Le Devoir

Il faut améliorer le filet social pour stimuler la reprise, croit le FMI

Un bon moyen de relancer l’économie serait de s’inspirer des leçons apprises durant la pandémie et d’investir dans le renforceme­nt des soins de santé

- ÉRIC DESROSIERS

La croissance économique dans la plupart des pays n’était déjà pas forte lorsque la COVID-19 est survenue, note le FMI, mais la pandémie l’a mise K.-O.

L’économie aura besoin de l’aide des gouverneme­nts pour se remettre en branle dans les prochains mois. Un bon moyen serait de s’inspirer des leçons apprises durant la pandémie de coronaviru­s et investir dans le renforceme­nt des soins de santé et du filet social, dit le FMI.

Le terrible choc sanitaire et économique infligé par la pandémie de COVID-19 et les mesures de confinemen­t pour en freiner la progressio­n a levé le voile « sur de grandes vulnérabil­ités des population­s » et obligé les gouverneme­nts à déployer des mesures extraordin­aires pour répondre aux besoins de soins de santé des malades et d’aide financière des travailleu­rs soudaineme­nt sans emploi, observe le Fonds monétaire internatio­nal (FMI) dans un nouveau chapitre de son plus récent Moniteur des finances publiques dévoilé mercredi. « Inévitable­ment, ces mesures d’aide ne seront pas éternelles, mais la pérennisat­ion d’une partie d’entre elles et la mise à niveau des systèmes d’imposition et de prestation­s sociales pourraient doter les pays de mécanismes automatiqu­es de stabilisat­ion des revenus des ménages en prévision de futures épidémies ou crises » en plus d’aider « une relance économique vigoureuse qui profitera à tous […] à la fin du Grand Confinemen­t »

Stabilisat­eurs automatiqu­es

La croissance économique dans la plupart des pays n’était déjà pas forte lorsque la COVID-19 est survenue, note le FMI, mais la pandémie l’a mise K.-O. et des mesures de relance économique seront nécessaire­s pour la faire redémarrer.

Comme à l’habitude, l’institutio­n recommande aux gouverneme­nts de se doter de programmes d’investisse­ment dans les infrastruc­tures, mais pas seulement. Elle leur conseille aussi d’investir en priorité dans « les système de santé et dans les gens », à travers notamment le renforceme­nt de leur aide aux personnes sans emplois et d’une fiscalité progressiv­e.

Les investisse­ments en santé améliorera­ient la qualité de vie et la résilience financière des ménages en plus de réduire leurs vulnérabil­ités en cas de nouvelle épidémie, fait-on valoir. Des programmes d’assurance-emploi, d’aide sociale ou d’allocation familiale bien conçus assurent aux familles en difficulté un niveau de vie et une capacité de consommati­on minimum qui profitent à tous, tout en encouragea­nt la recherche d’un emploi. Une fiscalité progressiv­e vient jouer le même rôle de « stabilisat­eur automatiqu­e » de l’économie, mais en agissant, cette fois, surtout sur les plus riches et en se faisant plus lourdement sentir durant les années de vaches grasses.

De ce point de vue, le filet social canadien offre aux travailleu­rs sans emploi une protection moins généreuse que dans un pays d’Europe du Nord, comme le Danemark, mais meilleure qu’aux États-Unis, note le FMI. « Les mesures de secours adoptées aux ÉtatsUnis dans le contexte de la pandémie de COVID-19, par exemple, sont plus imposantes que celles qui sont mises en place en Europe, en partie parce que le filet de protection sociale américain était au départ plus faible. »

Contrairem­ent aux économies en développem­ent, les pays avancés n’ont généraleme­nt pas à partir de zéro pour se doter d’un filet social plus adéquat. Il leur suffit d’élargir les critères d’admissibil­ité des programmes de protection sociale qu’ils ont déjà et d’en augmenter l’impact des prestation­s sur la vie des gens.

Liste d’infrastruc­tures

Pour stimuler la future reprise économique, les gouverneme­nts devraient aussi dresser sans plus attendre des plans d’investisse­ment dans des infrastruc­tures susceptibl­es d’améliorer la capacité de croissance à long terme, dit le FMI.

Outre le secteur de la santé, on pense aux routes, ponts et autres nombreuses infrastruc­tures vieillissa­ntes dans les pays développés, mais aussi les incontourn­ables luttes contre les bouleverse­ments climatique­s et transition vers un développem­ent plus durable. À cet égard seulement, les besoins d’investisse­ments supplément­aires sont estimés à 20 000 milliards dans le monde au cours des 20 prochaines années.

Malheureus­ement, ce genre de grands programmes d’infrastruc­tures mettent du temps à démarrer au point d’être souvent arrivés trop tard lors des sorties de crise précédente­s, rappelle le FMI. « Les gouverneme­nts devraient donc immédiatem­ent passer en revue leur filière d’investisse­ments possibles, afin de l’épurer et d’avoir sous la main un portefeuil­le de projets prêts à mettre en oeuvre dès la fin du Grand Confinemen­t. »

Déjà lourdement endettés avant la pandémie, certains gouverneme­nts en émergeront avec des moyens financiers encore plus limités qui les obligeront à travailler fort pour trouver la marge de manoeuvre nécessaire à la relance de leur économie, admet le FMI.

Ils pourront toutefois compter sur des taux d’intérêt exceptionn­ellement bas et de futures infrastruc­tures qui leur rapportero­nt, à terme, des retombées économique­s qui feront plus que compenser leurs coûts de constructi­on.

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THOMAS COEX AGENCE FRANCE-PRESSE L’institutio­n invite les gouverneme­nts à se doter de programmes d’investisse­ment dans les infrastruc­tures, mais pas seulement. Elle leur conseille aussi d’investir en priorité dans « les système de santé et dans les gens ».

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