Le Devoir

Une députée fédérale veut interdire les avortement­s pratiqués selon le sexe du foetus

- MARIE VASTEL

Le 43e Parlement compte son premier projet de loi antiavorte­ment. La conservatr­ice Cathay Wagantall a déposé un projet de loi d’initiative privé mercredi, afin d’interdire les avortement­s sexosélect­ifs.

Le C-233 érigerait en infraction criminelle cette pratique par un médecin si celui-ci pratiquait l’avortement en sachant qu’il « est fondé uniquement sur le sexe génétique de l’enfant ». Les médecins seraient passibles d’une peine de prison d’un maximum de 5 ans.

La Chambre des communes compte en ce moment, parmi ses 338 élus, 50 députés pro-vie — tous des conservate­urs — , qui comptent pour 40 % du caucus du parti.

La mesure est donc vouée à l’échec. Mais cela n’a pas empêché les groupes antiavorte­ment de se mobiliser pour tenter néanmoins de la faire adopter.

Le groupe We Need a Law, qui réclame l’adoption de lois fédérales sur l’interrupti­on de grossesse, a fait valoir qu’un Parlement qui défend l’égalité des genres devrait appuyer le C-233. «Puisque les Canadiens défendent l’égalité entre les sexes, nous attendons avec impatience de voir les parlementa­ires bien représente­r ces citoyens en s’assurant que le projet de loi de Mme Wagantall obtienne l’appui nécessaire pour être adopté », a fait valoir la conseillèr­e juridique du groupe, Tabitha Ewert, dans un communiqué de presse saluant le dépôt du projet de loi.

Le groupe Right Now, qui oeuvre à faire élire des députés et recruter des adjoints politiques pro-vie à Ottawa, a quant à lui lancé une pétition pour mousser l’appui public au C-233.

La ministre du Développem­ent économique, Mélanie Joly, a accusé le Parti conservate­ur de tenter une nouvelle fois de rouvrir le débat sur l’avortement par le biais d’une de ses députés d’arrière-ban.

« Encore une fois on a la preuve qu’ils veulent le faire, a-t-elle déploré. C’est important qu’au pays on respecte le droit des femmes de choisir. Imaginez s’ils formaient le gouverneme­nt, ce serait exactement leur stratégie : de rouvrir le débat. »

L’avortement de foetus féminins est un phénomène qui se pratique en Inde, en Chine et en Corée. Au début des années 2000, une étude avait démontré que la pratique avait peut-être été importée au Canada par les ressortiss­ants de ces pays.

Mme Wagantall est députée de Saskatchew­an depuis 2015 et fait partie des élus conservate­urs antiavorte­ment.

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