Votre carnet de concerts de la fin de semaine (VII)
Après le gala à domicile du Metropolitan Opera, c’est le Philharmonique de Berlin qui fait l’événement en ce 1er mai, en mettant l’orchestre sur scène. Oh, une petite partie seulement : quinze musiciens, deux fois testés pour la COVID et espacés de 1,5 m pour les cordes et de 5 m pour les vents. Le programme dûment choisi, constitué d’oeuvres de Pärt, de Ligeti, de Barber et de la version chambriste de la 4e Symphonie de Mahler, sera retransmis à la télévision dans 80 pays (c’est jour férié). L’absence de gratuité en différé sur Internet exclut l’Amérique du Nord de ce concert donné à 5 h du matin. Pas de public dans la salle pour l’instant.
Amsterdam et Londres
L’Orchestre symphonique de Montréal propose en cette fin de semaine Une vie de héros, de Strauss, dirigée par Kent Nagano en 2016. Après avoir regardé Yannick Nézet-Séguin avec le Métropolitain, on ira faire un tour du côté des archives vidéo de Philadelphie, dont l’orchestre a mis en ligne jeudi soir un concert lors duquel le chef québécois dirigeait la 1re Symphonie de Mahler. On le trouve par ailleurs dirigeant le Concerto pour violon de Brahms, avec Gil Shaham, la
7e Symphonie de Bruckner et la 5e Symphonie de Mahler.
Notez dès à présent dans vos agendas le festival Mahler du Concertgebouw d’Amsterdam, annoncé jeudi et qui se tiendra du 8 au 17 mai. Cette annonce amstellodamoise nous permet de faire le point sur la chaîne YouTube riche et efficace de l’orchestre néerlandais, notre destination prioritaire du week-end. Tout mérite un coup d’oeil selon vos intérêts de répertoire, mais nos quatre suggestions sont une lapidaire et déconcertante 5e Symphonie de Bruckner dirigée par Nikolaus Harnoncourt, les Quatre derniers Lieder de Strauss avec Anja Harteros et Bernard Haitink, une 5e Symphonie de Prokofiev millimétrée de Mariss Jansons et la déconcertante affiche permettant de voir John Eliot Gardiner diriger la
2e Symphonie de Tchaïkovski, après un superbe 2e Concerto de Beethoven avec Kristian Bezuidenhout.
Évoquer le nom de Gardiner nous fait penser que la musique baroque ou sur instruments anciens a été jusqu’ici le parent pauvre de nos sélections, alors que la section « Watch & Listen » du site Internet de l’Academy of Ancient Music de Londres diffuse les dimanches depuis le 22 mars des concerts intégraux qui demeurent ensuite en ligne. On peut faire l’impasse sur une représentation concertante des Noces de
Figaro, mais le reste est vraiment recommandable : un concert Bach avec Viktoria Mullova, le Messie avec les choeurs de la Fondation Voces8, un concert Beethoven/Witt capté à Nuremberg, un programme autour de la trompette baroque et un autre autour des héroïnes de Händel. Excellente qualité visuelle (1080p) et bon son.
Opéras jamais vus
Jeudi soir, le Metropolitan Opera a retransmis Marnie, de Nico Muhly. Vous avez jusqu’à 18 h 30 ce vendredi pour le voir, si vous l’aviez manqué au cinéma.
Avec quatre chanteurs, deux acteurs, des musiciens et un traitement électronique en temps réel, si vous vous intéressez à la création contemporaine, vous pouvez vous plonger dans le laboratoire d’un nouveau genre concocté par Philippe Manoury : le thinkspiel, qui mêle chant et voix parlée.
Kein Licht, sur un livret d’Elfriede Jelinek, Prix Nobel de littérature, vient d’être mis en ligne par ARTE. C’est un pamphlet artistique post-Fukushima qui s’attaque au nucléaire et au réchauffement de la planète.
Pour une découverte plus « douce », le site Operavision permet, grâce à l’Opéra comique de Berlin, de retrouver pour la première fois depuis sa création Tempête de printemps, de Jaromir Weinberger, la dernière opérette créée à Berlin 10 jours avant l’avènement du régime nazi et jamais remontée depuis. À noter qu’à compter de ce vendredi soir, Operavision met en ligne l’Eugène Onéguine mis en scène par l’enfant terrible de la scène lyrique, directeur de l’Opéra comique de Berlin, Barrie Kosky.
Mais dans la thématique « opéras inconnus » il peut s’avérer stimulant de se plonger dans les méandres du huis clos familial de Au monde, créé en 2014 au Théâtre de la Monnaie de Bruxelles, première rencontre de Philippe Boesmans, l’un des plus grands compositeurs lyriques de notre temps, avec un ouvrage théâtral contemporain, une pièce de Joël Pommerat. Étonnant théâtre alambiqué sur la noirceur des âmes et du monde, brillant opéra, spectacle complexe, mais important et remarquablement distribué et conçu.
Notez dans vos agendas le festival Mahler du Concertgebouw d’Amsterdam, qui se tiendra du 8 au 17 mai