La Russie songe au déconfinement
Les autorités municipales de Moscou envisagent de rendre le port du masque obligatoire dans les transports en commun
La Russie est devenue mercredi le cinquième pays d’Europe le plus touché par le nouveau coronavirus, enregistrant quelque 10 000 cas supplémentaires pour le quatrième jour consécutif, à l’heure où les autorités veulent réfléchir à un déconfinement.
Selon les chiffres officiels, 10 559 nouveaux cas ont été enregistrés au cours des 24 dernières heures, pour atteindre 165 929. La Russie double l’Allemagne pour devenir le 5e pays parmi les plus touchés en Europe, et le 6e dans le monde en nombre de contaminations, selon un décompte de l’AFP.
Mais avec 1537 morts, le taux de mortalité demeure faible par rapport à l’Italie, l’Espagne, la France, la Grande-Bretagne, les États-Unis et même l’Allemagne.
Les autorités indiquent que cela est dû à une série de mesures prises tôt pour contrer l’épidémie : la fermeture des frontières, plus de quatre millions de tests de dépistage effectués, la préparation des hôpitaux à la pandémie, en particulier à Moscou, le principal foyer. Certaines voix critiques doutent néanmoins de la réalité de ces chiffres.
L’envolée du nombre de nouveaux cas, en particulier à Moscou, qui compte pour plus de la moitié des contaminations en Russie, place aussi les autorités dans une situation difficile, le pays n’ayant toujours pas atteint son pic épidémique.
L’économie souffre des mesures de confinement imposées depuis fin mars. Les PME et des millions de Russes ont ainsi perdu des revenus malgré la promesse des autorités de soutenir entreprises et salariés.
Dans ce contexte, le président Vladimir Poutine a vu sa popularité tomber de 4 points entre mars et avril et de 10 points depuis janvier, pour s’établir à 59 %, selon le baromètre mensuel de l’institut Levada.
Masques et hôpitaux
À Moscou, épicentre de la maladie avec 85 973 cas déclarés et 866 décès, des masques chirurgicaux et des gants jetables sont vendus depuis mardi dans des stations du métro.
Les autorités municipales envisagent de rendre le masque obligatoire dans les transports en commun, alors que jusqu’à trois millions de personnes disposent d’un laissez-passer leur permettant de circuler dans la mégalopole et de se rendre au travail.
Dans la région entourant la capitale, le port du masque dans les transports en commun, les magasins et les taxis deviendra obligatoire le 12 mai, a annoncé le gouverneur régional.
L’épidémie a fait au moins 260 546 morts dans le monde depuis son apparition en décembre 2019 en Chine. Plus de 3 710 240 cas ont été officiellement diagnostiqués dans 195 pays et territoires.
La Corée du Sud a renoué mercredi avec un semblant de normalité en permettant la reprise de l’activité dans les bureaux et la réouverture des musées et bibliothèques.
Au Royaume-Uni, le premier ministre, Boris Johnson, attaqué par l’opposition sur le lourd bilan du pays, a promis de dévoiler une stratégie de déconfinement qui pourrait commencer dès lundi.
Les commerces non essentiels rouvriront lundi en Belgique sous strictes conditions, et dès dimanche, chaque famille pourra accueillir sous son toit quatre personnes, à condition qu’elles soient « toujours les mêmes ».
En Espagne, où le premier ministre Pedro Sanchez a estimé qu’un déconfinement « précipité » serait une « erreur absolue, totale et impardonnable », les députés ont voté la prolongation pour deux semaines de ce régime limitant strictement les déplacements, malgré l’opposition des conservateurs et de l’extrême droite.
Fort de derniers chiffres d’infection « très satisfaisants », Berlin a décidé mercredi de lever en mai la quasi-totalité des restrictions, avec notamment la réouverture de tous les magasins et écoles ainsi que les restaurants et hôtels. Exceptions notables : la fermeture des frontières et l’interdiction des grandes manifestations sportives, festives ou culturelles avec du public.