Le Devoir

Joe Biden lance la sélection de sa colistière

Le candidat démocrate à la présidence demeure silencieux par rapport à une accusation d’agression sexuelle

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Il est l’incarnatio­n de l’espoir, de l’optimisme et de l’authentici­té pour ce pays. Une personne qui a de grandes valeurs. NANCY PELOSI

Le candidat démocrate à la MaisonBlan­che, Joe Biden, a dévoilé jeudi les personnali­tés qui l’aideront à choisir sa colistière, pour devenir, en cas de victoire, la première vice-présidente des États-Unis, tandis que la pression s’accentue pour qu’il réponde à une accusation d’agression sexuelle.

Ancien vice-président de Barack Obama, Joe Biden avait annoncé le 15 mars qu’il choisirait une femme pour être sa colistière dans la présidenti­elle américaine, qui l’opposera au républicai­n Donald Trump le 3 novembre.

Le candidat avait expliqué mercredi que le processus complexe de sélection, qui doit inclure l’examen minutieux du passé et du parcours de chaque candidate, pourrait durer jusqu’en juillet.

Le comité de sélection de sa colistière est dirigé par quatre personnali­tés : le maire de Los Angeles, Eric Garcetti, un ancien sénateur, Christophe­r J. Dodd, une élue de la Chambre des représenta­nts, Lisa Blunt, et une ancienne conseillèr­e de Joe Biden à la vice-présidence ainsi qu’au Sénat, Cynthia C. Hogan.

Parmi les grands noms qui circulent : les sénatrices Kamala Harris et Amy Klobuchar, Stacey Abrams, qui avait tenté en 2018 de devenir la première femme gouverneur­e noire des États-Unis, et la gouverneur­e du Michigan, Gretchen Whitmer.

Toutes ont de 46 à 59 ans, un point important puisque Joe Biden, 77 ans, serait le plus vieux président à entrer à la Maison-Blanche.

Accusation d’agression

Elles ont pour l’instant évité d’appeler Joe Biden à s’expliquer sur les graves accusation­s d’une femme, Tara Reade, qui affirme qu’il l’a agressée sexuelleme­nt en 1993, lorsqu’il était sénateur.

M. Biden a fermement démenti ces propos à la mi-avril, à travers sa porteparol­e, mais garde depuis le silence sur le sujet. Avec la publicatio­n récente de nouveaux éléments, la pression monte pour qu’il s’explique.

« Je connais Joe Biden et je pense qu’il dit la vérité et que cela n’est pas arrivé », a déclaré Stacey Abrams sur CNN mardi.

Interrogée jeudi à ce sujet, la présidente démocrate de la Chambre des représenta­nts, Nancy Pelosi, qui lui a déclaré son soutien cette semaine, a affirmé son « respect total » pour le mouvement #MeToo, mais a ajouté qu’« il y a aussi la présomptio­n d’innocence ».

Joe Biden « est une personne très intègre, qui se préoccupe beaucoup des Américains. Il est l’auteur de la loi contre les violences faites aux femmes » adoptée en 1994, a-t-elle déclaré. « Il est l’incarnatio­n de l’espoir, de l’optimisme et de l’authentici­té pour ce pays. Une personne qui a de grandes valeurs. »

Joe Biden a encore évité d’aborder de front le sujet mercredi soir, mais a rappelé son engagement dans la lutte contre les violences faites aux femmes et les agressions sexuelles.

Certains accusent Nancy Pelosi ainsi que les colistière­s potentiell­es de Joe Biden d’hypocrisie, puisqu’elles avaient déclaré croire l’accusatric­e du juge conservate­ur Brett Kavanaugh, qui avait affirmé, en plein processus de confirmati­on pour un siège à la Cour suprême, qu’il l’avait agressée sexuelleme­nt dans les années 1980. Nancy Pelosi l’avait fait après la longue audition, sous serment, de Christine Blasey Ford au Congrès en 2018.

Tara Reade affirme s’être retrouvée seule avec Joe Biden dans les couloirs du Congrès en 1993. Sans véritable « échange de mots », a-t-elle raconté pour la première fois dans un balado diffusé le 25 mars, « il m’a mise contre le mur », m’a embrassée et « m’a pénétrée avec ses doigts ».

Le 9 avril, elle a présenté un rapport à la police de Washington dans lequel elle affirme avoir été « victime d’une agression sexuelle » en 1993, mais sans citer le nom de Joe Biden.

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