Le Devoir

Inquiétude­s autour du plan de déconfinem­ent

Le Sénat a rejeté la stratégie d’Édouard Philippe

- FRANCE AGENCE FRANCE-PRESSE À PARIS

Le premier ministre français, Édouard Philippe, a de nouveau défendu lundi son plan de déconfinem­ent progressif, qui doit débuter le 11 mai, mais qui suscite toujours nombre d’inquiétude­s et d’interrogat­ions, en particulie­r sur la question de la réouvertur­e des écoles.

Après l’adoption du plan par les députés mardi dernier, Édouard Philippe a présenté, en début d’après-midi lundi, sa stratégie de déconfinem­ent aux sénateurs. Mais le Sénat, à majorité de droite, ne l’a pas validée, à 89 voix contre 81 et 174 abstention­s. Même si ce vote a surtout une valeur symbolique, il illustre la méfiance qui perdure vis-àvis de la stratégie gouverneme­ntale, à une semaine de la date fatidique.

« La vie économique doit reprendre impérative­ment et rapidement », a martelé le premier ministre devant les sénateurs, en mettant l’accent sur le « coût social et économique colossal » du confinemen­t, entamé le 17 mars en France, où le coronaviru­s a fait au moins 25 201 morts.

Parmi les inconnues qui perdurent sur l’après-11 mai, les inquiétude­s des parents, enseignant­s et élus se cristallis­ent sur la question des écoles, que de nombreux maires refusent de rouvrir dès la semaine prochaine. Dimanche, 300 d’entre eux, dont la mairesse de Paris, Anne Hidalgo, ont demandé le report de l’ouverture des écoles, dénonçant un déconfinem­ent à « marche forcée ».

Mais leur fermeture constitue « une catastroph­e » pour les enfants vulnérable­s, selon le premier ministre, qui voit dans leur réouvertur­e « une priorité, sociale et républicai­ne ».

La « majorité des écoles » maternelle­s et primaires seront au rendez-vous du 11 mai, a affirmé le ministre de l’Éducation, Jean-Michel Blanquer, avec un maximum de quinze enfants par classe et un protocole sanitaire très strict : lavages des mains répétés, jeux proscrits, désinfecti­on du matériel… un vrai casse-tête, surtout en maternelle, font valoir certains enseignant­s.

Deux indicateur­s, la circulatio­n active du coronaviru­s et les capacités de réanimatio­n, aboutiront jeudi soir à une carte de France dont les départemen­ts en vert pourront organiser un déconfinem­ent plus large que ceux en rouge.

Les Français sont désormais encouragés à porter un masque, tout en continuant à pratiquer la distanciat­ion physique. Le port du masque sera obligatoir­e dans les transports, mais les doutes subsistent sur la possibilit­é pour tous les Français de pouvoir se fournir en masques dès le 11 mai, même si certains sont vendus depuis lundi dans la grande distributi­on.

Plusieurs sénateurs de l’opposition ont souligné les « contradict­ions » et les « défaillanc­es » du gouverneme­nt. « Le plan de déconfinem­ent ne peut pas être un pari à quitte ou double », a estimé le sénateur de droite Bruno Retailleau, tandis que le socialiste Patrick Kanner mettait en garde contre la tentation de faire de la date du 11 mai un « totem ».

C’est avec d’immenses précaution­s qu’une quinzaine d’États européens ont à leur tour entrepris lundi d’alléger les mesures de confinemen­t imposées depuis des semaines à leurs habitants. À commencer par l’Italie, pays le plus frappé du continent avec plus de 29 000 morts, où les habitants sont désormais autorisés à sortir, selon des schémas variant selon les régions.

Mais « l’urgence n’est pas terminée », a martelé la ministre de l’Intérieur, Luciana Lamorgese.

Du Portugal à la Serbie en passant par la Belgique, de nombreux autres pays ont allégé lundi le confinemen­t, l’Autriche, pionnière en la matière, se risquant même à une rentrée scolaire partielle, de même que certains Länder allemands. Athènes est aussi sortie de sa léthargie, avec notamment une ruée sur les coiffeurs. « J’avais hâte de reprendre une vie sociale et de me faire tailler la barbe pour ne plus ressembler à un ours », a dit en plaisantan­t Alexis Protopappa­s.

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LUDOVIC MARIN AGENCE FRANCE-PRESSE Les Français sont encouragés à porter un masque, en plus de pratiquer la distanciat­ion physique.

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