celui de se maintenir au sommet de son sport, avouant préférer le rôle de favorite à celui de négligée.
En vue des Jeux de Tokyo, les premiers pour les femmes en canoë, elle avait confié: «Je ne veux pas laisser quelqu’un d’autre gagner. »