Le Devoir

Hôpitaux sous pression

Des lits sont ajoutés dans des constructi­ons temporaire­s, mais le manque de personnel soignant pose une difficulté supplément­aire

- MARIE-EVE COUSINEAU

Un patient, atteint de la COVID-19, se trouve depuis plus de 100 heures à l’urgence de l’hôpital Maisonneuv­eRosemont, à Montréal. Impossible de le transférer sur les étages. Il manque de places. Dans la métropole, la gestion des lits est serrée. Le Devoir a appris de source sûre que 818 patients infectés par le coronaviru­s occupent des lits d’hospitalis­ation à Montréal.

Le gouverneme­nt Legault le répète : les hôpitaux montréalai­s sont sous pression. « C’est très serré actuelleme­nt dans la région de Montréal, dit le Dr Hoang Duong, président de l’Associatio­n des spécialist­es en médecine interne. On a des patients COVID qui s’en remettent et qui n’ont plus besoin de soins aigus à l’hôpital. Ils pourraient rentrer dans leur CHSLD ou leur résidence, mais comme il manque de personnel [là-bas], ils ne peuvent pas. Ils restent à l’hôpital. »

Le président de l’Associatio­n des médecins d’urgence du Québec, le Dr

Bernard Mathieu, se dit préoccupé par la situation. Le taux d’occupation dans les urgences montréalai­ses augmente. Il était de 74 % mercredi. « La semaine dernière, il était de 62 %, dit l’urgentolog­ue, qui pratique à Maisonneuv­e-Rosemont. Il y a plus de patients couchés sur civière, en attente d’une hospitalis­ation. » L’un d’entre eux attend depuis plus de 100 heures. « Il n’est pas censé être là », dit le Dr Bernard Mathieu.

Avant d’être transférés dans la bonne unité, les patients admis à l’urgence de Maisonneuv­e-Rosemont doivent obtenir le résultat de leur test de dépistage à la COVID-19. Cela prend de 24 à 48 heures, indique le CIUSSS de l’Est-de-l’Île-de-Montréal. Avec les éclosions dans l’établissem­ent, les délais d’admission ont aussi augmenté. « Nous devons parfois réorganise­r nos unités ou attendre qu’un lit se libère sur la bonne unité », dit le conseiller en communicat­ion Christian Merciari.

La gestion des lits est aussi un casse-tête pour d’autres établissem­ents. Depuis hier, trois patients — provenant des hôpitaux Santa Cabrini (Montréal), Anna-Laberge (Châteaugua­y) et centre hospitalie­r de Lanaudière (Saint-Charles-Borommée, près de Joliette) — ont d’ailleurs été transférés vers le Centre hospitalie­r affilié universita­ire régional (CHAUR) à Trois-Rivières, selon le CIUSSS de la Mauricie-et-du-Centredu-Québec. Deux d’entre eux se trouvent aux soins intensifs.

« On a transféré des patients là-bas pour diminuer la pression sur l’île de Montréal », a dit la ministre de la Santé et des Services sociaux, Danielle McCann, en point de presse mercredi.

Les hôpitaux de la métropole doivent composer avec les cas de COVID-19 qui « augmentent légèrement à Montréal », a expliqué la ministre, mais aussi avec les activités hospitaliè­res qui reprennent leur cours.

Des patients de la région métropolit­iaine ont même été transférés à Trois-Rivières

« On veut augmenter le volume de chirurgie à 50 % du potentiel, a dit Danielle McCann. C’est ce qui est fait graduellem­ent aussi à Montréal. »

Pour atteindre cet objectif, il faudra libérer des lits, dit le Dr Hoang Duong. « Beaucoup d’opérations, notamment pour les cancers du poumon et du sein, nécessiten­t une hospitalis­ation après », dit-il.

Les arénas mis à contributi­on

Pour désengorge­r les établissem­ents, les CIUSSS et les CISSS construise­nt des hôpitaux mobiles. À Laval, une cinquantai­ne de patients infectés, en voie de rétablisse­ment, pourront être accueillis dans un site aménagé sur la patinoire olympique de la Place Bell. La date d’ouverture n’a pas encore été déterminée.

À l’aréna Jacques-Lemaire, dans l’arrondisse­ment Lasalle à Montréal, 11 patients atteints de la COVID-19 — provenant principale­ment de l’hôpital général du Lakeshore — sont actuelleme­nt traités dans un hôpital mobile, selon le CIUSSS de l’Ouest-de-l’Île-deMontréal.

Des « zones tampons » ont également été mises en place dans des hôtels et à l’Hôtel-Dieu de Montréal pour prendre en charge des patients ne pouvant retourner dans leur CHSLD, leur résidence privée pour aînés ou leur ressource intermédia­ire.

Selon la ministre Danielle McCann, 700 places sont disponible­s dans ces « zones tampons » à Montréal. Il manque toutefois d’employés pour y travailler. « On fait des appels à des gens qui voudraient venir contribuer, donc sur Je contribue !, parce qu’on a besoin de ce personnel-là pour voir à des personnes qui iraient dans des zones tampons, ouvrir davantage de zones tampons. »

Aux soins intensifs, la situation est sous contrôle dans la région montréalai­se. Sur une capacité d’environ 500 lits, 144 sont occupés par des patients infectés par le coronaviru­s et 112 par des malades non atteints, indique une source confidenti­elle. Cela correspond à environ 50 % de la capacité des hôpitaux de la région, ajoute cette source. Quant aux lits d’hospitalis­ation,

Le Devoir n’est pas parvenu à obtenir le nombre total de places disponible­s. Questionné à ce sujet mardi, le ministère de la Santé et des Services sociaux (MSSS) n’a pas été en mesure de four

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MARIE-FRANCE COALLIER LE DEVOIR
 ?? PHOTO VALERIAN MAZATAUD LE DEVOIR ?? À l’aréna Jacques-Lemaire, dans l’arrondisse­ment Lasalle à Montréal, 11 patients atteints de la COVID-19 sont actuelleme­nt traités dans un hôpital mobile, selon le CIUSSS de l’Ouest-de-l’Île-de-Montréaloi­r
PHOTO VALERIAN MAZATAUD LE DEVOIR À l’aréna Jacques-Lemaire, dans l’arrondisse­ment Lasalle à Montréal, 11 patients atteints de la COVID-19 sont actuelleme­nt traités dans un hôpital mobile, selon le CIUSSS de l’Ouest-de-l’Île-de-Montréaloi­r

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