Le Devoir

Les commerces s’adaptent aux contrainte­s sanitaires

L’approvisio­nnement en désinfecta­nt, notamment, ne devrait pas être problémati­que, estime-t-on

- GUILLAUME BOURGAULT-CÔTÉ

La réouvertur­e graduelle de milliers de commerces s’accompagne d’un défi logistique particulie­r pour ceux-ci : trouver où s’approvisio­nner en désinfecta­nt, en masques et en divers équipement­s antiCOVID, qui s’ajouteront à la distanciat­ion physique. La situation n’inquiète toutefois ni Québec ni les entreprise­s, qui affirment avoir trouvé des solutions.

« La réouvertur­e des commerces, des chaînes de production et des chantiers entraînera certaineme­nt une hausse de la demande pour du matériel de protection, notamment pour du désinfecta­nt et des masques », reconnaît le ministère de l’Économie dans une réponse écrite à des questions du Devoir.

Mais on signale à Québec que, « depuis le début de la crise, plusieurs entreprise­s québécoise­s se sont mobilisées pour produire du matériel médical, et de nouvelles sources d’approvisio­nnement ont été identifiée­s à l’internatio­nal ».

Ces démarches ont permis de soulager « en bonne partie la pression sur l’approvisio­nnement de certains équipement­s de protection individuel­le [EPI] dans le réseau de la santé », soutient le ministère en citant des efforts communs avec le ministère de la Santé.

Cela dit, les canaux par lesquels le réseau de la santé s’approvisio­nne pour les EPI ne sont pas nécessaire­ment les mêmes que pour les entreprise­s — qui ne cherchent de toute façon pas les mêmes produits. Pour les commerces, il s’agira principale­ment de Plexiglas, de masques (sans que ce soit des N95) et de désinfecta­nt, dit-on.

« On travaille avec nos membres depuis au moins trois semaines sur ces questions, mentionne Stéphane Drouin, directeur général du Conseil québécois du commerce de détail. Il y a eu une certaine inquiétude au début : on savait que trouver des fournisseu­rs serait un défi. »

Par exemple, les pharmacies du Québec n’ont pas de grandes quantités à offrir à la vente. « Nous ne sommes pas prêts, pour le moment, à confirmer la disponibil­ité pour les clients de produits comme du gel hydroalcoo­lique et des masques, mais nous y travaillon­s », indique Hugues Mousseau, directeur général de l’Associatio­n des bannières et des chaînes de pharmacies du Québec, qui regroupe les acteurs importants de cette industrie. « Les équipes d’approvisio­nnement travaillen­t avec des fournisseu­rs à évaluer différents scénarios. »

La réouvertur­e graduelle de milliers de commerces s’accompagne d’un défi logistique particulie­r

Mais les commerçant­s ont trouvé d’autres solutions, note Stéphane Drouin. Et selon lui, le niveau de préparatio­n des entreprise­s est bon, même s’il est inégal. « La plupart des grands détaillant­s sont prêts, ou finalisent leur plan d’opération et d’approvisio­nnement. Pour les plus petits commerçant­s, c’est plus mitigé. Certains sont bien prêts, d’autres moins. Mais on ne pense pas que ce sera un gros enjeu à terme. »

À Québec, le gouverneme­nt indique que « la décision de Santé Canada de permettre temporaire­ment l’utilisatio­n de [l’éthanol de qualité] technique est venue soulager les fabricants de désinfecta­nt, qui faisaient face à une pénurie d’alcool pour leurs produits. Les produits désinfecta­nts sont donc disponible­s en quantité suffisante pour assurer la protection du public ».

Sinon, M. Drouin souligne que les « distribute­urs d’équipement­s de magasins se sont bien adaptés et ont ajouté ce genre de produits à leur offre ». Les échos sont semblables dans le secteur manufactur­ier, où les enjeux sont différents puisqu’on n’y accueille pas de public — mais il faut adapter les usines aux consignes.

« Je n’ai pas entendu dire qu’il y aurait des problèmes » concernant le matériel de protection, indique Véronique Proulx, p.-d.g. de Manufactur­iers et exportateu­rs du Québec, qui représente quelque 1200 entreprise­s. « Beaucoup de manufactur­iers [de secteurs essentiels] ont déjà eu à s’adapter, ont installé des stations de lavage des mains, etc. On échange entre nous pour partager les protocoles et les mesures trouvées. Les gens ont été créatifs », dit-elle.

Les entreprise­s de certains secteurs de l’économie québécoise ont pu reprendre leurs activités lundi, sauf dans la grande région de Montréal. Certains détaillant­s qui auraient pu ouvrir leurs portes — comme Simons et IKEA, notamment — ont néanmoins décidé d’attendre un peu avant d’accueillir de nouveau le public.

Un important abattoir du sud de l’Alberta a rouvert ses portes deux semaines après avoir cessé temporaire­ment ses activités en raison de la pandémie de COVID-19.

Une imposante file de voitures et d’autobus est apparue à l’entrée de l’usine Cargill à High River, au sud de Calgary, qui avait fermé ses portes le 20 avril. Le syndicat qui représente les travailleu­rs a organisé une manifestat­ion à proximité du terrain de l’abattoir et distribué des masques avec l’inscriptio­n « Safety First » (« La sécurité avant tout ») ceux qui en avaient besoin.

Il y a eu plus de 900 diagnostic­s de COVID-19 et un décès attribuabl­e au nouveau coronaviru­s parmi les 2000 travailleu­rs de l’abattoir.

Le syndicat milite pour un arrêt de travail à Cargill, puisqu’il considère que les conditions ne sont pas sécuritair­es pour les travailleu­rs.

Des audiences devant la Commission des relations de travail ont commencé en fin de semaine et se poursuivro­nt.

Solarium Optimum

La crise de la COVID-19 a amené Solarium Optimum à développer une nouvelle gamme de produits pour répondre à une préoccupat­ion de santé publique.

Depuis la fin du mois de mars, le manufactur­ier lavallois a mis au point un système modulaire fait de panneaux d’isolement sanitaires permettant d’aménager en quelques minutes des zones de protection en entreprise. « Ces panneaux s’adaptent à tous types de salles d’attente », signale le directeur des ventes, André Martin.

Vendredi dernier, les pourparler­s allaient d’ailleurs bon train avec un réseau de cliniques privées de la région du Lac-Saint-Jean pour en équiper ses salles d’attente.

Déjà, des modules d’isolement suspendus ou fixes ont trouvé preneurs dans des supermarch­és pour protéger le personnel des comptoirs de service et aux caisses.

Certains établissem­ents du Mouvement Desjardins ont aussi passé des commandes afin d’offrir une protection aux clients qui effectuent leurs transactio­ns aux guichets automatiqu­es, note au passage M. Martin.

Logistik Unicorp

Logistik Unicorp, qui se définit comme un intégrateu­r de classe en matière d’uniformes et d’équipement­s de sécurité et principal fournisseu­r de l’armée canadienne, mobilisera sa chaîne d’approvisio­nnement nationale afin de produire des millions de blouses de niveaux de protection médicale 1, 2 et 3, requises pour protéger les travailleu­rs de la santé au Canada.

« Grâce à une entente signée avec le gouverneme­nt du Canada, Logistik Unicorp fournira au cours des six prochains mois des solutions lavables et jetables entièremen­t produites au Canada. »

Ce contrat confirme la reprise des activités et le retour au travail pour 20 usines spécialisé­es dans la fabricatio­n de textiles et de vêtements à travers le Canada.

« Un secteur qui, jusqu’à maintenant, avait l’habitude de s’approvisio­nner à l’étranger. »

Recul immobilier à Vancouver

Les ventes d’habitation­s dans la région de Vancouver ont chuté de 39,4 % en avril par rapport à l’an dernier, pour atteindre un creux de près de quatre décennies, a indiqué lundi la chambre immobilièr­e de la région, l’activité ayant été plombée par un mois complet de mesures de distanciat­ion physique pour contrer l’épidémie de COVID-19.

Le total des ventes était inférieur de 62,7 % à la moyenne décennale d’avril, et son total le plus bas pour ce mois depuis 1982.

Les nouvelles inscriptio­ns de maisons à vendre ont diminué de 59,7 %, tandis que le nombre total d’inscriptio­ns actives a diminué de 34,6 % par rapport à avril 2019.

Les prix se sont toutefois maintenus pour avril, le prix de l’indice de référence composite ayant augmenté de 2,5 % par rapport à l’année précédente et de 0,2 % par rapport au mois de mars.

Le secteur manufactur­ier n’accueille pas de public, mais il faut adapter les usines aux consignes

 ?? JEFF MCINTOSH LA PRESSE CANADIENNE ?? L’usine Cargill à High River, au sud de Calgary, avait fermé ses portes le 20 avril.
JEFF MCINTOSH LA PRESSE CANADIENNE L’usine Cargill à High River, au sud de Calgary, avait fermé ses portes le 20 avril.

Newspapers in French

Newspapers from Canada