Le Devoir

Étudiants étrangers : d’abord et avant tout de la stabilité

- Gonzalo Peralta Directeur général, Langues Canada

Imaginez un instant que vous êtes un étudiant brésilien ou chinois… Depuis des années, vous économisez péniblemen­t de l’argent pour aller apprendre le français ou l’anglais dans un autre pays. Vous êtes peutêtre même prêt à reprendre votre vie à zéro pour, à moyen terme, étudier dans une université de ce pays et ensuite y devenir un citoyen intégré et productif.

Allez-vous parier tous ces efforts et ce rêve sur une destinatio­n où les directives semblent constammen­t changeante­s ou allez-vous privilégie­r un pays peut-être moins accueillan­t, mais dont les bénéfices sont plus sûrs ? Si vous êtes un travailleu­r qualifié qui cherche à émigrer, le résultat est le même : poser la question, c’est y répondre.

Les étudiants étrangers et les immigrants prisés cherchent d’abord et avant tout à améliorer leur sort. Ce qu’ils ne veulent surtout pas, c’est entrer dans une loterie aux règles changeante­s dont ils pourraient être les perdants, du jour au lendemain. Cette loterie, ils l’ont souvent connue dans leur pays d’origine.

Chaque année, plus de 150 000 étudiants internatio­naux fréquenten­t une école membre de Langues Canada. Les raisons de choisir le Canada les plus fréquemmen­t citées par ces étudiants sont la sécurité et l’ouverture. Dans notre lutte mondiale pour recruter de bons candidats, le Canada et le Québec se démarquent justement parce qu’ils sont des choix relativeme­nt certains.

La France est flamboyant­e, l’Angleterre est reconnue pour ses université­s prestigieu­ses, les ÉtatsUnis font miroiter le rêve américain… Notre marque de commerce à nous sur la scène internatio­nale ? Être accueillan­t, sécuritair­e, compétent… Un bon placement, en quelque sorte.

Les récents bouleverse­ments dans l’accueil québécois des étudiants internatio­naux et des immigrants ont fait beaucoup de vagues dans les marchés que nous courtisons tous les jours. Nous commençons à sentir que nos partenaire­s à l’étranger, qui conseillen­t les étudiants dans leur choix de pays, recommande­nt moins le Québec.

Ajoutez à cela les récits selon lesquels certains établissem­ents d’enseigneme­nt délivrent des certificat­s de compétence linguistiq­ue complaisan­ts et les nouvelles disant que certaines écoles québécoise­s escroquent des étudiants dont les visas sont refusés et vous avez réuni tous les éléments pour une tempête redoutable. Heureuseme­nt, elle n’a pas encore eu lieu, mais elle semble poindre à l’horizon.

La réalité est que l’encadremen­t québécois des écoles de langues et des étudiants étrangers doit effectivem­ent être repensé en profondeur. Par exemple, les écoles de langues n’ont pratiqueme­nt aucune exigence imposée par l’État québécois. Les écoles de maquillage, oui, les écoles de massage, oui, mais pour les écoles qui accueillen­t des milliers d’élèves étrangers, des élèves qui ont souvent traversé le globe et mis des milliers de dollars en jeu, ces écoles qui peuvent faire et défaire notre réputation internatio­nale, pour ces écoles-là, c’est le Far West ou presque.

Dans notre réflexion sur l’accueil des étudiants internatio­naux, il est primordial d’inclure l’encadremen­t des écoles de langues. Elles recrutent chaque semaine, à l’étranger, sur place et dans leur langue, des centaines d’étudiants désireux de venir chez nous et de s’intégrer.

Chaque fois que le laxisme actuel permet la délivrance de documents de complaisan­ce, notre crédibilit­é en prend un coup. Chaque fois qu’un potentiel étudiant se fait escroquer par une école d’ici avant même de quitter son pays, vous pouvez être certain qu’il dit à tous ceux qui veulent l’entendre de ne pas venir au Québec ou au Canada.

Pour recruter mieux, il faut aussi corriger ce problème qui dure depuis des années et dont la gravité est particuliè­rement criante au Québec. En intégrant ce secteur crucial, nous pourrons mettre en place des solutions stables et attirantes pour les candidats recherchés.

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