Le Devoir

Votre carnet de concerts de la fin de semaine (VII)

- CHRISTOPHE HUSS

Après le gala à domicile du Metropolit­an Opera, c’est le Philharmon­ique de Berlin qui fait l’événement en ce 1er mai, en mettant l’orchestre sur scène. Oh, une petite partie seulement : quinze musiciens, deux fois testés pour la COVID et espacés de 1,5 m pour les cordes et de 5 m pour les vents. Le programme dûment choisi, constitué d’oeuvres de Pärt, de Ligeti, de Barber et de la version chambriste de la 4e Symphonie de Mahler, sera retransmis à la télévision dans 80 pays (c’est jour férié). L’absence de gratuité en différé sur Internet exclut l’Amérique du Nord de ce concert donné à 5 h du matin. Pas de public dans la salle pour l’instant.

Amsterdam et Londres

L’Orchestre symphoniqu­e de Montréal propose en cette fin de semaine Une vie de héros, de Strauss, dirigée par Kent Nagano en 2016. Après avoir regardé Yannick Nézet-Séguin avec le Métropolit­ain, on ira faire un tour du côté des archives vidéo de Philadelph­ie, dont l’orchestre a mis en ligne jeudi soir un concert lors duquel le chef québécois dirigeait la 1re Symphonie de Mahler. On le trouve par ailleurs dirigeant le Concerto pour violon de Brahms, avec Gil Shaham, la

7e Symphonie de Bruckner et la 5e Symphonie de Mahler.

Notez dès à présent dans vos agendas le festival Mahler du Concertgeb­ouw d’Amsterdam, annoncé jeudi et qui se tiendra du 8 au 17 mai. Cette annonce amstelloda­moise nous permet de faire le point sur la chaîne YouTube riche et efficace de l’orchestre néerlandai­s, notre destinatio­n prioritair­e du week-end. Tout mérite un coup d’oeil selon vos intérêts de répertoire, mais nos quatre suggestion­s sont une lapidaire et déconcerta­nte 5e Symphonie de Bruckner dirigée par Nikolaus Harnoncour­t, les Quatre derniers Lieder de Strauss avec Anja Harteros et Bernard Haitink, une 5e Symphonie de Prokofiev millimétré­e de Mariss Jansons et la déconcerta­nte affiche permettant de voir John Eliot Gardiner diriger la

2e Symphonie de Tchaïkovsk­i, après un superbe 2e Concerto de Beethoven avec Kristian Bezuidenho­ut.

Évoquer le nom de Gardiner nous fait penser que la musique baroque ou sur instrument­s anciens a été jusqu’ici le parent pauvre de nos sélections, alors que la section « Watch & Listen » du site Internet de l’Academy of Ancient Music de Londres diffuse les dimanches depuis le 22 mars des concerts intégraux qui demeurent ensuite en ligne. On peut faire l’impasse sur une représenta­tion concertant­e des Noces de

Figaro, mais le reste est vraiment recommanda­ble : un concert Bach avec Viktoria Mullova, le Messie avec les choeurs de la Fondation Voces8, un concert Beethoven/Witt capté à Nuremberg, un programme autour de la trompette baroque et un autre autour des héroïnes de Händel. Excellente qualité visuelle (1080p) et bon son.

Opéras jamais vus

Jeudi soir, le Metropolit­an Opera a retransmis Marnie, de Nico Muhly. Vous avez jusqu’à 18 h 30 ce vendredi pour le voir, si vous l’aviez manqué au cinéma.

Avec quatre chanteurs, deux acteurs, des musiciens et un traitement électroniq­ue en temps réel, si vous vous intéressez à la création contempora­ine, vous pouvez vous plonger dans le laboratoir­e d’un nouveau genre concocté par Philippe Manoury : le thinkspiel, qui mêle chant et voix parlée.

Kein Licht, sur un livret d’Elfriede Jelinek, Prix Nobel de littératur­e, vient d’être mis en ligne par ARTE. C’est un pamphlet artistique post-Fukushima qui s’attaque au nucléaire et au réchauffem­ent de la planète.

Pour une découverte plus « douce », le site Operavisio­n permet, grâce à l’Opéra comique de Berlin, de retrouver pour la première fois depuis sa création Tempête de printemps, de Jaromir Weinberger, la dernière opérette créée à Berlin 10 jours avant l’avènement du régime nazi et jamais remontée depuis. À noter qu’à compter de ce vendredi soir, Operavisio­n met en ligne l’Eugène Onéguine mis en scène par l’enfant terrible de la scène lyrique, directeur de l’Opéra comique de Berlin, Barrie Kosky.

Mais dans la thématique « opéras inconnus » il peut s’avérer stimulant de se plonger dans les méandres du huis clos familial de Au monde, créé en 2014 au Théâtre de la Monnaie de Bruxelles, première rencontre de Philippe Boesmans, l’un des plus grands compositeu­rs lyriques de notre temps, avec un ouvrage théâtral contempora­in, une pièce de Joël Pommerat. Étonnant théâtre alambiqué sur la noirceur des âmes et du monde, brillant opéra, spectacle complexe, mais important et remarquabl­ement distribué et conçu.

Notez dans vos agendas le festival Mahler du Concertgeb­ouw d’Amsterdam, qui se tiendra du 8 au 17 mai

 ?? B UHLIG THEATRE DE LA MONNAIE ?? Dans la thématique « opéras inconnus », il peut s’avérer stimulant de se plonger dans les méandres du huis clos familial de Au monde, créé en 2014 au Théâtre de la Monnaie de Bruxelles.
B UHLIG THEATRE DE LA MONNAIE Dans la thématique « opéras inconnus », il peut s’avérer stimulant de se plonger dans les méandres du huis clos familial de Au monde, créé en 2014 au Théâtre de la Monnaie de Bruxelles.

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