Le Devoir

Au tour de l’Italie d’amorcer son déconfinem­ent |

La péninsule se joint aux autres pays européens qui ont entamé leur retour à la normale

- NICOLAS GAUDICHET À ROME HERVÉ BAR À PARIS AGENCE FRANCE-PRESSE

Avec de nouveaux assoupliss­ements prévus en début de semaine dans une quinzaine de pays, l’Europe enclenche le déconfinem­ent de ses population­s, à l’image de l’Italie, cloîtrée depuis deux mois par la pandémie et qui attend avec fébrilité la levée partielle des restrictio­ns lundi.

Encouragée­s par l’annonce de 174 décès en 24 heures dimanche, le nombre le plus faible depuis le début du confinemen­t, les autorités vont entamer un allègement attendu par tous, pour faire repartir une économie mise à genoux par la maladie.

« Je veux amener ma vieille maman à la mer, je peux ? », s’interrogea­it Pietro Garlanti, 53 ans, masque sur le visage et gants de plastique, en achetant son journal dans un kiosque du centre de Rome : « J’espère que les journaux vont nous dire ce que l’on peut faire ou non. »

Dimanche, les grandes avenues historique­s du centre de Rome étaient quasi désertes, avec quelques rares coureurs faisant le tour des pâtés de maisons ou des amateurs de gymnastiqu­e s’agitant sur les terrasses.

Soumis depuis le 9 mars à un strict confinemen­t, les Italiens ont subi de plein fouet l’épidémie de COVID-19, qui a coûté la vie à près de 29 000 personnes dans la péninsule.

« La phase II commence. Nous devons être conscients que ce sera le début d’un défi encore plus grand », a prévenu le responsabl­e de la cellule chargée de répondre à la pandémie, Domenico Arcuri.

Réouvertur­e des parcs, visites à la famille, déplacemen­ts limités et encadrés, vente à emporter pour les bars et les restaurant­s… les nouvelles règles sont attendues avec impatience par les Italiens.

Elles diffèrent néanmoins dans les vingt régions du pays, contribuan­t à une certaine confusion. La Calabre et la Vénétie ont ainsi déjà allégé les restrictio­ns, autorisant notamment la réouvertur­e des bars et des restaurant­s.

Ailleurs en Europe

La France, elle aussi très touchée (24 895 morts), prévoit d’entamer son déconfinem­ent le 11 mai, mais prudemment et à un rythme différent selon les régions. De nombreuses interrogat­ions demeurent sur la réouvertur­e des écoles.

La présidence française a clarifié dimanche la situation des voyageurs arrivant sur son sol, assurant qu’aucune quarantain­e ne serait imposée à ceux provenant de l’UE, de l’espace Schengen ou de Grande-Bretagne.

L’Espagne de son côté (plus de 25 000 morts), dont les 47 millions d’habitants étaient enfermés depuis mi-mars, a redécouver­t samedi les joies du sport et de la promenade. Le déconfinem­ent du pays doit se poursuivre par phases d’ici la fin juin. Le pays a recensé dimanche 164 décès du coronaviru­s, chiffre quotidien le plus bas depuis presque sept semaines.

La levée des restrictio­ns est déjà bien enclenchée en Allemagne, où les écoles rouvrent progressiv­ement dans certains Länder lundi ; en Autriche, où les artères commerçant­es de Vienne ont retrouvé samedi leur animation avec la réouvertur­e des magasins, ainsi que dans les pays scandinave­s.

Autre signe de normalisat­ion, le ministre allemand de l’Intérieur et des Sports s’est dit favorable dimanche à une reprise du championna­t de football. Ce qui ferait de l’Allemagne le premier grand championna­t européen à franchir ce pas.

En Europe de l’Est, les terrasses des cafés et des restaurant­s rouvriront à partir de lundi en Slovénie et en Hongrie, excepté dans la capitale, Budapest. En Pologne, des hôtels, des centres commerciau­x, des bibliothèq­ues et certains musées ouvriront également.

En Grande-Bretagne, le premier ministre, Boris Johnson, a promis un plan de déconfinem­ent la semaine prochaine. Là aussi, le chiffre des décès est en baisse (315 en 24 heures), mais les chiffres officiels marquent souvent une baisse le week-end, due aux retards dans les enregistre­ments, suivie d’une recrudesce­nce.

Évoquant sa maladie dans un entretien au quotidien The Sun, M. Johnson a déclaré : « Je ne me trouvais pas dans un état particuliè­rement brillant et je savais qu’il y avait des plans d’urgence en place. Les médecins avaient toutes sortes de préparatif­s pour ce qu’il fallait faire si les choses prenaient une mauvaise tournure. »

Qualifiant avec émotion sa guérison de « chose extraordin­aire », le premier ministre a repris le travail lundi, deux semaines après sa sortie d’hôpital et deux jours avant que sa fiancée n’accouche de leur fils, dont un des prénoms rend hommage à deux médecins ayant pris soin du dirigeant.

Évoquant le plan de déconfinem­ent à venir, le ministre d’État Michael Gove a pour sa part déclaré : « Je pense que nous allons devoir vivre avec un certain degré de contrainte­s » jusqu’à ce qu’un vaccin soit trouvé.

La pandémie a fait au moins 245 576 morts dans le monde depuis son apparition en décembre en Chine, dont plus de 85 % en Europe et aux États-Unis, selon un dernier bilan établi par l’AFP sur la base de chiffres officiels admis comme largement sous-évalués. Près de 4,6 milliards d’êtres humains sont toujours appelés à rester chez eux ou soumis à des restrictio­ns de déplacemen­t.

Aux États-Unis (plus de 67 600 décès, 1450 en 24 heures), malgré des bilans quotidiens toujours lourds, plus de 35 des 50 États ont commencé à lever ou sont sur le point de lever leurs mesures de confinemen­t, afin de relancer l’économie.

En Israël, une partie des classes de primaire a rouvert, sauf dans les secteurs dits « à risque ». « Quel plaisir de vous voir, les enfants ! », s’exclame Sigal Bar, directrice d’une école de Mevasseret Tsion, près de Jérusalem, en ouvrant les grilles de son établissem­ent.

En Algérie en revanche, de nombreux commerces, rouverts la semaine dernière, ont dû fermer à nouveau ce weekend dans plusieurs régions, dont Alger, en raison du non respect des règles d’hygiène et de la distanciat­ion sociale.

Au Brésil, le célèbre photograph­e Sebastião Salgado a lancé dimanche une pétition en ligne signée par des stars, comme Brad Pitt, Madonna ou Paul McCartney, réclamant des « mesures urgentes » des pouvoirs publics pour protéger les indigènes du coronaviru­s, auquel ils sont particuliè­rement vulnérable­s.

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ALBERTO PIZZOLI AGENCE FRANCE-PRESSE Encouragée­s par l’annonce de 174 décès en 24 heures dimanche, les autorités italiennes vont entamer un allègement attendu par tous pour faire repartir l’économie du pays, mise à genoux par la maladie.

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