Il faut améliorer le filet social pour stimuler la reprise, croit le FMI
Un bon moyen de relancer l’économie serait de s’inspirer des leçons apprises durant la pandémie et d’investir dans le renforcement des soins de santé
La croissance économique dans la plupart des pays n’était déjà pas forte lorsque la COVID-19 est survenue, note le FMI, mais la pandémie l’a mise K.-O.
L’économie aura besoin de l’aide des gouvernements pour se remettre en branle dans les prochains mois. Un bon moyen serait de s’inspirer des leçons apprises durant la pandémie de coronavirus et investir dans le renforcement des soins de santé et du filet social, dit le FMI.
Le terrible choc sanitaire et économique infligé par la pandémie de COVID-19 et les mesures de confinement pour en freiner la progression a levé le voile « sur de grandes vulnérabilités des populations » et obligé les gouvernements à déployer des mesures extraordinaires pour répondre aux besoins de soins de santé des malades et d’aide financière des travailleurs soudainement sans emploi, observe le Fonds monétaire international (FMI) dans un nouveau chapitre de son plus récent Moniteur des finances publiques dévoilé mercredi. « Inévitablement, ces mesures d’aide ne seront pas éternelles, mais la pérennisation d’une partie d’entre elles et la mise à niveau des systèmes d’imposition et de prestations sociales pourraient doter les pays de mécanismes automatiques de stabilisation des revenus des ménages en prévision de futures épidémies ou crises » en plus d’aider « une relance économique vigoureuse qui profitera à tous […] à la fin du Grand Confinement »
Stabilisateurs automatiques
La croissance économique dans la plupart des pays n’était déjà pas forte lorsque la COVID-19 est survenue, note le FMI, mais la pandémie l’a mise K.-O. et des mesures de relance économique seront nécessaires pour la faire redémarrer.
Comme à l’habitude, l’institution recommande aux gouvernements de se doter de programmes d’investissement dans les infrastructures, mais pas seulement. Elle leur conseille aussi d’investir en priorité dans « les système de santé et dans les gens », à travers notamment le renforcement de leur aide aux personnes sans emplois et d’une fiscalité progressive.
Les investissements en santé amélioreraient la qualité de vie et la résilience financière des ménages en plus de réduire leurs vulnérabilités en cas de nouvelle épidémie, fait-on valoir. Des programmes d’assurance-emploi, d’aide sociale ou d’allocation familiale bien conçus assurent aux familles en difficulté un niveau de vie et une capacité de consommation minimum qui profitent à tous, tout en encourageant la recherche d’un emploi. Une fiscalité progressive vient jouer le même rôle de « stabilisateur automatique » de l’économie, mais en agissant, cette fois, surtout sur les plus riches et en se faisant plus lourdement sentir durant les années de vaches grasses.
De ce point de vue, le filet social canadien offre aux travailleurs sans emploi une protection moins généreuse que dans un pays d’Europe du Nord, comme le Danemark, mais meilleure qu’aux États-Unis, note le FMI. « Les mesures de secours adoptées aux ÉtatsUnis dans le contexte de la pandémie de COVID-19, par exemple, sont plus imposantes que celles qui sont mises en place en Europe, en partie parce que le filet de protection sociale américain était au départ plus faible. »
Contrairement aux économies en développement, les pays avancés n’ont généralement pas à partir de zéro pour se doter d’un filet social plus adéquat. Il leur suffit d’élargir les critères d’admissibilité des programmes de protection sociale qu’ils ont déjà et d’en augmenter l’impact des prestations sur la vie des gens.
Liste d’infrastructures
Pour stimuler la future reprise économique, les gouvernements devraient aussi dresser sans plus attendre des plans d’investissement dans des infrastructures susceptibles d’améliorer la capacité de croissance à long terme, dit le FMI.
Outre le secteur de la santé, on pense aux routes, ponts et autres nombreuses infrastructures vieillissantes dans les pays développés, mais aussi les incontournables luttes contre les bouleversements climatiques et transition vers un développement plus durable. À cet égard seulement, les besoins d’investissements supplémentaires sont estimés à 20 000 milliards dans le monde au cours des 20 prochaines années.
Malheureusement, ce genre de grands programmes d’infrastructures mettent du temps à démarrer au point d’être souvent arrivés trop tard lors des sorties de crise précédentes, rappelle le FMI. « Les gouvernements devraient donc immédiatement passer en revue leur filière d’investissements possibles, afin de l’épurer et d’avoir sous la main un portefeuille de projets prêts à mettre en oeuvre dès la fin du Grand Confinement. »
Déjà lourdement endettés avant la pandémie, certains gouvernements en émergeront avec des moyens financiers encore plus limités qui les obligeront à travailler fort pour trouver la marge de manoeuvre nécessaire à la relance de leur économie, admet le FMI.
Ils pourront toutefois compter sur des taux d’intérêt exceptionnellement bas et de futures infrastructures qui leur rapporteront, à terme, des retombées économiques qui feront plus que compenser leurs coûts de construction.