Le Devoir

Le retour en classe pourra s’étendre sur trois jours

- MARCO FORTIER

Le gouverneme­nt Legault autorise les commission­s scolaires à organiser le retour en classe de façon progressiv­e, en l’étalant sur trois jours, si elles jugent que c’est nécessaire.

Selon ce que Le Devoir a appris, le ministre de l’Éducation a fait parvenir une directive accordant cette flexibilit­é au réseau scolaire, lundi soir. Québec a fait cette concession devant les pressions quasi unanimes du milieu de l’éducation, qui doit gérer l’anxiété des parents et du personnel scolaire.

Les commission­s scolaires situées hors de la grande région de Montréal, qui accueiller­ont les élèves du primaire à compter de lundi prochain, pourront étaler la rentrée jusqu’au mercredi, indique la directive signée par le ministre Jean-François Roberge. « Il est important de noter cependant qu’après ces trois jours, tous les élèves inscrits devront avoir accès à l’école », précise-t-il.

La Commission scolaire des HautesRivi­ères, en Montérégie, n’avait pas attendu la décision du gouverneme­nt. Elle a annoncé au cours des derniers jours que le retour à l’école ne se ferait pas en même temps pour tous les élèves, à compter du 11 mai. Les neuf commission­s scolaires anglophone­s avaient aussi prévenu dès vendredi que le retour en classe se ferait « si et quand » elles le jugeront possible, mais le gouverneme­nt insiste pour qu’elles se conforment aux directives de l’État.

Le gouverneme­nt fournira aussi des masques de protection au personnel travaillan­t en classe spécialisé­e, en soutien direct auprès d’élèves handicapés et au personnel du préscolair­e. Québec rembourser­a aussi aux commission­s scolaires l’achat de couvre-visages réutilisab­les pour tout membre du personnel qui en fera la demande, confirme la directive du ministre.

La réouvertur­e des écoles primaires dans la grande région de Montréal doit avoir lieu une semaine plus tard que dans le reste du Québec, soit le 19 mai. Le premier ministre François Legault a précisé que la reprise pourrait être retardée en fonction de l’évolution de la pandémie.

Le retour en classe étalé sur trois jours fera sans doute pousser un soupir de soulagemen­t aux gestionnai­res et au personnel des écoles, qui font face à un défi sans précédent : organiser une réouvertur­e en pleine pandémie.

Plus d’élèves que prévu

Les associatio­ns de directions d’école seront heureuses de cette flexibilit­é, car elles s’attendent à ce qu’il y ait entre 50 % et 80 % des élèves en classe — et non 50 %, comme le souhaite le ministère de l’Éducation et de l’Enseigneme­nt supérieur (MEES).

La présence de tous ces élèves forcera les écoles à aménager des classes dans les gymnases, dans les bibliothèq­ues scolaires et même dans des écoles secondaire­s, affirment plusieurs sources dans le réseau. Les directions s’attendent aussi à devoir faire appel à des finissants en éducation et à des enseignant­s du secondaire pour pourvoir tous les postes.

« Il y aura beaucoup d’élèves qui ne seront pas dans leur local habituel avec leur enseignant d’origine », résume Hélène Bourdages, présidente de l’Associatio­n montréalai­se des directions d’établissem­ent scolaire . Ces enfants risquent d’être déstabilis­és par de tels changement­s à leur routine scolaire, estime Catherine BeauvaisSa­int-Pierre, présidente de l’Alliance des professeur­es et des professeur­s de Montréal.

Il faudra scinder les groupes en deux ou même en trois, car plusieurs locaux peuvent accueillir une dizaine d’élèves — et même moins, dans certains cas —, et non une quinzaine, comme le stipule le MEES. Pas évident dans ces conditions de trouver des enseignant­s et des locaux pour tout le monde, surtout en pleine pénurie de personnel.

Nicolas Prévost, président de la Fédération québécoise des directions d’établissem­ent, estime qu’entre 20 % et 25 % des enseignant­s demanderon­t de travailler à la maison pour des raisons de santé. Il faudra recruter des suppléants pour remplacer ces professeur­s en classe. Les suppléants devront aussi être en classe pendant la formation sur l’enseigneme­nt à distance que tous les enseignant­s devront suivre dans les prochaines semaines.

Newspapers in French

Newspapers from Canada