Le Devoir

Deux mètres au parc

- MARIEANDRÉ­E CHOUINARD

La distanciat­ion a bien meilleur goût. Voilà qui pourrait être le nouvel adage des Québécois, et ce, pour une période qu’on devine longuette. Dans les zones comme Montréal, où la densité de population est importante, le respect des deux mètres d’écart avec ses concitoyen­s est plus difficile dès lors que les déconfinés décident de mettre le bout du nez dehors. Est-il possible d’observer les règles de distanciat­ion physique dans ces espaces publics dont la fréquentat­ion sera nécessaire plus le confinemen­t s’étirera ?

À la faveur d’une fin de semaine où le printemps s’est donné des airs d’été, les Montréalai­s ont pris d’assaut les espaces verts. « Ça a fait du bien au coeur et à l’âme ! », s’est exclamée lundi la mairesse de Montréal, Valérie Plante. Oui, pardi ! Et même si les âmes sensibles ont pu sursauter en voyant des grappes de citoyens profitant ici et là d’un moment d’oisiveté dans la folie de la pandémie, l’expérience a démontré qu’il est tout à fait possible de respecter les règlements tout en étant libres d’un certain mouvement.

Le premier ministre François Legault a pris soin de noter les inquiétude­s exprimées par certains à la vue d’images circulant ce week-end laissant croire à des rassemblem­ents non respectueu­x des règles dans certains parcs de la métropole. Rappelons toutefois que, sur une superficie de 340 000 mètres carrés, comme ceux que compte par exemple le célèbre parc La Fontaine, le respect de la règle officielle permet un généreux nombre de petits groupuscul­es prenant un bol d’air. Oui, les deux mètres au parc, c’est possible. Il s’agira bientôt pour de nombreux citoyens éprouvés par le confinemen­t d’une question de santé mentale.

L’occasion est belle toutefois de songer à penser autrement Montréal, qui dévoilera sous peu un plan « estival » devant tenir compte à la fois des directives de la Santé publique, mais aussi des nouveaux modes de déplacemen­t des citoyens — la marche et le vélo risquent de gagner en popularité au gré du déconfinem­ent —, en plus de solutions qui pourraient permettre d’allier règles de distanciat­ion physique et canicule.

Les experts ont raison de noter qu’il est temps pour Montréal de déployer des trésors de créativité pour affronter la situation — n’est-ce pas un peu ce que le Québec tout entier s’évertue à faire depuis des semaines ? Utiliser des espaces devenus déserts pour les transforme­r en zones récréative­s, pourquoi pas ? Profiter de certaines rues piétonnes pour improviser des terrasses nouveau genre, comme cela fut suggéré ailleurs ? Donner la part belle aux cyclistes qui envahiront les voies de circulatio­n ? La pandémie offre un magnifique tremplin pour oser, réinventer et améliorer.

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