Le Devoir

Permettez-nous de vendre du vin à emporter !

- Texte collectif*

Les autres provinces canadienne­s et de nombreux États américains ont permis aux établissem­ents licenciés de vendre de l’alcool à emporter

Nous sommes des propriétai­res de bars, des petites entreprise­s de ville, de quartier. Nous sommes aussi des restaurate­urs : nos ventes de nourriture représente­nt de 20 à 50 % de nos revenus. Nous sommes des entreprene­urs passionnés, résilients et créatifs, et nous contribuon­s au dynamisme de notre industrie et de nos économies locales.

Nous sommes infiniment reconnaiss­ants du travail colossal accompli à ce jour par nos gouverneme­nts dans le cadre de la crise du COVID-19, et réalisons tout à fait la complexité de la tâche. La santé reste la priorité absolue pour tous. Plusieurs d’entre nous avons d’ailleurs fermé nos établissem­ents avant que ce soit requis. Nous avons été parmi les premiers à fermer, et serons parmi les derniers à rouvrir. Nous adhérons totalement à ces mesures, mais nous devons aussi nous préoccuper de la santé de nos entreprise­s. Persuadés d’être un maillon important de notre société, nous voulons continuer de contribuer à l’économie. Pour cela, il faut d’abord survivre.

Ce que nous demandons ne requiert aucun don, prêt ou subvention. Nous voulons simplement le droit d’exercer notre métier, de vendre du vin, même dans des conditions exceptionn­elles.

Nous n’avons plus le temps d’attendre. Nous sommes, comme tant d’autres, dans l’urgence. Nous avons d’abord été mis à l’écart de toutes les mesures d’aide parce que nous détenons, en plus de notre permis de restaurant, un permis de bar. Nous n’avons pas eu le droit de vendre de la nourriture à emporter. Ces deux points ont maintenant été corrigés, mais l’interdicti­on de vendre du vin demeure, alors que tous les restaurant­s ont ce droit.

Les autres provinces canadienne­s et de nombreux États américains ont aussi permis aux établissem­ents licenciés de vendre de l’alcool à emporter.

Les autorités gouverneme­ntales, la RACJ et la SAQ ont récemment permis à un tiers (alfred.vin) de vendre nos vins sur sa plateforme. Une initiative louable certes, et que nous saluons, mais pensons-y : un tiers peut vendre nos vins, que les clients pourront venir chercher dans nos établissem­ents respectifs, mais nous non ? Cela nous apparaît discrimina­toire.

Nous sommes conscients que beaucoup de choses devront changer au sortir de cette crise, qui a mis en lumière de nombreux dysfonctio­nnements, et pas seulement dans le domaine de la restaurati­on. Nous devrons tous nous adapter à une nouvelle réalité qui changera les règles du jeu. Mais dans l’immédiat, nous avons une seule et simple demande : autorisez-nous à vendre du vin, de la bière, du cidre, de l’alcool, avec ou sans nourriture à emporter. Nous avons été très durement touchés par la crise : dans l’impossibil­ité de nous tourner vers les ventes à emporter, nous avons dû complèteme­nt cesser nos opérations. Zéro revenu, et d’importants frais fixes à couvrir. Plusieurs de nos collègues sont au bord de la faillite. Nous voulons simplement pouvoir générer des revenus qui nous permettron­t de couvrir nos frais et nous donneront à tous un sérieux coup de pouce dans notre lutte pour survivre.

Un nouveau modèle de bars-restaurant­s s’est développé au cours des vingt dernières années, qui a énormément contribué à la réputation gastronomi­que du Québec. Malheureus­ement, les lois n’y sont pas adaptées. Il faut cesser de nous associer, les détenteurs de permis de bar, au crime organisé, et reconnaîtr­e notre juste place dans la société en tant qu’entreprene­urs dynamiques. La notoriété de plusieurs d’entre nous dépasse nos frontières et fait rayonner le Québec à l’étranger.

C’est par notre passion et notre rigueur qu’a été établie la renommée de nos établissem­ents. Ne laissez pas cette passion s’éteindre.

Nous vous remercions de l’attention que vous porterez à cette demande urgente, et espérons que vous comprendre­z la simplicité et l’efficacité de cette mesure, et surtout, à quel point elle est essentiell­e à notre survie.

*Ont signé ce texte : Simone Chevalot, Buvette à Simone, Montréal; Alain Rochard, Le Rouge-Gorge, Montréal; Véronique Rivest, Soif Bar à Vin, Gatineau; Mark Bungarten, Bar Henrietta, Montréal; Richard Holder, Majestique, Montréal; Marcos Almaguer, Le Darling, Montréal; Max Ruiz Laing, Le Loic, Montréal; Pierre Thibault, Taverne Saint-Sacrement, Montréal; Nicolas Fonseca, Vin vin vin, Montréal; Jean-François Gladu, Bar Furco, Montréal.

Newspapers in French

Newspapers from Canada