Le Devoir

La Loi sur les mines contestée en cour par des Algonquins

- ALEXANDRE SHIELDS

La communauté algonquine du lac Barrière, en Abitibi, a lancé jeudi une action en justice afin de faire invalider certains éléments majeurs de la Loi sur les mines. Elle estime que les dispositio­ns qui permettent d’acquérir librement des titres miniers, sans avoir à consulter les occupants du territoire visé, vont à l’encontre des obligation­s de consultati­on des nations autochtone­s.

« La Loi sur mines du Québec, fort imparfaite, a recours au principe du libre accès, qui permet l’enregistre­ment par défaut de titres miniers sans consultati­on avec les communauté­s autochtone­s », explique l’avocat Amir Attaran, de la Clinique de droit de l’environnem­ent Ecojustice de l’Université d’Ottawa.

Or, « un tel système contrevien­t directemen­t aux droits constituti­onnels de notre client d’être consulté et accommodé, tel qu’exigé en vertu de l’article 35 de la Loi constituti­onnelle » de 1982, ajoute-t-il.

Cet article stipule que le gouverneme­nt a l’obligation de « consulter et d’accommoder» les peuples autochtone­s avant de prendre des décisions qui peuvent avoir des conséquenc­es sur leurs communauté­s.

« Le gouverneme­nt du Québec manque à son obligation constituti­onnelle de consulter notre communauté à propos de projets miniers sur notre territoire ancestral en se basant sur une loi dépassée. Il faut que cela change », résume le chef de la nation Mitchikani­bikok Inik, Casey Ratt.

La communauté réclame donc que la Cour invalide des dispositio­ns inscrites dans la Loi sur les mines depuis plusieurs décennies.

Les articles qui sont ciblés précisent notamment que le ministre des Ressources naturelles peut renouveler les titres miniers à répétition, que « le titulaire de claim a droit d’accès au terrain qui en fait l’objet et peut y faire tout travail d’exploratio­n », mais aussi qu’il est tenu de mener de tels travaux pour maintenir ses droits d’exploratio­n.

Plusieurs titres d’exploratio­n minière sont actifs sur le territoire de la communauté, selon ce que précise la requête déposée en Cour. Le gouverneme­nt du Québec a même racheté, en 2017, des titres qui appartenai­ent auparavant à la minière Copper One, qui ne pouvait développer de projet minier sur le territoire en raison de la contestati­on des Autochtone­s.

Cette transactio­n a coûté huit millions de dollars au gouverneme­nt.

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