Le Devoir

Donald Trump accuse la Chine d’oeuvrer contre sa réélection

- FABIEN DEGLISE

Après avoir accusé les démocrates de faire peur aux Américains avec une « pandémie canular », après avoir tenu responsabl­e l’Organisati­on mondiale de la santé (OMS) de la crise sanitaire américaine — et suspendu la contributi­on financière des États-Unis à l’organisati­on internatio­nale —, Donald Trump vient pour la première fois de soupçonner la Chine d’oeuvrer pour compromett­re sa réélection en novembre prochain.

Le président américain ne repousse d’ailleurs pas l’idée de représaill­es contre l’empire du Milieu dans une entrevue qu’il a accordé à l’agence de presse Reuters.

« La Chine va faire tout ce qu’elle peut pour me faire perdre dans la course électorale », a dit Donald Trump depuis le bureau ovale en affirmant que les Chinois auraient une préférence pour son opposant politique, Joe Biden, plus susceptibl­e que lui de relâcher la pression mise sur Pékin par Washington dans plusieurs dossiers commerciau­x. « Ils utilisent les relations publiques constammen­t pour faire croire qu’ils n’ont rien à se reprocher », a-t-il ajouté, parlant des hauts gradés du gouverneme­nt de Xi Jinping.

Trump et ses boucs émissaires

Alors que la pandémie de COVID-19 a fauché plus de 62 000 vies aux ÉtatsUnis et que la gestion cahoteuse et parfois surréalist­e de la crise sanitaire par le président américain est une source croissante de critiques aux États-Unis, Donald Trump cherche régulièrem­ent depuis plusieurs semaines à esquiver ses responsabi­lités en tenant la Chine responsabl­e des malheurs américains.

Sans donner de détail, il a indiqué que des mesures pourraient être prises par son gouverneme­nt pour sanctionne­r la Chine. « Il y a plusieurs choses que je peux faire, a-t-il dit. Nous allons voir ce qui va se passer. » Plus tôt cette semaine, Donald Trump a indiqué qu’il pourrait « demander réparation » au gouverneme­nt chinois pour les dommages causés par le coronaviru­s à l’économie américaine.

La Chine comme bouc émissaire : la stratégie semble avoir été minutieuse­ment préparée par les stratèges républicai­ns responsabl­es de la campagne de réélection de Donald Trump, à en croire un plan de match dévoilé par le site Politico la semaine dernière. Le document de 57 pages balise les déclaratio­ns que les candidats républicai­ns devraient faire en les incitant entre autres à associer à répétition les démocrates au gouverneme­nt chinois.

Les lignes de communicat­ion mise en lumière insistent sur trois points : La Chine est responsabl­e de la pandémie en ayant « dissimulé des informatio­ns », les démocrates sont trop « mous face à la Chine » et les républicai­ns vont « chercher à sanctionne­r » la Chine pour sa contributi­on à la pandémie.

Par ailleurs, dimanche, à six mois du scrutin présidenti­el américain, le camp républicai­n se prépare à lancer sa première offensive médiatique pour la réélection de Donald Trump avec des publicités télévisées « vantant la bonne gestion de la crise du coronaviru­s par le président américain », ont rapporté plusieurs médias spécialisé­s jeudi. La campagne nationale de plusieurs centaines de millions de dollars va être suivie par d’autres messages dénigrant la candidatur­e de Joe Biden.

Les nouvelles frasques du président américain s’inscrivent dans une semaine difficile pour l’occupant de la Maison-Blanche, dont la gestion de la crise est de plus en plus remise en cause par les Américains. Au début de la semaine, un sondage Ipsos/Reuters indiquait qu’à peine 43 % de la population approuvait sa manière de faire. L’indicateur est en baisse constante depuis le début de la pandémie.

Des appuis qui s’effritent

La mesure de l’opinion s’est jouée au lendemain de ses déclaratio­ns étonnantes sur la possibilit­é d’injecter des produits désinfecta­nts aux personnes malades pour combattre la progressio­n de la maladie.

Une étude conjointe de chercheurs des université­s Harvard, Northeaste­rn et Rutgers, dévoilée jeudi, a mis en évidence que, dans les 50 États américains, les électeurs avaient désormais plus confiance dans leur gouverneur que dans le président américain pour mener à bien la riposte à la pandémie.

Depuis le début de la semaine, plusieurs sondages confirment également que Joe Biden est en avance dans l’étrange campagne électorale en cours aux États-Unis face à Donald Trump, et ce, dans plusieurs États clefs, comme le Michigan, le Wisconsin et la Pennsylvan­ie. Ces trois États ont été remportés par Donald Trump en 2016 avec de très minces majorités. Il mène aussi de huit points dans le New Hampshire.

« Je ne crois pas aux sondages », a dit Trump depuis le bureau ovale mercredi soir. « Je crois que les gens de ce pays sont intelligen­ts. Et je ne pense pas qu’ils vont choisir un homme incompéten­t. »

La tension semble être élevée à la Maison-Blanche où vendredi Donald Trump se serait emporté contre son responsabl­e de campagne, Brad Parscale, alors qu’il lui dévoilait le contenu de sondages internes confirmant le recul du président face au candidat démocrate. C’est ce qu’ont rapporté plusieurs sources à l’Associated Press. « Je ne vais pas "fucking" » perdre devant Biden », aurait-il beuglé à plusieurs reprises à Parscale qu’il tient responsabl­e, tout comme les Chinois, de son déclin dans l’opinion américaine.

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MANDEL NGAN AGENCE FRANCE-PRESSE Le camp républicai­n se prépare à lancer sa première offensive médiatique pour la réélection de Donald Trump avec des publicités télévisées « vantant la bonne gestion de la crise du coronaviru­s par le président américain », ont rapporté des médias spécialisé­s jeudi.

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