Le Devoir

Un plan de déconfinem­ent pour les cégeps s’impose

- Richard Filion Directeur général, Collège Dawson

Le ministère de l’Éducation et de l’Enseigneme­nt supérieur vient de faire connaître le plan de déconfinem­ent qui devra s’appliquer pour les écoles. Ce plan sera progressif, permettant un retour graduel des élèves dans les classes, d’abord pour certaines régions du Québec, puis pour la région métropolit­aine. Ce plan établit par surcroît qu’un nombre limité d’élèves pourront accéder aux établissem­ents scolaires, et les autres, ceux qui resteront à la maison, auront accès à une offre de formation à distance plus soutenue.

Ce plan concernera dans un premier temps le primaire ; le retour en classe des élèves du secondaire ne se fera qu’à partir du mois de septembre. Certes, on ne peut que convenir de la nécessité d’une reprise graduelle des activités d’enseigneme­nt dans les écoles du Québec. Le hic, dans l’état actuel des choses, c’est plutôt l’absence de considérat­ion envers l’éducation supérieure, notamment les cégeps, qui laisse perplexe.

Lors de l’interrupti­on des activités d’enseigneme­nt, en mars dernier, les cégeps, au même titre que les université­s, ont été interpellé­s afin qu’ils s’assurent que l’enseigneme­nt pourrait se poursuivre en favorisant la mise en place de moyens alternatif­s, principale­ment par le recours à la formation à distance. L’essentiel était que nous puissions sauver la session d’études en cours et préserver l’intégrité de la diplomatio­n. Depuis, le personnel enseignant de nos établissem­ents a donc travaillé d’arrache-pied, avec le précieux concours de leurs collègues nonenseign­ants, afin de redéfinir leurs cours et les adapter à des modalités de formation à distance. Au surplus, différents accommodem­ents ont été autorisés par le ministère afin de répondre aux enjeux liés à l’évaluation des apprentiss­ages. Tout cela en faisant appel au jugement profession­nel de nos professeur­s et à l’autonomie des établissem­ents.

Or, voici que ces mêmes professeur­s, en conformité avec le jugement profession­nel qu’on leur a demandé d’exercer, nous signifient que certains cours de la présente session, peu nombreux il faut le dire, ne pourront se conclure à partir de la seule formation en ligne et qu’un minimum de présence physique sur les campus sera nécessaire afin de tenir des activités pratiques d’apprentiss­age en laboratoir­es ou en ateliers, et ce, dans le but de finaliser la formation et de préserver l’intégrité du diplôme. Il y a là une première raison justifiant l’accès aux campus selon, bien entendu, des protocoles de protection strictemen­t établis.

Une deuxième raison tient au fait que, pour bon nombre d’étudiants, l’inscriptio­n à des cours offerts en session d’été constitue pour eux la seule possibilit­é de terminer leur dossier académique aux fins d’admission dans les programmes de leur choix, soit au collégial ou à l’université. Certes, une session offrant des cours d’été se déroulera en fonction de modalités semblables à celles utilisées pour terminer l’actuelle session d’hiver, soit en misant principale­ment sur la formation à distance. Cependant, comme dans le cas exposé précédemme­nt, certains cours conçus comme préalables à l’admission, notamment dans les discipline­s de chimie, de physique et de biologie, requerront une partie d’apprentiss­ages pratiques, rendant nécessaire une activité en présentiel. L’importance de cette session d’été repose aussi sur la nécessité de maintenir une offre de formation qui facilitera la transition des étudiants d’un ordre à l’autre. Sans cette possibilit­é, c’est l’admissibil­ité de milliers de personnes aspirant à des études supérieure­s qui s’en verra compromise.

Une troisième raison a à voir avec les travaux de rénovation qui, annuelleme­nt, se déroulent dans nos établissem­ents. Ces travaux sont effectués en majeure partie durant l’été, au moment où l’activité sur nos campus est réduite. Ces travaux sont nécessaire­s afin d’effectuer les aménagemen­ts consécutif­s aux révisions de certains programmes d’études. Il faut comprendre que ces processus de révision et de mise à jour de programmes introduise­nt de nouveaux objectifs de formation qui demandent des conditions d’apprentiss­ages nouvelles, lesquelles requièrent à leur tour des aménagemen­ts conséquent­s. Sans possibilit­é d’effectuer ces aménagemen­ts, il sera impossible de déployer les activités d’enseigneme­nt telles qu’ils sont prescrits par les programmes.

Bien sûr, la prudence doit guider la prise de décision, comme il est tout aussi indiqué de penser à une reprise graduelle des activités pour les écoles du Québec. Un plan de déconfinem­ent établissan­t un scénario de réouvertur­e progressif des activités pour les cégeps présentera­it toutefois l’avantage de régler certains problèmes liés à la finalisati­on de la formation et à la sanction des études tout en demeurant dans les limites du contrôlabl­e en ce qui a trait à l’achalandag­e de nos établissem­ents et au respect des mesures de protection. Un tel plan permettrai­t aussi de modéliser certains paramètres pour préparer le retour en classe au mois d’août alors que s’amorcera une nouvelle année scolaire dans des conditions inédites à tous égards.

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