Le Devoir

La canoéiste Laurence Vincent-Lapointe suspendue pour dopage

- MARC DELBÈS LA PRESSE CANADIENNE

La suspension de la canoéiste Laurence Vincent-Lapointe pour un contrôle antidopage positif ne peut survenir à un pire moment. À moins d’un an des Jeux olympiques de Tokyo, où le canoë féminin fera ses débuts, la Trifluvien­ne voulait se servir des Championna­ts du monde de canoë-sprint cette semaine à Szeged, en Hongrie, pour confirmer son statut de grande favorite de la discipline.

Elle a appris, le 13 août, les résultats d’un contrôle antidopage inopiné effectué à la fin du mois de juillet.

Conforméme­nt aux règlements de la Fédération internatio­nale de canoë, elle demeurera provisoire­ment suspendue jusqu’à la fin de la procédure officielle.

« Je suis encore sous le choc et complèteme­nt dévastée par la situation, parce que je n’ai absolument rien fait de mal et parce que je n’ai rien à cacher. Je suis une personne intègre. La tricherie me répugne», a affirmé VincentLap­ointe dans un communiqué.

« Je crois en un sport propre et c’est ce que j’applique comme principe dans ma vie d’athlète. Je n’aurais jamais risqué mon nom, ma réputation, ma carrière pour améliorer mes performanc­es et creuser l’écart avec mes adversaire­s. »

Vincent-Lapointe, qui rencontrer­a les médias mardi pour s’expliquer davantage, a remporté six titres mondiaux C1200 mètres et quatre médailles d’or C2500 mètres. Elle a également remporté l’an dernier la finale en C1-5000 mètres.

Ni la Fédération internatio­nale ni Canoë Kayak Canada (CKC) n’a dévoilé la substance à l’origine du contrôle positif. Mais l’agence qui représente Vincent-Lapointe a confirmé lundi qu’il s’agit de traces de Ligandrol, un agent anabolisan­t selon l’Agence mondiale antidopage (AMA).

Cette substance ferait l’objet de récents cas de supplément­s contaminés. Selon le communiqué de CKC, les informatio­ns préliminai­res indiquent que ce résultat anormal « pourrait être causé par l’utilisatio­n involontai­re d’une substance interdite ».

« Dans le sport, les substances comme le Ligandrol sont reliées aux stéroïdes, c’est-à-dire que ce ne sont pas des stéroïdes anabolisan­ts, mais ce serait des substances qui en [contiendra­ient], et je le dis bien au conditionn­el, parce qu’il n’y a aucune étude clinique là-dessus », a expliqué Christiane Ayotte, professeur­e et directrice du Laboratoir­e de contrôle du dopage sportif à l’INRS-Institut Armand-Frappier.

« Sur la base des publicatio­ns scientifiq­ues, elles sont classées comme un agent anabolisan­t au même titre que la testostéro­ne. Et par conséquent, elles se retrouvent sur la liste des produits interdits de l’AMA. »

Si Mme Ayotte n’a pas voulu se prononcer sur le cas précis de Vincent-Lapointe — «puisqu’on entre dans un processus administra­tif et qu’un athlète a droit à une défense pleine et entière » —, elle reconnaît qu’il pourrait s’agir d’une utilisatio­n involontai­re d’une substance interdite. « Si vous achetez sur Internet des supplément­s d’une compagnie dont le propriétai­re est un culturiste qui vend également du Ligandrol, importé de Chine, il existe une possibilit­é de contaminat­ion. Les athlètes sont toutefois très bien informés sur cette question, il y a beaucoup d’éducation et ils font attention à ce qu’ils prennent », a-t-elle conclu.

Soutien

Canoë Kayak Canada a dit pleinement

Je suis encore sous le choc et complèteme­nt dévastée par la situation, parce que je n’ai absolument rien fait » de mal LAURENCE VINCENT-LAPOINTE

soutenir l’athlète dans cette situation extrêmemen­t difficile et malheureus­e.

«Nous ferons tout en notre pouvoir pour l’aider à prouver son innocence, a déclaré Casey Wade, chef de la direction de l’organisme. Nous avons de fortes raisons de croire que Laurence a pris toutes les précaution­s nécessaire­s à l’égard des règles et des procédures liées à l’antidopage et qu’elle n’a pas intentionn­ellement pris de substance interdite. »

Laisser sa marque

Les Championna­ts du monde représenta­ient une étape importante pour Vincent-Lapointe dans le processus de qualificat­ion olympique.

Ce printemps, à l’entraîneme­nt au bassin olympique de l’île Notre-Dame, elle avait parlé de ses objectifs ambitieux, dont celui de se maintenir au sommet de son sport, avouant préférer le rôle de favorite à celui de négligée.

En vue des Jeux de Tokyo, les premiers pour les femmes en canoë, elle avait confié: «Je ne veux pas laisser quelqu’un d’autre gagner. »

 ??  ??
 ?? USMAN KHAN AGENCE FRANCE-PRESSE ?? Laurence Vincent-Lapointe, ici lors des Jeux panamérica­ins de 2015
USMAN KHAN AGENCE FRANCE-PRESSE Laurence Vincent-Lapointe, ici lors des Jeux panamérica­ins de 2015

Newspapers in French

Newspapers from Canada