Les commerces s’adaptent aux contraintes sanitaires
L’approvisionnement en désinfectant, notamment, ne devrait pas être problématique, estime-t-on
La réouverture graduelle de milliers de commerces s’accompagne d’un défi logistique particulier pour ceux-ci : trouver où s’approvisionner en désinfectant, en masques et en divers équipements antiCOVID, qui s’ajouteront à la distanciation physique. La situation n’inquiète toutefois ni Québec ni les entreprises, qui affirment avoir trouvé des solutions.
« La réouverture des commerces, des chaînes de production et des chantiers entraînera certainement une hausse de la demande pour du matériel de protection, notamment pour du désinfectant et des masques », reconnaît le ministère de l’Économie dans une réponse écrite à des questions du Devoir.
Mais on signale à Québec que, « depuis le début de la crise, plusieurs entreprises québécoises se sont mobilisées pour produire du matériel médical, et de nouvelles sources d’approvisionnement ont été identifiées à l’international ».
Ces démarches ont permis de soulager « en bonne partie la pression sur l’approvisionnement de certains équipements de protection individuelle [EPI] dans le réseau de la santé », soutient le ministère en citant des efforts communs avec le ministère de la Santé.
Cela dit, les canaux par lesquels le réseau de la santé s’approvisionne pour les EPI ne sont pas nécessairement les mêmes que pour les entreprises — qui ne cherchent de toute façon pas les mêmes produits. Pour les commerces, il s’agira principalement de Plexiglas, de masques (sans que ce soit des N95) et de désinfectant, dit-on.
« On travaille avec nos membres depuis au moins trois semaines sur ces questions, mentionne Stéphane Drouin, directeur général du Conseil québécois du commerce de détail. Il y a eu une certaine inquiétude au début : on savait que trouver des fournisseurs serait un défi. »
Par exemple, les pharmacies du Québec n’ont pas de grandes quantités à offrir à la vente. « Nous ne sommes pas prêts, pour le moment, à confirmer la disponibilité pour les clients de produits comme du gel hydroalcoolique et des masques, mais nous y travaillons », indique Hugues Mousseau, directeur général de l’Association des bannières et des chaînes de pharmacies du Québec, qui regroupe les acteurs importants de cette industrie. « Les équipes d’approvisionnement travaillent avec des fournisseurs à évaluer différents scénarios. »
La réouverture graduelle de milliers de commerces s’accompagne d’un défi logistique particulier
Mais les commerçants ont trouvé d’autres solutions, note Stéphane Drouin. Et selon lui, le niveau de préparation des entreprises est bon, même s’il est inégal. « La plupart des grands détaillants sont prêts, ou finalisent leur plan d’opération et d’approvisionnement. Pour les plus petits commerçants, c’est plus mitigé. Certains sont bien prêts, d’autres moins. Mais on ne pense pas que ce sera un gros enjeu à terme. »
À Québec, le gouvernement indique que « la décision de Santé Canada de permettre temporairement l’utilisation de [l’éthanol de qualité] technique est venue soulager les fabricants de désinfectant, qui faisaient face à une pénurie d’alcool pour leurs produits. Les produits désinfectants sont donc disponibles en quantité suffisante pour assurer la protection du public ».
Sinon, M. Drouin souligne que les « distributeurs d’équipements de magasins se sont bien adaptés et ont ajouté ce genre de produits à leur offre ». Les échos sont semblables dans le secteur manufacturier, où les enjeux sont différents puisqu’on n’y accueille pas de public — mais il faut adapter les usines aux consignes.
« Je n’ai pas entendu dire qu’il y aurait des problèmes » concernant le matériel de protection, indique Véronique Proulx, p.-d.g. de Manufacturiers et exportateurs du Québec, qui représente quelque 1200 entreprises. « Beaucoup de manufacturiers [de secteurs essentiels] ont déjà eu à s’adapter, ont installé des stations de lavage des mains, etc. On échange entre nous pour partager les protocoles et les mesures trouvées. Les gens ont été créatifs », dit-elle.
Les entreprises de certains secteurs de l’économie québécoise ont pu reprendre leurs activités lundi, sauf dans la grande région de Montréal. Certains détaillants qui auraient pu ouvrir leurs portes — comme Simons et IKEA, notamment — ont néanmoins décidé d’attendre un peu avant d’accueillir de nouveau le public.
Un important abattoir du sud de l’Alberta a rouvert ses portes deux semaines après avoir cessé temporairement ses activités en raison de la pandémie de COVID-19.
Une imposante file de voitures et d’autobus est apparue à l’entrée de l’usine Cargill à High River, au sud de Calgary, qui avait fermé ses portes le 20 avril. Le syndicat qui représente les travailleurs a organisé une manifestation à proximité du terrain de l’abattoir et distribué des masques avec l’inscription « Safety First » (« La sécurité avant tout ») ceux qui en avaient besoin.
Il y a eu plus de 900 diagnostics de COVID-19 et un décès attribuable au nouveau coronavirus parmi les 2000 travailleurs de l’abattoir.
Le syndicat milite pour un arrêt de travail à Cargill, puisqu’il considère que les conditions ne sont pas sécuritaires pour les travailleurs.
Des audiences devant la Commission des relations de travail ont commencé en fin de semaine et se poursuivront.
Solarium Optimum
La crise de la COVID-19 a amené Solarium Optimum à développer une nouvelle gamme de produits pour répondre à une préoccupation de santé publique.
Depuis la fin du mois de mars, le manufacturier lavallois a mis au point un système modulaire fait de panneaux d’isolement sanitaires permettant d’aménager en quelques minutes des zones de protection en entreprise. « Ces panneaux s’adaptent à tous types de salles d’attente », signale le directeur des ventes, André Martin.
Vendredi dernier, les pourparlers allaient d’ailleurs bon train avec un réseau de cliniques privées de la région du Lac-Saint-Jean pour en équiper ses salles d’attente.
Déjà, des modules d’isolement suspendus ou fixes ont trouvé preneurs dans des supermarchés pour protéger le personnel des comptoirs de service et aux caisses.
Certains établissements du Mouvement Desjardins ont aussi passé des commandes afin d’offrir une protection aux clients qui effectuent leurs transactions aux guichets automatiques, note au passage M. Martin.
Logistik Unicorp
Logistik Unicorp, qui se définit comme un intégrateur de classe en matière d’uniformes et d’équipements de sécurité et principal fournisseur de l’armée canadienne, mobilisera sa chaîne d’approvisionnement nationale afin de produire des millions de blouses de niveaux de protection médicale 1, 2 et 3, requises pour protéger les travailleurs de la santé au Canada.
« Grâce à une entente signée avec le gouvernement du Canada, Logistik Unicorp fournira au cours des six prochains mois des solutions lavables et jetables entièrement produites au Canada. »
Ce contrat confirme la reprise des activités et le retour au travail pour 20 usines spécialisées dans la fabrication de textiles et de vêtements à travers le Canada.
« Un secteur qui, jusqu’à maintenant, avait l’habitude de s’approvisionner à l’étranger. »
Recul immobilier à Vancouver
Les ventes d’habitations dans la région de Vancouver ont chuté de 39,4 % en avril par rapport à l’an dernier, pour atteindre un creux de près de quatre décennies, a indiqué lundi la chambre immobilière de la région, l’activité ayant été plombée par un mois complet de mesures de distanciation physique pour contrer l’épidémie de COVID-19.
Le total des ventes était inférieur de 62,7 % à la moyenne décennale d’avril, et son total le plus bas pour ce mois depuis 1982.
Les nouvelles inscriptions de maisons à vendre ont diminué de 59,7 %, tandis que le nombre total d’inscriptions actives a diminué de 34,6 % par rapport à avril 2019.
Les prix se sont toutefois maintenus pour avril, le prix de l’indice de référence composite ayant augmenté de 2,5 % par rapport à l’année précédente et de 0,2 % par rapport au mois de mars.
Le secteur manufacturier n’accueille pas de public, mais il faut adapter les usines aux consignes