Le Devoir

Retour à l’école

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J’ai été étonné par les propos des pédiatres recueillis par M. Marco Fortier dans l’édition du 24 avril. On y parle d’un retour nécessaire à l’école avec comme arguments que les enfants et adolescent­s sont très peu touchés par la COVID-19, que les écoles sont un « filet de protection », qu’elles assurent la « socialisat­ion » des jeunes, qu’il s’agit « souvent » d’un « havre de paix loin d’un milieu malsain », et que les jeunes commencent à déprimer après 5 semaines de confinemen­t. Je ne doute aucunement de ces affirmatio­ns. Cela dit, les pédiatres ne mentionnen­t pas le fait que nombre de ces jeunes personnes ont des parents qui souffrent de maladies chroniques et autres problèmes de santé (obésité, diabète, troubles cardiaques, voire des cancers dont les traitement­s affectent l’immunité, etc.), et que certains vivent en compagnie de leurs grandspare­nts. Les pédiatres négligent aussi de prendre en considérat­ion les enseignant­s. Sylvain Mallette a raison de souligner que 17 % du corps enseignant a plus de 55 ans (au cégep et à l’université, ce pourcentag­e est plus grand). Certains professeur­s ont aussi des troubles de santé. On sait maintenant que la mortalité due à la COVID-19 est très faible chez les jeunes, mais il y a quelques cas d’adolescent­s qui ont dû être intubés, avec les séquelles que l’on connaît chez certains d’entre eux. Évidemment, il n’y aura pas de risque zéro tant et aussi longtemps qu’il n’y aura ni vaccin ni remède. Mais personne n’envisage de fermer les écoles indéfinime­nt ! Est-ce que 60 jours de moins en milieu scolaire vont nuire à la socialisat­ion des jeunes ? Poser la question, c’est y répondre. Par ailleurs, à lire les propos des pédiatres, on croirait que c’est la majorité des foyers au Québec qui offrent des milieux malsains aux enfants et aux adolescent­s ! Je ne possède pas les données me permettant de juger du bon moment pour rouvrir les écoles, là n’est pas le sujet de ma lettre, seulement, je m’étonne de la simplicité des arguments qu’utilisent les pédiatres consultés, alors qu’il s’agit d’une situation complexe. Martin Lefebvre

Le 24 avril 2020

Réponse de Marco Fortier :

Dans leur lettre de deux pages, les pédiatres soulignaie­nt que « les grands-parents de ces enfants demeurent extrêmemen­t vulnérable­s, tout comme le personnel plus âgé des écoles et CPE ». Les pédiatres étaient cependant d’avis que les avantages d’un déconfinem­ent graduel et ordonné surpassent les risques pour la santé publique, et que le réseau de la santé est prêt à soigner les gens infectés. Les données sur la crise évoluent de jour en jour. L’exemple des pays européens peut aussi inspirer les décideurs québécois. Il sera intéressan­t de suivre les positions de la Direction de la santé publique à ce sujet.

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