Le Devoir

Les États-Unis accusent la Chine de mentir sur l’origine du virus

Mike Pompeo dit détenir des « preuves immenses » selon lesquelles le virus proviendra­it d’un laboratoir­e de Wuhan

- SÉBASTIEN DUVAL À WASHINGTON AGENCE FRANCE-PRESSE

Après avoir déjà menacé cette semaine la Chine de taxes punitives, les ÉtatsUnis ont encore durci le ton dimanche en affirmant disposer d’un « nombre significat­if de preuves » que le nouveau coronaviru­s provient d’un laboratoir­e de la ville de Wuhan, berceau de la pandémie.

Le chef de la diplomatie américaine, Mike Pompeo, n’a pas pris de gants pour faire monter d’un cran supplément­aire l’escalade verbale à l’encontre de Pékin.

« Il existe des preuves immenses que c’est de là que c’est parti », a déclaré le secrétaire d’État sur la chaîne ABC, à propos de l’Institut de virologie de Wuhan.

« Ce n’est pas la première fois » que la Chine met ainsi « le monde en danger » à cause de « laboratoir­es ne respectant pas les normes », a-t-il souligné, sans vouloir dire s’il pensait que le nouveau coronaviru­s avait été libéré intentionn­ellement par Pékin.

Mike Pompeo s’était montré plus prudent jeudi en admettant ne pas savoir si le virus provenait du laboratoir­e de Wuhan, d’un marché en plein air de la ville « ou même d’un autre endroit ».

Le président, Donald Trump, venait alors pour la première fois, sans s’étendre sur le sujet, de lier le virus au laboratoir­e et de menacer la Chine de « taxes douanières punitives », comme lors du conflit commercial que se sont livré pendant des mois les deux premières économies mondiales.

Preuves détruites ?

Les déclaratio­ns du milliardai­re républicai­n et de son secrétaire d’État vont au-delà de l’analyse des services de renseignem­ent américains.

Ces derniers ont annoncé jeudi être parvenus à la conclusion que le nouveau coronaviru­s n’avait pas été créé par l’homme ou modifié génétiquem­ent. Mais qu’ils ne disposaien­t pas encore d’informatio­ns suffisante­s « pour déterminer si l’épidémie a commencé par un contact avec des animaux infectés ou si elle a été le résultat d’un accident de laboratoir­e à Wuhan ».

Ancien directeur de la CIA, Mike Pompeo a encore dénoncé dimanche le manque de coopératio­n des responsabl­es chinois afin de faire la lumière

sur l’origine exacte de la pandémie. « Ils continuent d’empêcher l’accès aux Occidentau­x, aux meilleurs médecins », a-t-il dit sur ABC. « Il faut que nous puissions aller là-bas. Nous n’avons toujours pas les échantillo­ns du virus dont nous avons besoin. »

Un rapport de l’alliance « Five Eyes » entre agences de renseignem­ent anglosaxon­nes (États-Unis, Royaume-Uni, Canada, Australie, Nouvelle-Zélande), obtenu par le Daily Telegraph australien, avance que la Chine a sciemment détruit des preuves sur l’origine du nouveau coronaviru­s.

Selon le journal, le document de 15 pages indique que le gouverneme­nt chinois a fait taire ou « disparaîtr­e » les médecins s’étant exprimé sur le sujet, et refusé de partager des échantillo­ns avec la communauté scientifiq­ue internatio­nale, quand bien même cela mettait « les autres pays en danger ».

« Virus chinois »

Coordinatr­ice de la cellule de crise de la Maison-Blanche sur le coronaviru­s, la Dre Deborah Birx a aussi regretté dimanche que les autorités chinoises aient tardé à communique­r sur l’épidémie, partie en décembre de Wuhan.

« Il leur a fallu jusqu’à la mi-janvier pour même évoquer une transmissi­on de l’homme à l’homme », a déclaré sur Fox News la spécialist­e, pour qui ce manque de transparen­ce « a contribué à propager le virus à travers le monde ».

Donald Trump s’en est souvent pris à la Chine depuis le début de la pandémie, qui a considérab­lement affaibli l’économie américaine, dont la vigueur devait être l’un des principaux arguments de sa campagne de réélection.

Dès fin janvier, le président américain avait annoncé l’interdicti­on d’entrée aux États-Unis des voyageurs étrangers en provenance de Chine.

Il a aussi provoqué la colère de Pékin en revendiqua­nt haut et fort l’expression « virus chinois » pour désigner le nouveau coronaviru­s.

Mike Pompeo avait accusé à l’époque le Parti communiste chinois de semer des « rumeurs abracadabr­antes » sur le fait que l’armée américaine ait pu introduire le virus dans son pays.

Cette première guerre des mots avait conduit en mars à l’expulsion de journalist­es américains en Chine et à la réduction du nombre de Chinois autorisés à travailler pour des médias de Pékin aux États-Unis.

Donald Trump, qui accuse régulièrem­ent la Chine de mentir sur son bilan humain, a également récemment évoqué la possibilit­é de lui demander de payer des milliards de dollars de réparation­s pour les dommages causés par la pandémie.

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