Le Devoir

6. ENSEIGNEME­NT

Des stages atypiques

- Guillaume Lepage

La fermeture des écoles a bouleversé le quotidien des enseignant­s, mais aussi celui de nombreux stagiaires au Québec. À l’Université Laval, on a fait preuve d’imaginatio­n pour permettre à des étudiants au baccalauré­at en enseigneme­nt des arts de faire leur second stage, et ainsi de terminer leur session d’hiver. Pendant le mois d’avril, ils ont animé des ateliers de créations en ligne, librement inspirés de la pandémie, avec de jeunes élèves de partout de la province.

« Il y avait un peu de résistance au début, mais pour moi, il n’était pas question d’offrir une formation au rabais », lance Joëlle Tremblay, professeur­e et directrice du programme. Épaulée par la chargée de cours et coordinatr­ice des stages, Jessie-Mélissa Bossé, elle a fait appel à une ancienne étudiante, Esther Simard St-Pierre, aujourd’hui coordonnat­rice pour l’École en réseau. Grâce à leur plateforme de visioconfé­rence — qui met en relation depuis près de vingt ans des enseignant­s et des élèves des quatre coins du Québec —, l’initiative a pu voir le jour, à la vitesse grand V.

« Tout est allé très vite, nous n’avons pas eu le temps de faire de publicité », raconte en entretien Mme Tremblay. Quelque 200 jeunes, âgés de 5 à 12 ans, ont néanmoins répondu à l’appel. Ils ont ainsi exercé leur créativité sous la gouverne des futurs maîtres. Pour ces derniers, sortir ainsi du cadre scolaire leur a offert une certaine liberté, mais cela a aussi apporté son lot de défis. Les étudiants ont notamment dû composer avec le fait que ces élèves, de différents âges, n’avaient peut-être pas à la maison tout le matériel d’artiste qu’on trouve à l’école.

L’expérience s’est néanmoins soldée par un succès « extrêmemen­t formateur », permettant aux étudiantes de faire leur stage, mais aussi de recevoir par la bande « une belle leçon de solidarité sociale », souligne la professeur­e Joëlle Tremblay. Car dans bien des cas, des parents se sont aussi prêtés au jeu. « On pensait qu’ils seraient un peu en retrait, mais beaucoup se sont investis. Des familles ont exposé les oeuvres sur les armoires de cuisine », s’enthousias­me celle qui confie avoir des idées plein la tête pour renouveler l’expérience à l’avenir.

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