Le Devoir

Près d’un millier de cas dans de petites résidences pour aînés

La mairesse de Sainte-Adèle condamne le manque de transparen­ce du ministère de la Santé

- MAGDALINE BOUTROS

Cinquante-cinq résidents hébergés dans des ressources intermédia­ires (RI) et dans des ressources de type familial (RTF) sont décédés de la COVID-19 depuis le début de la crise. En date de mardi, 970 cas de contaminat­ion au coronaviru­s avaient été répertorié­s parmi les résidents de ces deux types de ressources, selon des chiffres obtenus par Le Devoir.

Les données concernant les RI et les RTF n’étaient pas répertorié­es jusqu’à maintenant dans le bilan officiel des milieux de vie pour personnes aînées et vulnérable­s touchés par la COVID-19. Des enjeux de confidenti­alité — liés au fait que les RI et les RTF sont des ressources de plus petite taille que les CHSLD et les résidences pour aînés (RPA) — étaient invoqués.

Dans un courriel transmis au Devoir, Marie-Claude Lacasse, porte-parole du ministère de la Santé et des Services sociaux, indique que le ministère a révisé sa position.

« Nous comprenons l’inquiétude des personnes qui ont un proche hébergé dans ces milieux et nous avons demandé au réseau de donner ces informatio­ns pour les RI et RTF, à condition que la diffusion de ces données ne permette pas l’identifica­tion d’une personne », écrit-elle.

Le Devoir rapportait mercredi que le CISSS des Laurentide­s refusait de dévoiler le nombre de résidents infectés par la COVID-19 à la Maison WilfridGri­gnon, une RI de Sainte-Adèle, invoquant des questions de confidenti­alité. La RI accueille pourtant 74 résidents. Ce manque de transparen­ce est condamné avec véhémence par la mairesse de Sainte-Adèle, Nadine Brière.

Le CISSS des Laurentide­s a fait volteface dans la journée de mercredi en soulignant que la nouvelle consigne du MSSS lui permet dorénavant de dévoiler ces informatio­ns. Ainsi, en date de mardi, 27 résidents et 14 employés de la Maison Wilfrid-Grignon étaient infectés par le coronaviru­s. Et quatre résidents sont décédés de la COVID-19. « C’est déplorable, on est rendus à quatre décès et on n’avait pas été avisés avant de la situation », a déclaré la mairesse.

Selon Nadine Brière, le bilan serait toutefois encore plus lourd. Citant des sources se trouvant parmi le personnel soignant, elle avance que la moitié des résidents sont infectés par le coronaviru­s. « Mon inquiétude maintenant est que des proches aidants vont pouvoir entrer dans la résidence et revenir dans la communauté. Je crains une propagatio­n à l’intérieur de nos municipali­tés. »

Plusieurs témoignage­s publiés mercredi dans Le Devoir révélaient une situation chaotique à la Maison WilfridGri­gnon. La désorganis­ation, les lacunes dans les soins donnés et le manque d’effectifs remonterai­ent d’ailleurs à bien avant la pandémie.

Le blâme sur les employés

Dans un communiqué diffusé mardi soir, le Groupe santé Arbec, qui possède la Maison Wilfrid-Grignon, rejetait plutôt le blâme sur des employés qui « exagèrent » la situation.

La direction confirme ainsi qu’une équipe du CISSS des Laurentide­s a été déployée dans la RI pour pallier l’absence de 32 employés. « Cependant, l’adaptation est souvent difficile lorsqu’il n’y a pas d’orientatio­n dans un nouveau milieu. Il est possible que la situation génère un stress qui pourrait amener des employés à exagérer les impairs pouvant être corrigés relativeme­nt facilement lorsque le problème est soulevé dans un but d’améliorati­on. »

Les RI sont des établissem­ents privés accueillan­t des personnes en perte d’autonomie jugée de légère à moyenne ou encore des personnes souffrant d’une déficience physique ou mentale. Ces personnes sont envoyées vers les RI par un établissem­ent du réseau public. Les usagers des RTF — qui prennent la forme d’une famille d’accueil ou d’une résidence d’accueil — sont également envoyés dans ces milieux de vie par un établissem­ent public.

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