Donald Trump accuse la Chine d’oeuvrer contre sa réélection
Après avoir accusé les démocrates de faire peur aux Américains avec une « pandémie canular », après avoir tenu responsable l’Organisation mondiale de la santé (OMS) de la crise sanitaire américaine — et suspendu la contribution financière des États-Unis à l’organisation internationale —, Donald Trump vient pour la première fois de soupçonner la Chine d’oeuvrer pour compromettre sa réélection en novembre prochain.
Le président américain ne repousse d’ailleurs pas l’idée de représailles contre l’empire du Milieu dans une entrevue qu’il a accordé à l’agence de presse Reuters.
« La Chine va faire tout ce qu’elle peut pour me faire perdre dans la course électorale », a dit Donald Trump depuis le bureau ovale en affirmant que les Chinois auraient une préférence pour son opposant politique, Joe Biden, plus susceptible que lui de relâcher la pression mise sur Pékin par Washington dans plusieurs dossiers commerciaux. « Ils utilisent les relations publiques constamment pour faire croire qu’ils n’ont rien à se reprocher », a-t-il ajouté, parlant des hauts gradés du gouvernement de Xi Jinping.
Trump et ses boucs émissaires
Alors que la pandémie de COVID-19 a fauché plus de 62 000 vies aux ÉtatsUnis et que la gestion cahoteuse et parfois surréaliste de la crise sanitaire par le président américain est une source croissante de critiques aux États-Unis, Donald Trump cherche régulièrement depuis plusieurs semaines à esquiver ses responsabilités en tenant la Chine responsable des malheurs américains.
Sans donner de détail, il a indiqué que des mesures pourraient être prises par son gouvernement pour sanctionner la Chine. « Il y a plusieurs choses que je peux faire, a-t-il dit. Nous allons voir ce qui va se passer. » Plus tôt cette semaine, Donald Trump a indiqué qu’il pourrait « demander réparation » au gouvernement chinois pour les dommages causés par le coronavirus à l’économie américaine.
La Chine comme bouc émissaire : la stratégie semble avoir été minutieusement préparée par les stratèges républicains responsables de la campagne de réélection de Donald Trump, à en croire un plan de match dévoilé par le site Politico la semaine dernière. Le document de 57 pages balise les déclarations que les candidats républicains devraient faire en les incitant entre autres à associer à répétition les démocrates au gouvernement chinois.
Les lignes de communication mise en lumière insistent sur trois points : La Chine est responsable de la pandémie en ayant « dissimulé des informations », les démocrates sont trop « mous face à la Chine » et les républicains vont « chercher à sanctionner » la Chine pour sa contribution à la pandémie.
Par ailleurs, dimanche, à six mois du scrutin présidentiel américain, le camp républicain se prépare à lancer sa première offensive médiatique pour la réélection de Donald Trump avec des publicités télévisées « vantant la bonne gestion de la crise du coronavirus par le président américain », ont rapporté plusieurs médias spécialisés jeudi. La campagne nationale de plusieurs centaines de millions de dollars va être suivie par d’autres messages dénigrant la candidature de Joe Biden.
Les nouvelles frasques du président américain s’inscrivent dans une semaine difficile pour l’occupant de la Maison-Blanche, dont la gestion de la crise est de plus en plus remise en cause par les Américains. Au début de la semaine, un sondage Ipsos/Reuters indiquait qu’à peine 43 % de la population approuvait sa manière de faire. L’indicateur est en baisse constante depuis le début de la pandémie.
Des appuis qui s’effritent
La mesure de l’opinion s’est jouée au lendemain de ses déclarations étonnantes sur la possibilité d’injecter des produits désinfectants aux personnes malades pour combattre la progression de la maladie.
Une étude conjointe de chercheurs des universités Harvard, Northeastern et Rutgers, dévoilée jeudi, a mis en évidence que, dans les 50 États américains, les électeurs avaient désormais plus confiance dans leur gouverneur que dans le président américain pour mener à bien la riposte à la pandémie.
Depuis le début de la semaine, plusieurs sondages confirment également que Joe Biden est en avance dans l’étrange campagne électorale en cours aux États-Unis face à Donald Trump, et ce, dans plusieurs États clefs, comme le Michigan, le Wisconsin et la Pennsylvanie. Ces trois États ont été remportés par Donald Trump en 2016 avec de très minces majorités. Il mène aussi de huit points dans le New Hampshire.
« Je ne crois pas aux sondages », a dit Trump depuis le bureau ovale mercredi soir. « Je crois que les gens de ce pays sont intelligents. Et je ne pense pas qu’ils vont choisir un homme incompétent. »
La tension semble être élevée à la Maison-Blanche où vendredi Donald Trump se serait emporté contre son responsable de campagne, Brad Parscale, alors qu’il lui dévoilait le contenu de sondages internes confirmant le recul du président face au candidat démocrate. C’est ce qu’ont rapporté plusieurs sources à l’Associated Press. « Je ne vais pas "fucking" » perdre devant Biden », aurait-il beuglé à plusieurs reprises à Parscale qu’il tient responsable, tout comme les Chinois, de son déclin dans l’opinion américaine.