Penser la contre monumentalité avec les Entrepreneurs du commun
L’art public à but mémoriel a la vie dure, constatait dernièrement un colloque de Culture Montréal. Le sujet est dans la mire des Entrepreneurs du commun depuis 2015, ce dont ils rendent compte ces jours-ci dans la publication Monument aux victimes de la liberté. Le collectif né pendant la controverse entourant le projet de Monument aux victimes de la liberté — lancé à Ottawa sous la gouverne de Stephen Harper avec le soutien d’un groupe privé — allie les voix de chercheurs, de commissaires et d’artistes voulant débusquer dans les monuments commémoratifs ses biais idéologiques.
Contre l’équation sommaire posée entre communisme et répression, et par extension entre capitalisme et liberté, le collectif a stimulé des réflexions sous la forme d’expositions, d’un symposium et d’une marche urbaine que l’ouvrage recense méthodiquement. Il y a, ouvrant l’imaginaire du contre-monument, les propositions artistiques, des maquettes pour un monument aux victimes de la liberté, en guise de réponse au projet officiel.
La contre-monumentalité doit aussi faire l’objet d’un regard critique, précise toutefois l’essayiste Andrew Herscher, un des collaborateurs. Érik Bordeleau rappelle quant à lui que l’enjeu premier du collectif était de s’interroger sur l’« être en commun » en cette ère néolibérale où le communisme continue d’être diabolisé. Lancement le 24 octobre au centre Clark à Montréal.
Les Entrepreneurs du commun Monuments aux victimes de la liberté
Galerie UQO et AXENÉO7, Gatineau, 2019, 256 pages