Le Devoir

Le Cirque du Soleil de retour en… 2021 ?

- JULIEN ARSENAULT

Toujours à la recherche d’une solution pour renflouer ses coffres, le Cirque du Soleil, dont les activités sont paralysées par la pandémie, devra se montrer patient avant de recommence­r à générer des recettes grâce à ses spectacles. « On parle d’un retour réaliste en 2021 », a lancé son président et chef de la direction, Daniel Lamarre, mercredi, dans une entrevue téléphoniq­ue, au cours de laquelle il a qualifié de « très flatteur » l’intérêt manifesté par Québecor.

Pendant qu’elle étudie « toutes les options » devant elle, y compris celle où elle se placerait à l’abri de ses créanciers, la compagnie se penche sur un plan d’affaires pour préparer la reprise, qui sera présenté à ses actionnair­es au terme d’une recapitali­sation qui s’échelonner­a sur plusieurs mois. « Il est clair que nous reprendron­s nos activités […] quand les gens se sentiront en sécurité dans un théâtre ou un chapiteau et on parle de mois avant que cela se produise », a lancé M. Lamarre, en ne fermant pas la porte à une relance plus rapide en Chine, où le déconfinem­ent est plus avancé.

Pour garder la tête hors de l’eau, l’entreprise fondée par Guy Laliberté, qui traîne une dette estimée à plus de 900 millions $US, a obtenu 50 millions $US de ses trois actionnair­es, qui ont chacun contribué à cette série de financemen­t d’urgence à la hauteur de leur participat­ion. TPG Capital détient 60 % du Cirque tandis que la firme chinoise Fosun Capital Group et la Caisse de dépôt et placement du Québec (CDPQ) se partagent également les 40 % restants.

Le nouveau coronaviru­s a forcé la compagnie à licencier 4679 employés, soit 95 % de son effectif, le 19 mars dernier, en plus d’annuler ses 44 spectacles dans le monde. Du jour au lendemain, l’entreprise a perdu la quasitotal­ité de ses recettes générées grâce à la vente de billets. Cela a torpillé son plan, qui, après trois acquisitio­ns et des investisse­ments de centaines de millions de dollars à la suite de l’arrivée des nouveaux actionnair­es il y a cinq ans, misait sur 2020 pour « capitalise­r sur [le portefeuil­le] de spectacles », a expliqué M. Lamarre. « Lorsqu’on exploite 44 spectacles et que tout repose sur le présentiel, cela nous place dans une situation précaire », a souligné le vice-doyen de la recherche à la Faculté des arts de l’Université Concordia, Louis Patrick Leroux.

Pour la période de 12 mois terminée en septembre, le Cirque aurait généré des revenus d’environ 950 millions, avait calculé l’agence de notation Moody’s dans une note en mars.

M. Lamarre, qui dit n’avoir aucune indication selon laquelle les actionnair­es actuels souhaitent quitter le navire, n’a pas fermé la porte à d’éventuelle­s discussion­s avec Québecor, qui dit être prêt à injecter des « centaines de millions » afin de rapatrier le contrôle de l’actionnari­at au Québec.

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